Problème d’éclairage et de plomberie, des infrastructures en piteux état et non réhabilitées dans différents campus de l’Université du Burundi, les étudiants lancent un cri d’alarme dans une lettre adressée au recteur. Reportage au campus Mutanga dit « Paroisse des Poillissimes ».
En date du 1er février 2022, la représentation générale des étudiants de ‘’Rumuri’’, flambeau, a adressé une correspondance au recteur de l’Université. Les étudiants dénoncent l’obscurité qui règne presque dans tous les campus de l’Université du Burundi. Cette lettre fait un panorama de tous les défis.
« Au Campus Mutanga, cette situation s’observe dans les auditoires tandis qu’au niveau des homes des étudiants, c’est pire : GH, Tropicana I et ll, Pavillons et les lampes veilleuses à partir du portail Boulevard Mwezi Gisabo jusqu’à la cantine universitaire », peut-on lire dans cette correspondance. Également au Campus Kiriri, les auditoires ont besoin de plus de 80 tubes et 40 prises. La situation est la même au Campus Zege et au Campus Kamenge où dans un amphithéâtre comportant 36 tubes fluorescents, seuls 2 sont fonctionnels. Selon la représentation, les salles 32, 43,55 et 63 baignent toutes dans le noir. Non seulement les auditoires, il y a aussi les homes non éclairés et les toilettes fermées suite au manque du matériel de plomberie.
Les étudiants appellent au secours
Jonas Musavyimana, représentant général des étudiants, explique avoir adressé plusieurs correspondances à la direction des Finances et du Patrimoine pour s’entretenir sur l’absence d’éclairage de plein d’auditoires ainsi que dans les homes des Etudiants, en vain. « La Représentation s’inquiète de l’absence totale d’éclairage des auditoires étant donné que les priorités de l’Institution sont les enseignements et la recherche, ce qui n’est pas le cas pour cette direction parce que ce problème n’a jamais reçu une issue favorable. Nous vivons dans l’insécurité car on ne peut pas passer une nuit sans courir derrière les voleurs qui profitent de cette obscurité».
M. Musavyimana parle de plusieurs conséquences de cette situation. La multiplication des vols des biens des étudiants, un rendement académique réduit du fait que de nombreux auditoires sont souvent fermés par manque d’éclairage. Dans certains homes, dit-il, l’eau se déverse toute la journée à cause du manque de robinets privés de vannes. « Au lieu de procéder à la réparation des pannes, les techniciens décident de fermer complètement suite au manque des pièces de rechange. Certaines douches et toilettes sont déjà fermées ce qui pourrait causer des maladies de manque d’hygiène », se désole-t-il.
Dans cette lettre, les étudiants menacent de suspendre les études si une solution n’est pas trouvée face à ce problème.
Un milieu universitaire dans un état critique
Il est 14h, lundi 14 février, au campus Mutanga. Des blocs destinés au logement des étudiants n’ont pas été entretenus depuis plusieurs années. Les blocs de 2 étages communément appelés « pavillons » ont commencé à se détériorer depuis longtemps. Dans les étages, plusieurs chambres ne sont plus occupées. Des fenêtres ont cédé définitivement. Des portes en lambeaux sont laissées entrouvertes. Même les chambres encore habitables sont dans un état critique.
Ces immeubles sont équipés de lieux d’aisance à tous les niveaux. Certaines latrines sont répugnantes. A l’approche de celles-ci, une forte odeur nauséabonde avertit tout visiteur. A l’intérieur, des flaques d’eau dans les sanitaires déjà abandonnés, des portes qui ne tiennent plus sur les cadres, des toilettes à siège sur le point d’être bouchées, etc. Des douches et toilettes ont déjà d’ailleurs été fermées.
Parfois, les portes des chambres ont souvent des serrures défoncées. Dans certains pavillons, quelques chambres ont été abandonnées depuis longtemps à cause de l’état défectueux dans lequel elles sont. Au niveau de certaines fenêtres, on peut voir des vitres cassées qui n’ont pas été remplacées.
Au niveau des petits logements regroupés dans ce qu’on appelle «Tropicana I et II, pareille situation. Des bâtiments aux fenêtres dépourvues de vitres, des murs qui se dégradent progressivement, des lieux d’aisance inondés et aux odeurs insupportables qui s’écroulent à longueur d’années sous le regard indifférent des responsables.
« Durant de nombreuses années, ces infrastructures n’ont pas été réhabilitées. Ici au campus Mutanga, certains homes jugés trop vieux ont été fermés. Dans la partie des Tropicana, plusieurs latrines sont bouchées. Nous sommes obligés de nous soulager dans d’autres blocs et parfois on fait des queues. L’éclairage on n’en parle même pas. Nous sommes exposés », déplore Jean Kabura, un étudiant de la faculté des Sciences économiques et de Gestion.
Une gestion opaque des ressources
Les étudiants font savoir qu’ils ont pris connaissance de la demande de dotation en matériel d’électricité et de plomberie pour réparer en urgence cette situation de manque du matériel mais rien n’a marché. « Les étudiants logent dans les homes universitaires moyennant le payement d’une somme de 7000 BIF/mois représentant les frais de l’eau et d’électricité. Mais on ne sait pas où va cet argent », s’exclame un étudiant de la faculté des Sciences.
