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Ruhororo : un passé qui ne passe pas

05/05/2013 Commentaires fermés sur Ruhororo : un passé qui ne passe pas

Après [les violences de ce dimanche->http://www.iwacu-burundi.org/spip.php?article4061], le calme semble revenu. Mais un climat de méfiance et de suspicion entre les déplacés du site Ruhororo et la population environnante se fait sentir. Les deux camps semblent avoir interrompu toute communication.

<doc5902|left>Commune Ruhororo. Au site des déplacés longeant la route Ngozi-Gitega. Après les troubles de la nuit de ce dimanche, qui ont occasionné des dégâts (9maisons démolies, champs de bananeraies détruis, 5 personnes blessées), le calme semble revenir. Mais il n’est que précaire. La tension reste palpable au sein de la population. « Nous entendons que les Hutu des collines avoisinantes sont en train d’aiguiser des machettes pour revenir nous attaquer », me confie, la peur au ventre, une mère vivant dans le site.

La communication entre les déplacés majoritairement d’ethnie tutsi et la population environnante considérée comme faite de Hutu, est au point mort. Comme le poursuit cette dame « déplacée », ils ne peuvent plus se rendre dans leurs champs situés en dehors du site pour récolter ni pour le simple labour.
« Les jeunes du parti au pouvoir, les Imbonerakure, soutenu par l’administrateur communal et Donatien Ndavyitwayeko alias Kibiriti, le chef de poste de police, sont là pour traquer et probablement faire du mal à quiconque tenterait de s’aventurer en dehors du site », affirme-t-elle.

Même son de cloche chez la population avoisinante. I.G est une maman qui affirme être d’ethnie hutu. Elle affirme qu’elle ne peut même pas s’approcher de ce site des déplacés pour le moment : « Aller faire des achats au marché qui s’y trouve, ça, on n’en parle pas. »

Signalons également que, selon certaines sources, des familles considérées comme d’ethnie « hutu » qui habitaient tout près du site ont déjà pris fuite, et leurs ménages ont été saccagées et pillées après leur départ.
Certains écoliers ne savent plus quoi faire. Irakoze Pennine étudie à l’école primaire Mugasuruza. Depuis lundi elle ne se présente plus à l’école. « Au lieu de me faire tuer une fois sortie du site, je préfère rester ici », se justifie-t-elle.

Mardi avant-midi. Ecole Primaire Kinyami, à un kilomètre du site. Pas plus d’un tiers d’écoliers a répondu présent. En troisième année, la classe est presque vide. Sur l’effectif de 100, 30 seulement sont présents. En deuxième année, on ne peut que compter 24 écoliers sur 104. « Certains enfants craignent de venir à cause du mauvais climat qui règne actuellement. Il y a même un en provenance du site qui est arrivé tardivement et qui nous a confirmé qu’il avait été arrêté par des personnes inconnues en cours de route », signale la directrice de ladite école, Christine Mukeshimana.

Les autorités pointées du doigt s’expliquent

Pour l’OPP1 Donatien Ndavyitwayeko alias Kibiriti, c’est plutôt grâce à lui que les choses sont revenues à la normale. « N’eut été mon intervention les choses auraient dégénérés », affirme-t-il. Pourtant, il ne nie pas sa présence lors des démolitions des maisonnettes des déplacés pendant la nuit de ce dimanche.
Quant à l’administrateur, Clément Baryakaziri, il rejette en bloc toutes les accusations portées contre lui. « Je n’étais pas là quant on a détruit ces constructions », se défend-t-il. Toutefois, les habitants du site affirment l’avoir vu pendant la nuit du dimanche à côté des « casseurs ».

Les militaires en hausse, les policiers en baisse ?

« Heureusement que les militaires sont maintenant ici, sinon les choses se seraient empirées », se réjouit un habitant du site. « La police est la première qui est impliquée. Elle collabore avec les jeunes militants du parti au pouvoir », poursuit-il. Propos qui peuvent être jugés, a priori, normales. « A un certain moment les militaires étaient du côté de ces déplacés », murmurent un paysan rencontré tout près de ce site. I.G est hutu. Selon ses dires, le calme qui s’observe actuellement est dû à la présence des militaires. « Les policiers ont été submergés par les événements et se sont montrés incapables d’assurer la sécurité de tous », constate-t-elle.

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