Dans la province de Ruyigi, les agriculteurs pratiquent de plus en plus les cultures des marais. Et c’est une influence des réfugiés rentrés de la Tanzanie.
L’arrivée des rapatriés provoque le changement de certaines habitudes agricoles. Les habitants de la province de Ruyigi exploitent de plus en plus les marais. Il est vrai que les terres sèches ne sont plus suffisantes pour nourrir la population. Judith Kubwimana de la colline Dutwe, commune de Ruyigi, en connaît la valeur ajoutée de la culture dans les marais: « Les récoltes des marais sont alternées avec celles des collines et nos greniers sont approvisionnés plus de deux fois l’année.» Néanmoins, cette dame de 34 ans, reconnaît aussi que ce genre de culture a aussi des exigences ; car elles sont souvent dévastées par les oiseaux. Et c’est pourquoi elle propose des stratégies : il faut utiliser des sachets qui flottent et des statuts pour faire peur aux oiseaux dévastateurs. Une technique que connaissent bien les rapatriés de Tanzanie.
Dominique Nduwimana, chef du service formation et vulgarisation à la direction provinciale de l’agriculture et de l’élevage dans la province (DPAE) de Ruyigi dit que cet engouement pour les cultures des marais est toute récente. Car, dit-il, jusque dans les années 2000, la population de la province de Ruyigi ne les exploitait pas : « C’est avec le retour des refugiés burundais venus de Tanzanie que les habitants de Ruyigi ont compris la nécessité des marais.» Depuis lors, les vulgarisateurs de la DPAE ont mené plusieurs campagnes de sensibilisation en direction des agriculteurs. Actuellement, ajoute- t-il, la population a bien compris et tous les marais de la province sont exploités : on y cultive soit des pommes de terre, soit des haricots, du maïs, soit du riz. Cette dernière culture est surtout développée dans les communes de la dépression du Kumoso (Kinyinya, Nyabitsinda et Gisuru.)
Pour M. Nduwimana, ces cultures viennent en appoint pour lutter contre la faim dans les mois de septembre et octobre. Ainsi, la population ne peut pas consommer les semences comme auparavant.
Mais des précautions…
Seul bémol selon ce spécialiste de l’agriculture : les agriculteurs ne devraient pas utiliser les semences récoltées dans des marais. Car ce sont des cultures très vulnérables à plusieurs maladies, notamment celles liées à l’humidité. La plus courante d’entre elles est la bactériose.
De même, il appelle la population à cultiver les marais à temps, c’est-à-dire pendant les mois de mai et de juin : « si les marais sont exploités tardivement, les cultures risquent d’être inondées par la pluie de la petite saison pluvieuse, généralement à la fin de septembre.»
Enfin, l’agronome rappelle que les engrais ne sont pas superflus : « Même les marais ont besoin du fumier pour bien produire.» Selon lui, le fumier le plus apprécié et le moins cher est le fumier organique. Un engrais aujourd’hui rare à cause de la guerre qui a porté un coup sévère à l’élevage. Mais, dit-il, «le fumier issu de la fermentation du compost peut remplacer valablement le fumier produit par les bêtes.»