Un homme a été tué et un autre grièvement blessé, lundi 10 juin 2013, par la population de la colline Ntunda en commune Bweru. Les autorités administratives et judiciaires indiquent que des mesures vont être prises pour que les coupables soient sévèrement punis.
Accusé de vol, Lambert Kajisho, originaire de la commune Bweru, a été battu à mort par la population. Son complice présumé, Mélance Mushita, de la colline Rutimbura, commune Cankuzo, est pour le moment incarcéré dans les cachots du commissariat de la province Ruyigi. Grièvement blessé, il a du mal à marcher.
D’après les informations recueillies, il était environ midi ce lundi 10 juin 2013 lorsque Lambert Kajisho, sorti la veille de la prison de Rumonge, et Mélance Mushita, ancien pensionnaire de la prison de Ruyigi élargi dans le cadre du désengorgement des prisons, rencontrent à Rusengo (commune Ruyigi) Triphose Nizigiyimana, une enseignante de l’Ecole primaire Masemba. Ils lui volent son téléphone portable et une somme de 6000 Fbu et disparaissent dans la nature. Cette enseignante le raconte à quelques personnes et toute la population afflue. C’est alors une véritable chasse à l’homme qui commence. Les deux hommes sont retrouvés dans un cabaret à Ntunda. Ils ont toujours le téléphone portable sur eux. La population commence alors à les battre jusqu’à ce que Lambert Kajisho succombe.
Des lynchages de plus en plus fréquents
Cet exemple de justice populaire n’est pas un fait isolé. Ainsi, il y a trois semaines, un homme et une femme de la colline Nyarurambi, zone Muriza, commune Butaganzwa en province Ruyigi, ont été lynchés par les habitants de cette localité. Accusés de sorcellerie, ils ont été ligotés et jetés vivants dans la rivière. Dans la même commune, deux femmes accusées elles aussi de sorcellerie ont échappé de justesse à la mort. Déjà ligotées, elles ont été sauvées par l’intervention des militaires. Elles se sont réfugiées à la commune Butaganzwa de peur d’être tuées.
A Ruyigi, les organisations des droits de l’Homme se disent préoccupées par la recrudescence des cas de justice populaire. Pour Félicien Birorimana, représentant local de l’Aprodh, les coupables doivent être durement châtiés pour décourager cette pratique. Par ailleurs, il se dit étonné de constater qu’aucun suspect n’a été appréhendé pour le cas de ce lundi.
Le commissaire provincial de la police, Eugène Bizindavyi, abonde dans le même sens. Le procureur de la République à Ruyigi, Isaac Sabuwanka, indique que le parquet va collaborer avec la population pour savoir ce qui s’est passé afin que les coupables soient traduits devant la justice. Selon lui, l’administration doit s’impliquer davantage pour prévenir ces cas de justice populaire. Cyriaque Nshimirimana, gouverneur de la province Ruyigi, fait savoir que des réunions avec la population sont en train d’être organisées : «C’est une pratique à décourager et les coupables seront sévèrement punis.»