Deux enfants albinos de la zone Mugege, en commune Butaganzwa, province Ruyigi, ont failli être lynchés par 6 hommes armés de fusils et de couteaux et en tenues militaires, ce vendredi 19 octobre 2012. Leur père, armé d’une machette, est courageusement venu à leur secours. Leur mère est grièvement blessée.
<doc5651|left>Colline Caragata. Il est minuit passé de quelques minutes. La famille Muzoya Protais dort tranquillement depuis 21 heures. Soudain, six hommes défoncent la porte qui vole en éclat. 4 d’entre eux entrent dans la maison. Deux autres font le guet à l’extérieur. Ils se dirigent directement vers la chambre de Faustine Njejimana. Une jeune fille albinos de 15 ans. Elle est en 6ème année à l’école primaire de Caragata. Ils la trainent dehors le couteau à la gorge. Elle crie en implorant ses ravisseurs de la laisser mettre un habit. Ces malfaiteurs vocifèrent : « Kora akazi !» (Fais le boulot !).
Muzoya Protais, son père, est déjà réveillé. Il contourne la maison. « Je ne sais pas d’où la force m’est venue», raconte-il. Il attaque avec sa machette bien aiguisée. Deux d’entre ces assaillants s’enfuient. Protais Muzoya les poursuit. Ils crient au secours. Les autres ouvrent le feu. Muzoya Protais bat en retraite. Les balles atteignent Elysé Nsengiyumva, leur copain. Il tombe raide mort. Faustine Njejimana réussit à s’échapper.
Deux de ces malfaiteurs rentrent dans la maison. Ils cherchent Ephraïm Nicoyangiriye (10 ans), lui aussi albinos comme sa sœur. En sortant de la maison, ils rencontrent l’épouse de Muzoya Protais, Marie Niyukuri. Ils lui tirent dessus. Le père attaque encore une fois avec sa machette. Les malfrats s’enfuient. Deux d’entre eux ont été arrêtés mais 4 autres sont toujours en cavale. La mère de ces enfants est alitée à l’hôpital Rema de Ruyigi.
D’après Thierry Mako, médecin directeur de cet hôpital, Marie Niyukuri est hors de danger. Faustine Njejimana et Ephraïm Nicoyangiriye sont hébergés pour le moment chez l’administrateur de la commune Butaganzwa, Abraham Ndikumana. Ils sont traumatisés. La jeune fille n’arrête pas de pleurer.
«Nous demandons la protection de nos enfants»
Muzoya Protais demande au gouvernement burundais de construire des maisons pour les albinos tout près des positions des forces de l’ordre. D’après lui, tant que ces crimes ne sont pas punis très sévèrement, les albinos seront toujours en danger. Même son de cloche de la part de Félix Nshimirimana, chef d’antenne de l’association Albinos sans frontières à l’Est du pays. Pour lui, ceux qui sont attrapés doivent être punis sévèrement pour que l’exemple serve à d’autres.