Vendredi 22 novembre 2024

Société

Ruyigi : Gisuru, des femmes debout

13/03/2019 Commentaires fermés sur Ruyigi : Gisuru, des femmes debout
Ruyigi : Gisuru, des femmes debout
Yvonne Bangiricenge : «Nous ne cessons de recevoir des cas de femmes maltraitées par leurs maris.»

Victimes entre autres de violences domestiques et sexuelles, les femmes de la commune Gisuru demandent à l’administration une plus grande implication dans la protection de leurs droits.

Les femmes de la commune Gisuru en province Ruyigi dénoncent la violation  de leurs droits. Elles évoquent notamment la polygamie et les violences domestiques et sexuelles.

Spéciose Ntirenganya, 46 ans, assure avoir été longtemps victime de la polygamie de son mari.

Cette mère de six enfants raconte que son mari a épousé trois autres  femmes. Son mari achemine toutes les possessions familiales vers d’autres femmes. « Mon époux ne me respecte plus comme sa femme légale. Il ne me donne  que 2000 BIF pour la ration alimentaire, et rarement. Il  préfère  les autres femmes alors que tout ce qu’il a, nous l’avons cherché ensemble ». Cela l’irrite d’autant plus,  dit-elle, qu’elle ne peut  rien y faire.

Jamila Nahimana, 28 ans, une veuve de la colline Nyakarembo de la même commune affirme avoir subi beaucoup de menaces de la part de la famille de son mari défunt. « Elle m’a fait chasser de  ma maison et j’ai été  injustement emprisonnée  pendant une semaine. Je suis accusée d’avoir tué mon mari, alors que c’est moi qui ai pris soin de lui quand il était hospitalisé ».

Un bébé au dos, les larmes aux yeux, cette mère de 4 enfants dit qu’elle ne peut pas célébrer cette journée internationale des femmes. « Aucune raison de la célébrer», lance-t-elle d’un air affligé.

Yvonne Bangiricenge, une des cinq femmes leaders du forum des femmes dans la commune Gisuru, raconte que les femmes de cette localité sont souvent victimes de polygamie et de violences sexuelles et domestiques.

Elle fait savoir que le forum des femmes dans cette commune ne cesse de recevoir des cas de femmes maltraitées par leurs maris.

Elle plaide pour la tenue de réunions de sensibilisation dans la commune Gisuru pour que les femmes connaissent leurs droits.

L’administration communale rassure

Mme Bangiricenge lance un appel aux filles de cette localité : « Qu’elles fréquentent l’école. Une fille intellectuelle n’est pas facilement manipulée par son mari. Elle connaît ses droits. »

Toutes sont unanimes : «Que l’administration s’y implique davantage pour que nos droits soient respectés

Aloys Ngenzirabona : « Entre 5 et 10 femmes victimes de violences domestiques viennent, chaque jour, se plaindre à la commune. »

Aloys Ngenzirabona, administrateur de la commune Gisuru, reconnaît que les femmes de cette localité subissent un mauvais traitement de la part de leurs maris.

Des hommes vendent la récolte sans consulter leurs épouses, alors que ce sont elles qui travaillent dur aux champs. « Entre 5 et 10 femmes victimes de violences domestiques viennent se plaindre, chaque jour, à la commune».

Selon lui, la polygamie observée dans cette commune frontalière de la Tanzanie joue un grand rôle dans le mauvais traitement des femmes dans cette localité.

M. Ngenzirabona encourage les unions légales au lieu des unions libres et la polygamie. «Ceux qui sont attrapés vivant ensemble illégalement sont directement punis par la loi. Les droits des femmes devraient être respectés, car elles sont le centre du développement du pays vu qu’elles constituent une majorité de la population burundaise».

Et d’ajouter : « Dans le but de promouvoir  la femme comme pilier de développement, nous exigeons à toute ONG désireuse d’exécuter des projets de développement dans la commune Gisuru  de nous montrer clairement si les 30 %  de femmes garantis par la Constitution burundaise sont respectés dans le recrutement de son personnel.»

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Claphe Christine Ntunzwenimana, la vice-présidente du Collectif des associations et ONG féminines du Burundi (CAFOB), explique que cette journée internationale des droits des femmes arrive au moment où « la femme burundaise n’a pas beaucoup de ressources pour assurer sa protection sociale ». Elle déplore le manque de programmes lui permettant d’avoir accès aux services de base, dont les soins de la mutualité.

Selon elle, les 30 % sont respectés pour les postes électifs. « Ces 30 % devraient aussi être respectés pour les postes de nomination ».

La représentante légale adjointe du CAFOB demande aussi qu’il y’ait des mesures d’accompagnement de la loi spécifique sur les VBG pour qu’elle soit effective. Et de conclure : « Il n’y a que quatre centres dans tout le pays. Il devrait y en avoir beaucoup dans toutes les provinces, voire dans les communes pour que les victimes des VBG, qui sont souvent des femmes, puissent bénéficier de l’assistance médicale et juridique. »

Au niveau national, cette journée sera célébrée dans la province Gitega sous le thème : « La femme au centre des programmes innovants de la protection sociale.»

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