Les pêcheurs de la province Rumonge craignent un avenir incertain. Sans carburant, leurs activités sont au point mort. La commune Rumonge perd en termes de millions des recettes chaque jour.
Quartier Ruvuzo, au centre urbain de la province Rumonge, il est 18h au bord du lac Tanganyika, mardi 12 avril. Un beau coucher du soleil se reflète sur le lac rempli de centaines de bateaux de pêche tranquillement conservés, c’est beau mais c’est un mauvais signe.
Ce port de pêche, qui compte autour de 300 bateaux, est très calme que d’habitude. C’est pourtant la bonne heure pour partir à la pêche. Seulement deux pirogues s’apprêtent à braver les vagues. « Normalement, à cette heure-ci, plus de 100 bateaux seraient déjà partis », lance un pêcheur désœuvré, sur place. Il n’y aura que quelques équipes de pêcheurs à prendre le large après l’enregistrement auprès de la marine burundaise.
Le lendemain, à 6h30, nous sommes au point d’arrivée des pêcheurs qui passent toute la nuit dans le lac à la recherche du poisson. L’ambiance est très morose. Aucun pêcheur, aucun poisson. Un bateau parti à la pêche la veille débarque avec un seau à moitié rempli de ndagala. Catastrophe !
Son propriétaire affirme que ces petits poissons tous scintillants coûtent 45 mille BIF alors qu’il a utilisé trois bidons d’essence de 20 litres. « Chaque bidon a été acheté à 400 mille BIF, sur le marché noir. C’est une énorme perte ».
Juste à côté de ce port de pêche, un marché comportant des centaines de claies sur lesquelles l’on étale du poisson à vendre sont totalement vides. Des commerçantes venues chercher du poisson à revendre, sont là, désespérées.
Une commerçante de petits poissons ndagala déambule avec un petit seau de 5 litres de ndagala qu’elle vient d’acheter à 32 mille BIF. Elle veut le vendre à 35 mille BIF.
En temps normal, elle le vend à 20 mille BIF. Elle a majoré le prix à cause de la pénurie de l’essence. Mais elle peine à trouver des clients. « A cette heure-ci, on aurait déjà écoulé la moitié », confie une autre vendeuse de poisson, désemparée.
Une autre commerçante attend désespérément les clients. Elle veut vendre deux poignées de petits poissons à 7.000 BIF. Avant, elle vendait cette quantité à 5.000 BIF. Mais elle ne trouve pas de clients.
Accroupie au milieu des vendeuses, Perpétue Sibomana est venue acheter les petits poissons au marché pour nourrir ses enfants. Elle n’a que 2.000 BIF. Elle ne trouve pas de ndagala à ce prix : « C’est très cher. Il n’y en a même pas. » Elle ne sait pas comment elle va nourrir ses enfants. « Il nous faut nous remettre au haricot », lance un jeune pêcheur, d’un air taquin.
Désespoir des pêcheurs
Juvénal Nsabimana est propriétaire de 16 pirogues sur ce port de pêche. Egalement président du comité des pêcheurs de Rumonge, il affirme que tous ses bateaux de pêche sont a l’arrêt : « Les bateaux s’usent de plus en plus car ils restent sur l’eau sans activité. Les pêcheurs continuent à faire la garde nocturne des bateaux et ils sont payés chaque jour. C’est une perte car nous les payons sans faire rentrer de revenus.»
Il affirme que chaque jour, pendant la bonne saison, un bateau de pêche peut rentrer avec du poisson d’une valeur de 1 million de BIF, voire plus.
Ce ‘’patron pêcheur’’ demande à l’administration de leur donner une permission spéciale pour aller chercher l’essence en RDC ou en Tanzanie avec leurs bateaux.
Jean-Marie Ndayitwayeko, qui est propriétaire d’un bateau de pêche, affirme qu’il vient de passer une semaine sans travailler : « La vie est très pénible, ces derniers jours. Tous les pêcheurs sont rentrés chez eux. Or, c’est la pleine saison de pêche. »
Pire pour lui, il continue à nourrir son équipe de pêcheurs. Ces derniers doivent faire la garde de son bateau. Il affirme avoir déjà perdu autour d’un million de BIF.
Normalement, un bidon de 20 litres s’achète à 54 mille BIF. Aujourd’hui, cette quantité s’achète à 150 mille, le triple. « Nous préférons abandonner tout simplement ».
Il déplore le fait que la police saisit leurs bidons d’essence quand ils parviennent à s’en procurer au marché noir à Bujumbura. Or, les pêcheurs n’ont aucun autre moyen de transporter le carburant.
