La mosaïque africaine de manioc refait surface dans plusieurs coins de la province Rumonge. Désemparés, les agriculteurs demandent une nouvelle semence plus résistante.
A Karonda, à Kigwena, vue de loin, les étendues de champs de manioc sont verdoyantes. De près, on remarque que les feuilles sont petites, déformées, enroulées et presque décolorées.
« C’est la mosaïque qui revient. On ne sait plus à quel saint se vouer », lance Léontine, une agricultrice de Kigwena, à Rumonge. Cette mère de quatre enfants indique que cette maladie sévit depuis plusieurs mois.
Emmanuel Mbonimpa, cultivateur et vétérinaire de la colline Nyakuguma, confirme : « C’est aujourd’hui généralisé dans notre région. » Il lie cette recrudescence à la mobilité des gens à cause de la crise, source de la circulation des semences incontrôlées. Il explique qu’avec les efforts des associations agricoles, notamment la multiplication des semences, la mosaïque était sur le point d’être éradiquée. « Mais aujourd’hui les agriculteurs viennent de plusieurs localités et amènent leurs propres semences. Aucun contrôle n’est fait pour voir si ces dernières ne sont pas affectées. » Il évoque aussi des semences en provenance de la RDC ou de la Tanzanie.
L’administration confirme aussi cette recrudescence de la mosaïque africaine de manioc. Yolande Ntihabose, chef de la zone Kigwena, signale que la situation est inquiétante : « Même les semences dites résistantes à cette pathologie ne sont pas épargnées.» Ce qui influe négativement sur sa production, alors qu’il est très prisé dans l’Imbo. « Le manioc constitue une des principales denrées alimentaires pour plus de 85% de la population. Sa pâte et ses feuilles sont consommées.»
Au marché, les conséquences sont visibles. Evangeline Kamikazi, une autre agricultrice de Cabara (Rumonge), fait savoir qu’1 kg de farine de manioc se vend à 600BIF au lieu de 400BIF auparavant. Une pièce de chikwange moyen (ubuswage) de 200BIF naguère s’achète 500BIF.
Urgence d’une nouvelle semence
« Qu’on nous trouve une nouvelle semence capable de résister à cette maladie. Sinon, nous allons mourir de faim », alerte Mme Kamikazi. Idem pour Mme Ntihabose qui ajoute que cela permettrait aux agriculteurs de Rumonge d’augmenter la production. « J’ai entendu qu’à Makamba, il y a une nouvelle semence très productive en cours de multiplication. Qu’on fasse de même ici. »
Côté ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et de l’Environnement, un cadre contacté tranquillise ces agriculteurs : « Des recherches sont en cours pour trouver d’autres semences susceptibles de résister à cette pathologie.»