Les habitants de la colline Muhindo, zone et commune Gisuru, ont été attaqués par une bande d’hommes armés. Ces derniers les accusent d’avoir fait un mauvais choix lors des élections de 2010, en donnant leurs voix au Cndd-Fdd. Bilan : quinze personnes blessées.
Lundi 1er août 2011. Nuit cauchemardesque pour les habitants de la colline Muhindo. Un groupe de 20 personnes armés de fusils, de machettes et de gourdins ont attaqué cette colline. Selon ces habitants, cette bande n’avait pas l’objectif de tuer mais de torturer quelques personnes ciblées pour avoir beaucoup milité au parti Cndd-Fdd. Ils ont volé de l’argent dont le montant n’est pas encore connu jusqu’aujourd’hui, ont grièvement blessé 11 personnes à la machette et en ont roué quatre autres de coups de matraque.
Parmi les personnes ciblées, figure Albert Kagoma, chef de colline Muhindo. « On le savait déjà. La veille, ils avaient laissé des tracts qui mettaient en garde les chefs des collines Muhindo et Bunyambo», raconte-t-il. Et le jour fatidique, à 18 heures, ils étaient aux bars de la colline Muhindo où ils ont reconnu le chef de colline qui étanchait sa soif et ont commencé à le battre. Les habitants qui ne se sont pas sauvés à temps recevront l’ordre de se coucher par terre. « Celui qui tentait de lever la tête, subissait un châtiment : soit un coup de machette, soit un coup de matraque », raconte Silvère Magorwa, l’une des victimes. Selon la même source, ces hommes étaient d’une brutalité sans nom : « Ils pouvaient même vous frapper avec un gourdin à la poitrine. Ils nous disaient que leur objectif n’est pas de nous tuer mais plutôt de nous châtier parce que nous avons voté pour le parti Cndd-Fdd.» Selon Melchior Ngarama, propriétaire d’un des bistrots, ces hommes ont passé trois heures en buvant et en mangeant des brochettes qu’ils n’ont pas payées. « Ils ont vidé mes deux caisses de Primus et ont mangé la moitié de ma chèvre avant de m’assener un coup de gourdin dans le dos», indique Ngarama.
Population toujours apeurée
Selon Albert Kagoma, chef de colline Muhindo, malgré l’arrivée d’une position policière sur cette colline, la population est encore apeurée. Car ces hommes ont promis de revenir. « Certains habitants veulent retourner en Tanzanie et d’autres envisagent de déménager vers le chef-lieu de la commune de Gisuru», fait-il savoir. Cet élu collinaire précise également que ces hommes armés ont laissés de tracts : « Ils ont aussi mis en garde Egide Ndikuriyo, administrateur de la commune Gisuru.»
Ce dernier est aussi dans la ligne de mire. Mais il dit ne pas avoir peur : « Je suis un homme politique qui doit faire face à de nombreuses difficultés y compris les menaces et intimidations. Je vais continuer mon travail comme d’habitude.» Il souligne, en outre, qu’il a failli être tué dans une embuscade tendue au véhicule dans lequel il se trouvait : «C’était le 6 mai vers 19heures, sur la route Nyabitare- Gisuru. J’ai pu être sauvé d’une fusillade mais malheureusement, trois personnes qui étaient avec moi ont été blessées.»
Selon lui cet élu, si la population collaborait bien avec la police et l’administration, les dégâts qui sont causés par ces hommes armés seraient réduits. Face à cette demande de collaboration des autorités administratives, certains habitants estiment qu’il serait hasardeux de dénoncer le passage de ces hommes armés : « Une fois qu’ils reconnaissent ceux qui donnent ces informations, il n’y a qu’un seul châtiment: la mort. »