Mardi 05 novembre 2024

Culture

Rutegama : la forge à l’épreuve de la modernité

L’importation d’objets usuels et le manque de ferraille, aujourd’hui exportée dans la sous-région, portent un coup dur aux forgerons de Rutegama en province de Gitega. Ils indiquent que leur métier hérité de leurs grands-pères connaît un recul.

Gratien Bukuru derrière son soufflet.
Gratien Bukuru derrière son soufflet.

Accroupi derrière son soufflet, visage en sueur, Gratien Bukuru ranime le feu pour chauffer un bout de métal qui servira à fabriquer un couteau. Son compagnon quant à lui martèle sur l’enclume un autre morceau retiré du feu.

Selon ces forgerons, leur métier connaît beaucoup de difficultés face à la concurrence des produits importés. Taxés de rudimentaires, les produits de la forge traditionnelle trouvent de moins en moins de la place dans les différentes activités de la vie quotidienne des ménages.
Comme ces artisans l’indiquent, ce n’est pas parce que leurs outils ne sont pas plus résistants mais c’est à cause de l’engouement de la plupart des ménages pour des produits venus de l’étranger. Et là, il y a un manque à gagner pour ces artisans traditionnels.

«Nos outils sont méprisés mais durent beaucoup plus longtemps que ceux qui viennent de l’Ouganda ou de la Chine. Nous fabriquons des marteaux, des serpettes, des machettes, des haches, des pelles, des couteaux, etc», expliquent-t-ils.

En plus de cette concurrence, ces forgerons soulignent qu’ils peinent à trouver de la ferraille à faire fondre. «Avant nous les ramassions ici et là mais aujourd’hui, les commerçants les collectent de partout pour les vendre en Ouganda.Sans matière première, nous travaillons au ralenti», déplore Melchior Ruzoviyo.

Le malheur des uns fait le bonheur des autres

Dans toute la ville de Gitega, il existe plusieurs points de collecte de ferraille. Les acheteurs se placent au bord de la route ou dans les carrefours. Tout déchet métallique partant de la capsule d’une bouteille de la bière jusqu’à la carcasse de véhicule est à vendre. Tout est écoulé vers les pays limitrophes, rien n’est laissé aux forgerons.

La collecte de ferraille occupe les enfants de la rue et les chômeurs, le kilo se vend à 300 Fbu. Son sac en bandoulière, Gérard rencontré dans une décharge au quartier Nyamugari en train de fouiller raconte que cette activité lui permet de manger deux fois par jour.

Aussi, les enfants de la rue se livrent à cśur joie à la vente de ces marchandises plutôt encombrantes pour les citadins. «Je n’ai pas besoin de mendier ou de voler, je peux gagner facilement 2.000fbu par jour», s’en félicite Kadogo, un autre enfant de la rue.

Dans les quartiers populaires comme Magarama, Yoba et Nyamugari, les rues ont été débarrassées de ferrailles. Les citadins interrogés encouragent ce ’’nettoyage’’qui présente aussi des avantages, côté environnement.

Forum des lecteurs d'Iwacu

2 réactions
  1. MIZA

    @mazoya : surtout si rien n’est fait pour encourager cet artisanat ! Il est vrai il n’enrichirait pas les grands ! Cela n’intéresse Zuma : http://fr.igihe.com/politique/afrique-du-sud-la-puissante-et-controversee.html

  2. mazoya célestin

    Avec la mondialisation, la concurrence est inévitable. L’industrie moderne produit en série des articles de qualité et sait vendre à moins cher. La forge de Rutegama va disparaitre. Il faut essayer autre chose comme l’agriculture; le commerce…Sans matière première et surtout sans marché; la forge doit disparaitre.

A nos chers lecteurs

Nous sommes heureux que vous soyez si nombreux à nous suivre sur le web. Nous avons fait le choix de mettre en accès gratuit une grande partie de nos contenus, mais une information rigoureuse, vérifiée et de qualité n'est pas gratuite. Nous avons besoin de votre soutien pour continuer à vous proposer un journalisme ouvert, pluraliste et indépendant.

Chaque contribution, grande ou petite, permet de nous assurer notre avenir à long terme.

Soutenez Iwacu à partir de seulement 1 euro ou 1 dollar, cela ne prend qu'une minute. Vous pouvez aussi devenir membre du Club des amis d'Iwacu, ce qui vous ouvre un accès illimité à toutes nos archives ainsi qu'à notre magazine dès sa parution au Burundi.

Editorial de la semaine

Enrôlement des électeurs. Entre fatalisme et pessimisme

Alea jacta, les dés sont jetés. La période d’enrôlement qui avait officiellement commencé le 22 octobre a pris fin ce 31 octobre. Se faire enrôler est un devoir hautement civique et citoyen en vue de reconduire ou renouveler la classe (…)

Online Users

Total 1 888 users online