Des zones d’ombre subsistent dans la disparition, à la position de Kavumwe en commune Gisuru, de trois chargeurs et d’effets de policier. Les policiers indiquent qu’ils ont été victimes d’un vol. Certains restent sceptiques.
C’en est trop pour la population de cette localité qui se demande comment un civil peut être en possession de cet objet réservé aux policiers. D’après G. M, les habitants organisent une fouille dans la maison de Nkundwa. «Nous avons trouvé 120 cartouches, une tenue policière et des bottines. Nkundwa nous a dit que ce matériel appartient à Zuru.» Certains passent la nuit devant cette maison pour que ce matériel ne soit pas déplacé. Le lendemain, ces derniers sont arrêtés. «On a passé une semaine en prison. On ne sait plus où sont passés les objets trouvés chez Nkundwa.», souligne A.H., un d’entre eux. Selon lui, ils continuent de faire l’objet de poursuites. «L’OPJ de Gisuru nous accuse d’avoir volé des arachides chez Nkundwa ce jour-là. C’est une façon de nous faire taire.» Il s’étonne d’ailleurs que Zuru ait été relâché et que Nkundwa n’ait jamais été inquiété.
Cette affaire remonte au 2 novembre 2013. Sur la colline Kavumwe, zone Ndemeka en commune Gisuru, une bagarre éclate entre un certain Ndikuriyo et Salvator Ntakiyica alias Zuru. En difficulté, ce dernier entre dans la maison de son ami, Nkundwa, et sort avec une matraque. Il commence alors à frapper son adversaire.
La police nie la découverte de ces armes …
«Ce sont des mensonges », s’exclame l’OPJ de Gisuru en charge du dossier. D’après lui, ils n’ont jamais trouvé des armes sur cette colline. Pour la matraque, l’OPJ fait savoir qu’elle appartenait à un policier qui l’avait perdue. Et le dénommé Zuru l’a trouvée dans la rue. «Ivre, il l’a alors utilisée pendant la bagarre avec Ndikuriyo.» Et ces deux hommes ont réglé leur différend à l’amiable, poursuit-il, d’où la libération de Zuru.
Ces arguments ont du mal à passer pour certains habitants de Kavumwe. D’après une source policière à Gisuru, Zuru appartient à un groupe de bandits, travaillant avec certains éléments de la police, qui commet des forfaits jusqu’en Tanzanie. Selon cette même source, Zuru aurait avoué devant l’OPJ avoir reçu ces armes d’un certain Nestor Sindayigaya, un policier de la position Kavumwe. «Ils veulent protéger ce policier.»
… mais reconnaît leur «vol»
Quelques jours avant le début de cette affaire, un «vol» a été signalé à cette position. Un policier surnommé Wastingo, de retour d’une formation à Muramvya, n’a pas trouvé ses 3 chargeurs, sa tenue policière et des bottines. Il aurait été furieux envers ses collègues, surtout contre Nestor Sindayigaya à qui il aurait reproché d’avoir vendu son matériel. Ce dernier nie toute implication dans leur disparition. «Je ne peux pas faire ça alors que je suis chargé de protéger la population.» A.H. s’étonne que Nestor Sindayigaya se soit empressé de demander un congé lorsque cette affaire a éclaté.
D’après le chef de poste Gisuru, Georges Bizimana reconnaît la disparition de ces trois chargeurs et des effets de policier. D’après lui, les premières enquêtes montrent que les voleurs ont profité de l’absence du seul policier qui était de garde. «Lorsqu’il est allé acheter des tomates, les voleurs en ont profité pour décrocher les chargeurs du fusil et prendre la tenue et les bottines.» Mais certains habitants se demandent comment on peut laisser une position déserte, alors qu’il y a des armes à l’intérieur. «Les enquêtes sont en cours et aucune preuve n’incrimine Nestor Sindayigaya », précise le chef de poste.
