Plus de 40 vaches volées en l’espace de deux mois. Les éleveurs vivent dans une peur panique et déplorent l’inaction de l’administration et des forces de l’ordre. Ces dernières promettent de prendre des mesures draconiennes à l’endroit des voleurs.
« Nous dormons la peur dans le ventre. Nos vaches sont constamment volées », se lamentent les éleveurs de vaches dans la commune Rugombo en province Cibitoke, au nord-ouest du Burundi. Les localités les plus menacées sont la 12e à la 6e transversale sur les collines Rusiga, Kagazi et Nyongerigufa. Le vol est commis souvent les mercredis, vendredis et samedis, entre 23 h et 3h du matin.
G.V., éleveur de vaches sur la colline Rusiga, sur la 10e transversale, affirme que les voleurs de vaches sévissent dans cette localité depuis un bout de temps. Il juge incompréhensible que des vaches soient volées et disparaissent alors qu’il y a des patrouilles des forces de l’ordre et des comités mixtes de sécurité. Et de déplorer : « Nous alertons l’administration et les forces de l’ordre qui traînent les pieds. Quand ils arrivent, les voleurs se sont déjà volatilisés dans la nature ». Cet éleveur demande aux forces de l’ordre d’intervenir rapidement en cas d’alerte.
« Nous passons des nuits blanches. Nous entendons des alertes chaque nuit. En l’espace de trois semaines, cinq vaches viennent d’être volées dans mes étables. Je suis dépassé par les événements », s’indigne N.D. Toutes les mesures prises pour sécuriser nos étables, poursuit-il, sont vouées à l’échec.
Ces voleurs ne sont, jusqu’à présent, ni identifiés ni attrapés. Les éleveurs rencontrés disent que ce sont des Burundais qui travailleraient avec les Congolais. « Comment un Congolais peut savoir quand je dors, quand je fais la ronde. Ce sont des compatriotes qui sont impliqués dans ce vol», dénonce G.N.
Même plainte du côté de N.J. qui déplore le vol de trois vaches. « Il y a des receleurs parmi les Burundais ». Et d’ajouter qu’il y a échange de vaches entre voleurs burundais et voleurs congolais. Cet éleveur rejette la responsabilité sur l’administration communale et les forces de l’ordre. Et de les interpeller: «Nous payons des taxes communales pour chaque vache. C’est pourquoi l’administration devrait nous donner un coup de main.»
Ces éleveurs sont dans la détresse. Certains commencent même à vendre leurs troupeaux aux enchères. «J’ai opté pour vendre toutes mes vaches au risque de tout perdre », confie un autre éleveur.
Des astuces dans ce vol
Selon les éleveurs interrogés, il est difficile de savoir la tactique utilisée par ces voleurs. Ils affirment que la plupart des vaches volées sont transportées en RDC et celles volées en RDC sont embarquées au Burundi.
« Nous ignorons comment ils opèrent. Certaines vaches sont acheminées au Congo. D’autres sont amenées vers une destination inconnue. Nous ne parvenons pas à les retrouver », s’indigne un éleveur rencontré sur la colline Rusiga.
Un berger de la colline Kagazi s’étonne : «Nous étions habitués aux voleurs classiques, mais ceux d’aujourd’hui sont très dangereux et malins. Certains viennent la nuit, embarquent les bêtes dans des véhicules vers des destinations jusqu’ici inconnues.»
Propos confirmés par un éleveur : «Récemment, on a intercepté deux voitures Probox sur la rivière Muhira transportant des vaches.»
Un autre berger fait savoir que ces voleurs sont souvent armés de machettes. Lui aussi n’en revient pas : « Nous ignorons la tactile utilisée. Ils trompent la vigilance des veilleurs.»
Ces éleveurs se sont organisés pour payer les veilleurs qui effectuent des rondes. Mais ces mesures restent vaines. Les éleveurs réclament une position militaire à proximité des étables. Ils demandent également à la justice de punir les voleurs : « Nous nous étonnons que les voleurs passent le temps de la rosée dans les prisons. Après ils viennent nous narguer et nous menacer.» Si cette situation perdure, prévient-il, les éleveurs risquent de se faire justice.
L’administration tranquillise
Béatrice Kaderi, administrateur de la commune Rugombo, reconnaît la recrudescence des cas de vol dans son entité administrative. Elle envisage d’organiser et de multiplier des réunions dans le cadre de la quadrilogie : « Nous allons collaborer avec les forces de l’ordre pour voir comment traquer ces voleurs ». Cette autorité déplore qu’il y ait perméabilité sur les deux frontières. Selon elle, il y aurait complicité entre des Burundais et des Congolais. « Nous allons doubler de vigilance sur les frontières ».
Mme Kaderi demande à la population, en général, et aux éleveurs, en particulier, de rester vigilants et d’alerter à temps l’administration et les forces de l’ordre.
Bonfort Ndoreraho, commissaire provincial de la police, fait le même constat : « Le vol du gros bétail s’intensifie.» Il promet d’instaurer un nouveau système de patrouilles nocturnes. Il signale avoir contacté ses homologues de la RDC pour voir comment renforcer la sécurité sur les deux frontières communes.
Quant aux autorités judiciaires, le président du Tribunal de Grande Instance de Cibitoke promet de juger tout voleur appréhendé dans un procès de flagrance.