Deux femmes de Butezi sont hospitalisées à l’hôpital de la commune depuis dimanche dernier. L’une a été grièvement blessée aux bras, l’autre violée. Pointés du doigt, les Imbonerakure, ainsi que l’administration, refutent les accusations.
Les deux femmes, agressées sur la sous-colline Ciyando, zone Mubira, commune Butezi en province Ruyigi, sont en train d’être soignées à l’Hôpital de Butezi.
C’était aux environs de 21 heures quand Pascaline Ndayikeza a été attaquée en rentrant chez elle. Poursuivie par un homme, ce dernier lui a demandé de se déshabiller sans opposer de force. Devant son refus, il s’est jeté sur elle en essayant de la violer. Se débattant frénétiquement, Pascaline Ndayikeza réussit à repousser les assauts de son assaillant. Avant que ce dernier ne dégaine de son long manteau un couteau et essaie de la poignarder à la gorge. Elle ne sera atteinte qu’aux bras.
Balthazar Bahabwanayo, administrateur de la commune Butezi, indique qu’un suspect a été arrêté mais que, d’après les premières enquêtes, ce dernier semble innocent.
La même nuit et sur la même sous-colline, Marie Shurweryimana (22ans) a été violée par quatre hommes qui seraient des Imbonerakure. D’après la victime, elle a croisé dans la rue Salvator Nimbonera, chef des jeunes militants du Cndd-Fdd sur cette colline, qui lui a intimé l’ordre de s’arrêter. Puis, ce dernier a donné un coup de sifflet et trois autres hommes (Claver Nzirubusa alias «Charles», Ncundeba et Nderamarira) ont accouru. «C’est Nimbonera qui a commencé. Les autres me maintenaient au sol.» Après leur forfait, les quatre hommes blessent la jeune fille au niveau du visage. Sur son lit d’hôpital, Marie Shurweryimana demande à la police de faire son travail : «L’OPJ m’avait affirmé qu’il va arrêter les quatre hommes mais ils n’ont pas été inquiétés.» Les habitants de cette localité indiquent que la police ne peut rien contre eux parce qu’ils sont des Imbonerakure.
Mensonges, répond Donatien Bandirubusa, président de la Ligue Imbonerakure en commune Butezi et conseiller communal chargé des affaires sociales. Selon lui, les jeunes militants du parti au pouvoir ne sont pas impliqués dans ces affaires : «Les coupables doivent être punis individuellement.» L’administrateur communal, quant à lui, a une réponse très claire : «Ces filles sont des prostituées.»
Ciyando : la localité où les Imbonerakure sèment la terreur?
D’après certains habitants de Ciyando, les Imbonerakure font la pluie et le bon temps. G.K fait savoir que les jeunes du parti présidentiel font des rondes nocturnes avec des gourdins. «Quand tu les rencontres, tu es sûr de passer un mauvais quart- heure.» Il poursuit en disant qu’ils continuent aussi à faire payer les 300 Fbu de cotisation au parti Cndd-Fdd. Un autre habitant affirme qu’en cas de problème avec votre épouse, ils interviennent. «Vous êtes obligés de donner un bidon de vin de banane.» Il se demande d’ailleurs s’ils ont remplacé la police car, d’après lui, ce sont eux qui se chargent de traquer les bandits et autres malfrats. D’après des sources à Butezi, le chef de zone Mubira serait sur le point de démissionner à cause de cette situation.
L’administrateur communal fait remarquer que les Imbonerakure de Butezi sont caractérisés par une discipline irréprochable : «Tous ces mensonges sont colportés par des gens qui veulent nous salir.» Donatien Bandirubusa renchérit en précisant que sur les 15 collines que compte la commune Butezi, il n’a jamais reçu un rapport faisant état de ce comportement des Imbonerakure.
Cyriaque Nshimirimana, gouverneur de la province Ruyigi, indique qu’il est au courant de l’insécurité qui règne sur cette sous-colline. «Elle est due à l’alcool et à la prostitution. Ça n’a rien à voir avec les Imbonerakure.» Il précise qu’il va organiser la semaine prochaine, avec les représentants de différentes confessions religieuses, une réunion dans cette commune.