« Quand on ne sait pas s’exprimer, quand on ne manie que de vagues approximations, comme beaucoup de jeunes, il ne reste que les poings, la violence fruste, stupide, aveugle. » La citation de Jacqueline Worms De Romilly devrait interpeler nos politiques et ceux qui nous gouvernent.
L’intolérance politique, surtout au sein de la jeunesse, va crescendo. Elle tourne mal. Dans les quatre derniers numéros qui se sont succédé, Iwacu a rapporté des intimidations, des fouilles-perquisitions, des arrestations faites par certains jeunes du parti au pouvoir envers ceux de l’opposition. Nous avons alerté les autorités suite à certains cas de disparition, au risque de radicalisations, surtout que les jeunes du parti CNL avaient juré leurs dieux qu’ils ne se laisseraient plus faire.
Il nous a semblé que c’était notre devoir de citoyen de rappeler les missions fondamentales de la police : protéger et servir.
Le dernier cas de Rukira, commune Butihinda en province Muyinga est emblématique-il n’est pas isolé, malheureusement-. Nos reporters se sont rendus sur place et sont rentrés choqués par la violence qui règne sur place. Des jeunes de différents partis se sont affrontés avec violence. Il y a eu des blessés et même un décès. La famille est sommée de ne pas faire le deuil. Ceci rappelle de mauvais souvenirs. Des personnes sont contraintes de vider les lieux, de peur des représailles. La situation est inquiétante.
L’enquête menée par Iwacu montre, hélas, que certains administratifs choisissent un camp. Des listes sont dressées par des administratifs. L’administrateur de Butihinda rejette la présence d’un parti, CNL, dont les membres sont les plus visés : « Ce parti n’existe pas dans notre commune. » Un déni, donc. D’autres responsables ont minimisé ces incidents en les qualifiant de problèmes « mineurs » impliquant des jeunes ayant pris un verre de trop. Mais, quand il y a mort d’homme, cela devrait être un signal d’alarme pour les autorités.
L’heure est grave. A chacun de jouer son rôle pour arrêter cet engrenage de la violence. Le gouvernement doit adresser un message clair et fort indiquant que la violence par des militants de tous les partis ne sera pas tolérée. Les chefs de ces formations politiques doivent transmettre ce message à leurs militants. La police et l’administration sont invitées à prendre des mesures plus fermes pour prévenir et sanctionner les violences. Quant aux responsables de ces actes ignobles, ils doivent être traduits devant la justice, indépendamment de leur appartenance politique.