A peine remise de la dernière épidémie, avec la pénurie d’eau, les habitants et les responsables sanitaires de cette province craignent une résurgence de la maladie.
Traumatisée, la population reste sur le qui-vive. Dans la zone Gatete (environ 10 km du chef-lieu de la province), 1ère zone de foyer de l’épidémie, les craintes sont réelles. Les voisins des familles frappées par l’épidémie craignent à leur tour d’être frappés par la maladie.
Bref, une psychose généralisée couvre toute la province. Mais, paradoxalement, loin des recommandations de l’administration et des responsables sanitaires pour observer les mesures d’hygiène, les habitants de Rumonge n’ont pas perdu leurs vieilles habitudes. Dans les mini bars, aliments et ustensiles de cuisine sont toujours lavés avec de l’eau sale.
L’eau est puisée soit dans le lac Tanganyika, soit dans les rivières qui traversent les quartiers de la ville, comme Murembwe, Mugerangabo, etc.
Une situation que, déplorent ces habitants, mais qui risque de perdurer tant que la pénurie d’eau reste toujours d’actualité.
Les habitants de Rumonge disent qu’ils peuvent passer plus de cinq jours sans voir une goutte d’eau couler dans les robinets. « Faute d’avoir mieux, malgré la mise en garde des autorités sanitaires, nous nous rabattons sur l’eau des rivières que nous faisons bouillir ».Néanmoins, disent-ils, c’est un luxe que nous ne pouvons pas nous offrir tous les jours. Le prix exorbitant du charbon de bois ne le permet pas. Heureusement, en cette matinée du lundi 28 janvier, un camion de sapeurs-pompiers est passé les ravitailler. Mais, tout le monde ne sera pas servi.
Régler la question au plus vite
Depuis que l’épidémie a été déclarée le 28 décembre, les établissements sanitaires sont servis en 1er. « En plus d’éviter les infections nosocomiales (maladies qu’on attrape lors de l’hospitalisation), au moins, la stratégie diminue les nouvelles
contaminations », explique le Dr Emile Nkurunziza, responsable du district sanitaire de Rumonge. Une approche, indique-t-il, qui devrait encore faire plus d’impact si la priorité est accordée aux établissements qui rassemblent un nombre important de personnes. Une allusion faite aux différentes Ecofo (Ecoles fondamentales de la province) et à la prison de Rumonge qui, faute d’une ligne directe de la Regideso, passent une semaine sans avoir de l’eau potable.
Prenant l’exemple de la prison, il indique que s’il advenait qu’un seul prisonnier soit atteint, il contaminerait toute la population carcérale. Et d’insister : « Nous avons beau enseigner les mesures préventives, inspecter tous les ménages et bars pour vérifier s’ils possèdent des latrines (WC), Rumonge restera toujours une région menacée par le choléra si l’administration ne résout pas au plus vite ce problème de pénurie de l’eau ».
La solution, estime M. Nkurunziza, avec la population croissante de Rumonge, la solution se trouve dans l’aménagement de nouvelles sources, autre que celle de Burambi.
Face à cette pénurie de l’eau, le gouverneur Juvénal Bigirimana assure que d’ici la fin de cette année, au moins ¾ de la population aura de l’eau potable. A ce propos, il indique que la Regideso, en partenariat avec les communautés des églises pentecôtistes de Rumonge, est en train de creuser d’autres points de captages. « Ceci permettra d’augmenter les bornes fontaines, de la sorte permettre l’approvisionnement à la partie rurale de la province». En outre, il fait savoir que l’installation des tuyaux de raccordement a déjà commencé.
En attendant que les travaux de raccordement soient effectifs, il demande à la population de gérer au mieux l’eau disponible.
Pour rappel, l’épidémie dans la province Rumonge avait été déclarée le 28 janvier 2018. 149 cas avaient été enregistrés, une personne a succombé des suites de cette maladie.