L’appel à la grève lancé par le Steb et le Synapep a été suivi dans les villes de Ruyigi et de Cankuzo. De peur de ne pas percevoir leurs salaires, certains enseignants hésitent à se lancer, alors que les responsables locaux du Steb leur demandent de ne pas considérer les intérêts d’un seul jour …
Dans la matinée de ce lundi 17 juin 2013, on remarquait une présence inhabituelle, à ces heures, des écoliers en uniforme qui déambulaient dans les rues de Ruyigi. D’autres étaient en train de s’amuser sur différents terrains de jeux de la ville.
Pas de cours, après l’appel à la grève lancé par les syndicats Steb et Synapep, un mouvement largement suivi par la plupart des écoles primaires des lieux. Mais certains syndicalistes tergiversent encore, de peur de subir le même sort que leurs collèges du secondaire qui ont vu leurs salaires du mois passé gelés.
A l’Ecole primaire Ruyigi I, alors que les uns jouent au football, et les autres à la corde, les enseignants sont assis devant les classes, en petits groupes. Même chose à l’Ecole primaire Ruyigi II, où les enseignants de cet établissement ont carrément renvoyé les écoliers chez eux.
Par contre, aux écoles primaires Gasanda I et II, les enseignants dispensent les cours comme à l’accoutumée. Mais avec moins d’enthousiasme, soulignen-ils. La directrice de Gasanda I, Théopiste Irambona, indique qu’aucun enseignant n’a manqué à l’appel.
Selon Arcade Butoyi, président du Steb à Cankuzo, le mouvement de grève a été également respecté au chef-lieu de la province. A l’Ecole primaire Mugozi, des sources signalent que le directeur communal de l’enseignement (DCE), Ferdinand Birahanyi, appelle chaque enseignant en grève en lui faisant remarquer qu’il est le seul à faire la grève. Ce qu’Arcade Butoyi dénonce comme une intimidation. Ce que dément l’accusé : « Je n’avais pas l’intention d’intimider mes enseignants quand j’ai appelé l’un d’entre eux pour lui demander pourquoi il ne s’était pas présenté au travail », explique M. Birahanyi.
Travailler sans travailler vraiment
A la manière de ces braves qui, jadis, disaient que leur Etat faisait semblant de les payer et eux semblant de travailler, certains enseignants à l’Est du pays font la même chose. Ils ont peur de figurer sur «la liste noire». Celle des grévistes qui verront leurs salaires coupés à la fin du mois comme c’est le cas des enseignants du secondaire. «Avec mon salaire déjà insignifiant, je ne peux pas me permettre de perdre un seul franc», indique une enseignante. Toutefois, elle souligne qu’elle est pour la grève mais que la peur de la faim l’empêche de suivre le mouvement. «Pour nous joindre avec les autres, nous nous présentons au travail et on donne des exercices aux écoliers», racontent certains enseignants. Théoriquement, poursuivent-ils, nous sommes au travail mais en réalité on ne travaille pas.
A quelques jours de la fin de l’année scolaire, les parents rencontrés à Cankuzo et Ruyigi exhortent le gouvernement burundais et les enseignants de s’assoir ensemble et de discuter calmement afin de trouver des solutions durables à tous les problèmes qui minent l’enseignement burundais.