Ils demandent une autorisation spéciale
Le président de l’association des pêcheurs au niveau national, Gabriel Butoyi, explique que ce port de pêche du centre urbain de Rumonge compte environ 300 bateaux de pêche. « Mais, seulement deux bateaux sont partis à la pêche cette nuit ».
Il assure que toutes les activités liées à la pêche sont paralysées. « Au bord du lac, il y a des commerçants qui vendent du matériel utilisé dans la pêche. Des transporteurs de poissons ou vendeurs… Ils sont tous désœuvrés. C’est une perte énorme.»
Normalement, explique M. Butoyi, la pêche demande beaucoup de carburant. Une seule pirogue avec un moteur Yamaha utilise entre 40 et 80 litres d’essence par jour. « Si les pêcheurs n’obtiennent pas ce carburant, ils ne peuvent pas travailler ».
Le Burundi compte plus de 15 mille pêcheurs, selon Gabriel Butoyi. Et la plupart d’entre eux ne vivent que de ce métier. Ils n’ont aucune autre source de revenus. Aujourd’hui, ils sont rentrés chez eux. Ils peinent à nourrir leurs familles. Alors qu’ils gagnaient de l’argent chaque jour.
Au marché noir, les pêcheurs achètent 20 litres d’essence à 120 voire 140 mille BIF, au lieu de 54 mille BIF. « C’est beaucoup d’argent !», s’indigne-t-il. Et quand ils se débrouillent pour s’en procurer à Bujumbura avec les bidons, la police les attrape et saisit le carburant.
Or, les pêcheurs n’ont aucun autre moyen de se procurer de l’essence. Ils doivent se munir de bidons. Il demande aux autorités de leur donner une permission spéciale pour transporter le carburant.
Perte d’un million de BIF chaque jour
L’administrateur de la commune Rumonge, Jérémie Bizimana, indique que la province Rumonge est parmi les plus nécessiteuses en termes de carburant au vu des diverses activités, comme la pêche, qui demandent beaucoup d’essence.
« Si la pêche est paralysée, la commune Rumonge perd énormément de recettes. Impossible de demander des taxes aux pêcheurs encore moins aux vendeurs de poisson, alors qu’ils ne sont pas en train de travailler ». Cette autorité locale ajoute que la commune perd plus d’un million de BIF par jour sur les recettes liées à la pêche, suite à la pénurie de carburant.
D’après lui, la commune prélève 4.000 BIF par caisse de poisson. « S’il y a une grande quantité de poisson, la santé financière de la commune se porte bien, nous encaissons 1 million de BIF chaque jour. Si la saison n’est pas favorable, les recettes varient entre 300 à 400 mille BIF au minimum, par jour ».
Au mois de mars dernier, la commune de Rumonge a prélevé 1,5 million de BIF par jour sur les activités liées à la pêche, selon l’administrateur.
Il indique que l’administration provinciale donne une autorisation écrite pour les pêcheurs qui doivent aller chercher le carburant dans d’autres provinces ou pays.
Ils doivent se munir de bidons contenant de l’huile qui va être mélangé avec l’essence, une formule pour faire tourner le moteur du bateau de pêche. « C’est pour que la police soit rassurée que ce sont réellement des pêcheurs. Ceux qui disent avoir été attrapés sont ceux qui y vont sans autorisation ».
Et d’un autre côté des produits qui pourrissent par manque d’écoulement ! Allez comprendre l’économie de notre patrie ! Pourtant…
https://burundi-eco.com/bujumbura-et-rumonge-a-quand-la-mise-en-place-dune-usine-de-transformation-des-mandarines/#.YmpRKNpBzgg
À quelque chose malheur est bon… Disons que d’ici la fin de la pénurie, les lacs du pays se seront repeuplés de plus de poissons.
Il n y a pas de pénurie de fuel au Rwanda.
C’est à côté.
Nous sommes tellement tombés si bas qu’on nous sommes fevenus incapables de tricher.
Wake up
@Kabizi
De quel « wake up » (dans la tricherie?) voulez-vous parler au juste.?
@Kabizi
« Nous sommes tellement tombés si bas qu’on nous sommes fevenus incapables de tricher.
Wake up »
Tu incites les gens à tricher; ce n’est pas bien!
En cas de pénurie généralisée, une bonne organisation exige une mise en place des mesures exceptionnelles afin que les services vitaux ne soient pas paralysés. La production et le transport des biens de consommation sont en principes parmi les besoins prioritaires. Leta Mvyeyi iriko iratunganya ingene izo ngorane zogabanuka. Nico twabatoreye.