Les enfants assistés par la Croix Rouge dans la commune de Ruyigi se sont organisés pour collecter des biens en faveur de leurs camarades incarcérés.
Ils sont au nombre de 102, composés essentiellement d’orphelins du sida, d’enfants issus des familles très démunies comme les refoulés et les rapatriés de la Tanzanie. Ils sont assistés par le projet ‘protection de l’enfance’ de la Croix Rouge du Burundi. Dimanche 25 juin, ces enfants encadrés par les volontaires de cette organisation ont sillonné les ménages de la ville de Ruyigi en collectant de l’aide pour soutenir les autres enfants incarcérés à la prison de Ruyigi.
Ils ont pu collecter deux lourdauds d’habits, 1 tonne de haricots, quelques kilos de sucre, un sac de riz et un autre de farine à pâte, quelques cartons de savons de lessive et de toilette ainsi que des cartons de vaseline. Jean Marie Ndikumana, alias Général, car représentant les enfants incarcérés dans leur cellule, a salué ce geste : « Vous avez pensé à nous alors que vous êtes aussi dans des situations difficiles. Je ne peux rien dire sinon demander une bénédiction pour vous.»
« Très surprise de trouver autant d’enfants dans la prison »
35. Et tous ont moins de 16 ans. Ces enfants se sont réjouis de cette aide car, ont-ils affirmé, la vie dans la prison est très pénible. Dans leurs cellules, ils jouent aux cartes et au jeu de dame. Ceux qui sont passés par l’école primaire s’amusent en écrivant des mots et en apprenant aux autres les lettres alphabétiques sur le tableau noir suspendu juste à l’entrée de leur cellule. Certains y sont parce que leurs mères sont sous les verrous.
D’autres pour de petits larcins comme le vol sur pied dans les champs. Mais comme les accusateurs ne reviennent plus, ils sont oubliés à l’intérieur de la prison.
Emelyne Harerimana, 12ans, était parmi les visiteurs. Elle ne savait pas que les enfants peuvent être incarcérés : « Je suis très surprise de trouver autant d’enfants dans la prison.» Pour cette jeune fille, qui demande où étudient ces enfants, il faut les libérer pour qu’ils rentrent chez eux.
Un enfant prisonnier témoigne
Le « Général » Jean Marie Ndikumana raconte son histoire. Il est né sur la colline Nkanda, zone Kayongozi, commune Bweru. Sa mère est morte juste après son accouchement. A l’âge de 4 ans, le père de Jean Marie est parti pour la Tanzanie et jusqu’aujourd’hui, le fils n’a aucune nouvelle de lui. La Maison Shalom de Maggy Barankitse l’a récupéré mais avec le programme de réintégration des enfants orphelins dans les familles de tutelle, Jean Marie a été réintégré chez sa tante paternelle sur sa colline natale à Nkanda. Cependant, le mari de sa tante le maltraitait. Il a alors décidé de retourner dans la ville de Ruyigi pour vivre dans la rue.
Fin décembre 2010, alors qu’il venait de passer 2 mois dans la rue, deux pompes aspirantes utilisées pour désinfecter les lieux ont été volées au marché de Ruyigi. «En courant derrière les voleurs, le veilleur m’a trouvé sous un arbre et m’a accusé de faire partie de ces bandits », raconte- t-il. Et le voici au poste de la police. « On m’a infligé beaucoup de gifles et coups de pieds au point que je saignais de la bouche et du nez », se souvient le petit Général.
Après 6mois passés à la prison centrale de Ruyigi, plus d’espoir : « Il est difficile de sortir d’ici puisque je ne vois personne pour m’accuser. Je suis oublié.»