Les volontaires de la croix Rouge en province de Ruyigi sont dans la campagne d’apprendre à la population l’usage du charbon fabriqué à base des feuilles mortes des plantes. Les environnementalistes saluent cette initiative qui pourra diminuer la déforestation.
Ce genre de charbon est fabriqué à base de feuilles mortes de différentes plantes comme les bananiers, le maïs. Sa fabrication est simple, selon Espérance Murekerisoni, formatrice : on met ces feuilles dans un fût ouvert avec cinq trous en dessous. On commence à fermer ces trous par d’autres feuilles qui vont servir de mèche que l’on va brûler par son bout libre pour enflammer les matières remplies dans le fût. Après la fumée noire, il apparaît une flamme rouge légère qui s’éteint après un petit instant. Par la suite, on couvre hermétiquement le fût par un couvercle et on y met de la terre au- dessus et en dessous pour empêcher la fuite thermique. Quant le fût se refroidit, on retire la cendre et on la met sur un sac pour trier des matières qui n’ont été bien cuites. Cette étape est suivie par celle qui consiste à mélanger la cendre par de l’eau mêlée d’une petite dose de la farine de manioc pour obtenir une sorte de pâte. La dernière étape est de mettre cette farine délayée dans des récipients qui servent de moule pour obtenir un objet de forme cylindrique que l’on va sécher durant quelques 15min avant son utilisation avec le braséro.
Avantages
Madame Espérance Murekerisoni indique que l’usage de ce dernier est courant au Rwanda où elle-même a été formée par des Américains. Elle affirme que ce charbon a plusieurs avantages : « A part que ce charbon contribue dans la préservation de la nature, il n’est aucunement nocif à la santé de l’homme.» Elle ajoute que la cuisine reste propre sans traces noires comme c’est le cas pour le charbon en bois. « Même les casseroles utilisées sur les braséros ne sont pas noircies», fait elle remarquer. A part ces avantages, la cendre provenant de ce charbon est un fertilisant du sol de bonne qualité comme le confirme Murekerisoni . « Au Rwanda, cette cendre est exportée dans d’autres pays», signale- t- elle. Pour Ir. Léopold Nzizubusa, inspecteur des forêts dans la région Est, la réussite de cette technique va contribuer à diminuer sensiblement la déforestation qui est devenue monnaie courante, surtout dans la région de Buyogoma. Selon l’Ir Nzizubusa, l’arbre est très menacé par la déforestation abusive. Il déplore : « Avant la crise de 1993, il y avait six mille hectares d’arbres dans la région de Buyogoma. Aujourd’hui, il ne reste que 30% de ces hectares . »