Un climat malsain règne à Rugombo entre les cotonculteurs et les éleveurs. Motif : plus de 400 hectares sont régulièrement ravagés par des vaches. L’administration provinciale envisage de multiplier des réunions de sensibilisation pour faire baisser la tension.
<doc4612|left>D’une étendue de 80 hectares et régulièrement exploitées par les cotonculteurs, les terres de Mukingiro et Kibuko, à 2 Km du chef-lieu de Cibitoke sont déjà volontairement ravagées par des vaches, au grand dame des administratifs à la base.
Raphaël Niyonzima, un cultivateur, ne cache pas son mécontentement. « Nous n’allons pas nous laisser faire. Ce mauvais comportement doit cesser coûte que coûte », s’insurge-t-il. Selon cet octogénaire de 8 enfants, les gardiens de vache laissent leur troupeau brouter les champs de coton. Raphaël Niyonzima explique qu’il avait cultivé un champ de ½ hectares. Pour le moment, continue-t-il, le sol est nu.
Bernadette Nzeyimana, rencontrée dans son champ, est dans un état de désespoir total. « A deux reprises, j’ai déjà surpris les gardiens avec leurs vaches dans mon champ. J’ai toujours eu peur d’approcher craignant pour ma propre sécurité », fait-elle savoir, avec les larmes aux yeux. Selon elle, le préjudice causé par ces vaches est énorme. Elle dit que ses enfants risquent d’arrêter leurs études car elle ne va plus avoir de l’argent pour payer les frais de scolarité. En outre, poursuit-elle, c’est à peine qu’elle va recouvrer l’argent destiné aux intrants agricoles octroyés par la Compagnie de gérance de coton (COGERCO) bien que la récolte ait été bonne cette année.
A présent, pour se rendre dans leurs champs, les cotonculteurs sont accompagnés par les policiers de la protection civile et les moniteurs agricoles. Selon les informations reçues sur place, un cotonculteur a failli perdre sa vie suite aux nombreux coups de bâton que les gardiens de vache lui ont administrés, il n’y a pas deux semaines.
Les propriétaires des vaches ne nient pas que certains gardiens laissent volontiers leurs troupeaux ravager les champs de coton. Toutefois, ils rejettent en bloc les accusations selon lesquelles, les gardiens agissent au nom de leurs employeurs. « Un gardien rattrapé avec des vaches dans un champ de coton doit endosser la responsabilité », explique un des propriétaires des vaches de Mukingiro.
Les gardiens de vaches dans la ligne de mire de la police
La police de la protection civile à Cibitoke pointe du doigt les gardiens de vaches qui sont souvent attrapés avec leurs bêtes dans les champs de coton. « Sur demande des cotonculteurs et de la COGERCO, la police a multiplié des patrouilles jusque même dans les champs de coton », témoigne un policier rencontré à Kibuku à la tombée de la nuit, mardi 3 juillet. Selon lui, plusieurs vaches sont déjà attrapées en train de ravager les champs de coton pendant même la journée. Pour preuve : « plus de 200 vaches ont été gardées au bureau de la zone Cibitoke pendant deux jours », poursuit le policier. Ces vaches ont été récupérées par leurs propriétaires après que ces derniers aient payé une amende à l’administration.
Du côté de la COGERCO, le ton est le même. Gordien Ruvugo, agronome communal de Rugombo, affirme que les gardiens de vaches ont pris la mauvaise habitude de laisser leurs troupeaux ravager les champs.
D’après lui, des têtes risquent de tomber si cette situation ne s’arrête. Il ajoute que les relations entre éleveurs et cotonculteurs sont pour le moment tendues. Ce qui rappelle, selon lui, les années sombres où les deux parties se livraient des batailles rongées. Il rappelle en outre que plus de 50 vaches ont été tuées, il ya deux ans, après avoir consommé du poison.
Le conseiller économique du gouverneur de Cibitoke dit être au courant de cette situation. Rubin Tubirabe demande avec insistance que le propriétaire d’une vache attrapée dans le champ d’autrui paie le préjudice causé. Avant de conclure : « des séances de sensibilisation seront incessamment menées de part et d’autre pour éviter les dégâts. »