P.P., étudiant dans la section anglaise de l’Institut de pédagogie appliquée (IPA), s’insurge sur la mauvaise gestion qui caractérise l’Université du Burundi : « Il y a presque une année que le magasin du matériel à la direction du patrimoine est vide. On ne sait pas ce qui s’est passé car chaque année il y a un budget alloué à cet effet.»
O.T.C, un enseignant à l’Université du Burundi dans la faculté des lettres et sciences humaines, fustige les organes dirigeants manquant de leadership éclairé pour une bonne organisation. « La gestion opaque, l’absence de bonne gouvernance et le manque de la culture de redevabilité gangrènent depuis des années cette institution qui se voulait flambeau. En conséquence, la qualité de l’enseignement dégringole de plus en plus ».
Contacté, Sanctus Niragira, recteur de l’Université du Burundi, a décroché son téléphone pour l’éteindre juste après sans répondre aux questions lui posées sur cette situation.
Cela n’empeche un certain….. (censuré) de se prendre en photos et videos avec sa femme entrain de baigner dans l’opulence alors que les futurs cadre et intellectuelles du pays dorment dans la misere la plus totale.et demain ils diront qu’ils ont combattu pour la democratie
Est ce que la mentalité « Caratuvunye » disparaîtra avec les aides qui vont pleuvoir? Nagira mvuge nabi nti les aumônes qu’on voudra bien nous donner.
Le pays doit s’organiser par une gouvernance, une vision proper
Bannir la corruption, promouvoir la bonne gouvernance sont les fondements
Nibaza ko bwari ubukene bwa Leta Nkozi Mvyeyi ubu ko Union Européenne igira iduhe amahera ibintu bizokorwa
J’ai fait le Collège du Saint-Esprit, actuellement Campus Kiriri, à l’époque où il était tenu par les Jésuites. C’était un joyau qui faisait la fierté du pays et du monde entier (je n’exagère rien). Son entretien était rigoureux et au jour le jour: l’abbé Sutore veillait à ce que toute défaillance, toute panne, tout défaut.. soit réparé ou corrigé sans délais. Et nous les petits et grands collégiens nous sentions confortables, dans ce palais de lumière, de verdure et de béton. Nous mangions très bien, nous dormions confortablement, nous regardions un film une fois par semaine. Nous avions la piscine autant que nous voulions; l’école lavait et repasser nos habits…Nous n’avions aucune raison de ne pas être intelligent. Dernièrement, je me suis par nostalgie rendu sur les lieux. Premier étonnement: j’ai dû payer en monnaie sonnante et trébuchante le droit de visiter mon ancienne école! Comme si j’allais visiter les ruines des temples Mayas, Incas ou Aztèques en Amérique Latine. Une fois dans les enceintes du Collège, on se rend effectivement compte que l’idée de ruines n’est pas si lointaine: les murs et les pavements sont défraichis, crasseux et lézardés. J’ai vu des fuites d’eau dans les plafonds, les jolis fenêtres et vitres sont pour la plupart cassés… et servent maintenant de séchoirs pour les habits. Je n’ai pas osé entrer à l’intérieur des locaux pour voir l’état des sanitaires, mais j’ai remarqué au pied du mur un gros tuyau qui déverse les eaux usées sur les pentes de la colline en contrebas. Une catastrophe environnementale. Deux infrastructures sont quand même bien entretenus: la piscine et la salle des spectacles. Pourquoi ces deux-là et pas les autres? Bref ces bâtiments qu’on a arrachés des mains des Jésuites sont en train de glisser vers l’anéantissement, si l’autorité ne se réveille pas.
Apparemment ce ne sont plus des campus universitaires, ce sont des taudis et bidonvilles quelques part dans le Gondwana. Savez-vous qu’en décembre 1984 lors du Sommet France-Afrique à Bujumbura, de nombreux délégués des 4 coins de la terre ont été logés au Campus Mutanga, principalement dans les blocs dits Pavillons: les chambres étaient confortablement équipées, le standing était presque similaire à celui d’un hôtel 3 étoiles. On retient difficilement les larmes devant les ruines actuelles. Beaucoup de questions jaillissent de partout.
@Jereve
« le standing était presque similaire à celui d’un hôtel 3 étoiles. »
Ntuyivugije uyiciye umurya. Disons que les chambres étaient juste propres. J’ai connu ces logements à cette époque: home du grand-séminaire, grand-home (pavillon), aérhotels, Tropicana, soweto, etc. Les logements étaient juste corrects. A moins que vous les compariez aux logements des cités en ville.
Par ailleurs je trouve triste comme vous, qu’il n’ait pas eu d’entretien dans la suite, et qu’on soit en face à presque des ruines.
Si Rumuri a une gestion opaque, que dire des autres institutions ? Les gestionnaires de demain auront eu quel exemplarité ? Ziriciwe mu magi pe !