Lundi 25 novembre 2024

Politique

Rumonge:Des tracts inquiètent

12/11/2018 Commentaires fermés sur Rumonge:Des tracts inquiètent
Rumonge:Des tracts  inquiètent
Selon des sources sur place, ces inconnus auraient bifurqué vers Kavimvira avant de gagner la réserve naturelle de Kigwena.

Depuis que des inconnus se réclamant d’un mouvement rebelle pour la défense de la démocratie ont laissé des tracts, dans la nuit du 29 octobre, dans les communes de Nyanza-lac et Rumonge, les habitants vivent dans la peur. Simple intimidation, rassure l’administration locale.

Regards accusateurs, mines quelque peu effrayées. Depuis le passage de ce groupe d’inconnus, un climat de suspicion règne dans les deux communes. C’est encore pire à Muhanda. Sur cette colline de la zone Buruhukiro en commune Rumonge, située à une dizaine de km du chef-lieu de la province Rumonge, les habitants sont constamment sur le qui-vive. Ils guettent chaque geste. Les mouvements d’un visiteur inconnu sont surveillés dans les moindres détails. Ses contacts aussi. Rien n’échappe à la vigilance des habitants. On s’épie. Tout le monde est suspect. « Notre quête : La restauration d’un Etat de droit axé sur la démocratie ». C’était le message inscrit sur ces tracts.

« On a beau se rassurer, mais la peur est palpable », témoigne, C.N, la soixantaine, sirotant une bonne bouteille de bière de banane avec des amis. Il confie que depuis « cet incident », il craint de rentrer au-delà de 21h.

Même cas de figure pour Jeanne, veuve avec 3 enfants. Craintive, elle redoute que ce coup de tracts ne soit pas un avertissement de ce qui prochainement pourrait advenir. Un moment de peine qui la renvoie vers les années 1998- 2000. « C’était pareil. La nuit, un groupe de gens laissait des tracts, et si par inadvertance, le lendemain tu ne fuyais pas, tu étais sûr d’être rançonné ou battu ». Elle indique qu’à cette époque, tu étais qualifié de récalcitrant, celle ou celui qui ne fuyait pas. Une éventualité, confie-t-elle, qu’elle n’est pas prête à revivre. « On a assez fui, qu’ils nous laissent tranquilles ».

« Des inconnus venus de je ne sais où …»

Selon des sources concordantes, ce groupe d’individus dont le nombre oscillait à une centaine, serait passé aux environs de 4h du matin. D’après ces mêmes sources, ces individus étaient armés. Et mis de côté, les tracts qu’ils ont laissés sur cette colline de Muhanda, on ne signale aucun autre incident. Ces mêmes sources soutiennent que les tracts jetés, ce groupe d’inconnus aurait pris le tronçon Kavimvira avant de bifurquer vers la réserve naturelle de Kigwena. Zone par le passé, ayant servi de bastion aux rebelles du Cndd-Fdd du temps du maquis.

Juvénal Bigirimana: « Il faut éviter de céder à la peur. »

Quant au groupe ayant jeté des tracts dans la commune Nyanza-lac, les autorités sur place font savoir qu’il les aurait jetés dans la localité de Kabonga. Une zone proche de la frontière burundo-tanzanienne. De même qu’à Muhanda, ce groupe de gens appelle la population à épouser leur cause.

Interrogée à propos de ces agissements, l’administration rassure. « Rien que des actes d’intimidation. Cela ne doit pas pour autant inquiéter la population », indique Donatien Manirakiza, commissaire provincial. Hormis ces actes de distraction comme il les appelle, il affirme que la sécurité est bonne. «De concert avec les forces de l’ordre, les comités mixtes de sécurité veillent au grain et au moulin pour la sécurité de tous. En conséquence, la population ne doit aucunement s’en faire ».

Abondant dans le même sens, Juvénal Bigirimana, gouverneur de la province Rumonge, dans une réunion tenue mardi le 30 octobre, demandera à la population de ne pas prêter oreille à ces détracteurs. « Ne soyez pas distraits par ces agissements. Parce qu’ à l’approche des échéances électorales, c’est leur mode opératoire ».

A cet effet, il leur a demandé de redoubler de vigilance, bien plus de faire preuve de solidarité et ne jamais céder à la peur. « Leur souhait, c’est de vous contraindre à toujours fuir ».

Rumonge en proie à des arrestations ?

Mis de côté ces tracts jetés ici et là, il s'observe depuis peu des arrestations. Jeudi 1er novembre, trois personnes, dont un chef de colline, un enseignant du nom de Marc et un certain Masharubu de la colline Rutwenzi, ont été arrêtés puis incarcérés dans les cachots de la commune. Mobile de leurs arrestations: ils sont accusés d'insubordination et d’appartenance aux mouvements de groupes rebelles. «Malheureusement, ces motifs ne tiennent pas la route», déplorent leurs familles respectives. Elles dénoncent des arrestations à caractère politique. Tous les trois sont membres des partis de la Coalition Amizero y'Abarundi (le premier est membre de l'Uprona dite de l’opposition, les deux autres du FNL d’Agathon Rwasa). Quant aux activistes des droits de l'Homme, ils demandent leur libération. Une exigence à laquelle la police n'a pas encore promis de se plier. Pour le moment, elle indique poursuivre les enquêtes.

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