Elue comme présidente du conseil des Bashingantahe au niveau de la commune depuis plus d’une année, Marcelline Ningaza est fière de cette responsabilité. La population salue l’engagement et la détermination de cette femme.
De teint noir, taille un peu élancée, souriante, cette quinquagénaire indique qu’elle parvient à concilier cette responsabilité de présider le conseil des Bashingantahe et sa fonction quotidienne d’enseignante, de mère. Elle est aussi membre des associations pour la protection et la promotion des droits des enfants et des femmes.
Elle affirme qu’elle n’a pas été surprise de son élection mais cela lui a donné de la force, la confiance et le soutien des Bashingantahe de sa commune en vue de cheminer ensemble pour redorer l’image de cette institution. Le nombre de personnes qui demandent d’être investies ne cesse d’augmenter.
A titre illustratif, une dizaine de personnes dans les zones de Buruhukiro, Gatete, Kigwena et dans la zone urbaine de Rumonge ont été investies bashingantahe au cours de cette année.
Marcelline Niganza salue beaucoup la décision du président de République de revaloriser les médiations rendues par les Bashingantahe dans la communauté. Pour elle, cela réduira le nombre de procès au niveau des juridictions et contribuera à asseoir la concorde et la réconciliation au sein de la population.
« Un bureau des Bashingantahe est en chantier »
Les Bashingantahe et les amis de cette institution ont été mobilisés pour la construction d’un bureau pour ce conseil, a indiqué la présidente de ce conseil. Selon elle, il faut qu’ils aient un lieu de rencontre pour échanger sur leur mission et aussi il faut que la population puisse y passer pour s’informer du fonctionnement du conseil ou demander toute autre information.
Elle reconnaît que certains défis subsistent pour mieux accomplir leur mission. Pour elle, un mushingantahe doit être un homme/une femme de parole, de justice, d’honneur.
Il y a certains Bashingantahe qui n’arrivent pas à se départir de leurs convictions politiques et leur mission qui normalement est apolitique, d’autres exigent des pots de vin pour rendre une médiation. Elle souligne que des enquêtes sont en cours pour punir ces bashingantahe selon le règlement qui régit l’institution.
Késie Bagumako, présidente du réseau des femmes leaders en province, salue l’engagement de cette dame. Grâce à son travail de sensibilisation et de mobilisation, les femmes poussent leurs maris à intégrer l’institution des Bashingantahe.
Des femmes veuves commencent à manifester la volonté d’être investies, des femmes victimes des violences conjugales et sexuelles se confient de plus en plus aux Bashingantahe pour le règlement à l’amiable des conflits qui les opposent à leurs conjoints.
Eraste Kiburungu, un mushingantahe se félicite que l’institution des Bashingantahe va être revalorisée après quelques années de brouille et d’incompréhension. Il indique avoir élu une dame comme présidente parce que c’est une femme de caractère et engagée à la cause de la médiation.
Rappelons qu’une enquête réalisée dans la ville de Bujumbura en 1991 avait dégagé des propositions de réactualisation de l’institution des Bashingantahe.
Signalons que la commune de Rumonge compte plus de 700 personnes investies Bashingantahe.