Les déplacés des sites Ruhororo et Mubanga ne sont pas prêts à regagner leurs collines d’origine tant que la Commission Vérité et Réconciliation (CVR) n’est pas établie. D’après eux, l’Etat devrait d’abord étudier les problèmes socio-ethniques avant de mettre en place la CNTB.
<doc4029|left>La guerre civile qui a secoué le pays depuis 1993 n’a pas épargné la province de Ngozi plus précisément la commune Ruhororo, qui prime devant la commune Tangara et Mwumba, disent les sources en provenance des autorités communales à Ngozi. Selon ces sources, cette situation désastreuse a créé un phénomène migratoire largement considérable. La commune Ruhororo, à elle seule, comprend actuellement deux sites des déplacés (Ruhororo et Mubanga), ressortissants des communes limitrophes à Ruhororo. Entre autres Gitaramuka de la province de Karusi, Muhanga de Kayanza et Mutaho de de Gitega, sans oublier les déplacés natifs de ladite commune.
Selon ces déplacés, ces deux sites comptent environ 20 mille personnes qui ont peur de regagner leurs collines suite à l’insécurité.
La CVR d’abord !
Ces déplacés, majoritairement tutsi, indiquent qu’il est incompréhensible de cohabiter avec les gens qui ont massacré leurs familles. Selon eux, la plupart de gens qui ont tué les leurs sur leurs collines d’origine, sont toujours libres et ils n’ont jamais été arrêtés et poursuivis par la justice. Jusqu’à cette heure-ci, poursuivent-ils, il n’y a aucune preuve qui nous rassure que la situation sécuritaire sur notre colline d’origine est bonne, car nous entendons toujours les gens qui sont toujours tués ou menacés du jour au lendemain. Ces déplacés précisent que même les personnes accusées de crimes sont arrêtées et libérées quelques jours après, sans savoir comment ils ont été jugés.
<doc4030|right>Ils précisent en outre que la visite du président de la Commission Nationale Terres et autres Biens(CNTB) dans le site de Ruhororo en avril n’a pas été bénéfique car, ils attendaient un message de réconciliation et de pacification. Selon eux, cette autorité les a par contre obligés de rentrer par force et dans les meilleurs délais sans même entendre leurs doléances.
Après cette visite, la confiance entre ces déplacés et les habitants qui sont restés sur les collines a diminué. Actuellement, ces déplacés soulignent qu’après les activités champêtres, ces habitants les obligent de rentrer avec leurs outils de travail (houes, machettes et serpettes) alors qu’ils étaient bien gardés chez eux et récupérés le lendemain quand ils reviennent aux champs. Ils indiquent qu’ils avaient même commencé à partager la bière dans les bistrots ou dans des les différentes festivités. « Tout cela a changé après la visite du président de la CNTB », affirment les déplacés.
Pour eux, avant de mettre en place la Commission Nationale Terres et autres biens(CNTB), le gouvernement devait d’abord créer la Commission Vérité et Réconciliation dans le but d’étudier toutes les questions socio-ethniques. Ils demandent enfin à la justice de donner la lumière sur la mort de Melchior Ndadaye et Cyprien Ntaryamira, deux présidents burundais massacrés et dont les dossiers semblent jusqu’alors être oubliés.
Selon Claude Nahayo gouverneur de la province de Ngozi, la CVR ne sera pas mise en place après le départ de ces déplacés. Il précise que toutes les ethnies ont été victimes de cette guerre civile.