Le personnel de la commune réclame des arriérés de près de deux mois. L’administration assure qu’elle est en train de résoudre la question.
<doc5042|right>Les percepteurs des taxes communales dans différents marchés de la localité sont mécontents. Selon eux, la commune n’a pas encore déboursé leurs salaires de près de deux mois. Mais, deux superviseurs de ces percepteurs sont payés régulièrement. « Nous ne comprenons pas comment ces deux superviseurs continuent d’être payés, alors que nous, qui percevons ces taxes, sous un soleil accablant, ne sommes pas rémunérés », déplore un de ces percepteurs. Selon lui, ces superviseurs récemment recrutés, perçoivent 10% des recettes mensuelles, qu’ils partagent à deux seulement. « Si nous apportons 7 millions de Fbu par mois, les superviseurs reçoivent 700 mille Fbu, c’est-à-dire 350 mille Fbu chacun », explique ce percepteur. Ils se plaignent même que, parfois, la commune ne leur paie pas les 10 mille Fbu qu’ils devraient recevoir mensuellement. En outre, il indique que trois de ces leurs collègues ont déjà rendu leur tablier à cause de ces arriérés. « Nous préconisons de faire une marche manifestation pour dire non à cette injustice. Et d’ailleurs il faut que ces superviseurs soient limogés. Sinon, c’est un détournement d’argent pur et simple », signale-t-il.
Même son de cloche chez les agents de la commune : « Nous réclamons nos arriérés de plus deux mois. Mais aussi notre salaire nécessite d’être revu à la hausse parce que la commune enregistre des rentrées énormes», indique un des agents de la commune. Il regrette aussi le recrutement par les responsables de la commune de ces deux superviseurs : « L’argent qu’ils perçoivent n’est inscrit nulle part dans le budget. »
Les salaires ont servi dans les œuvres du cinquantenaire
La direction communale de Rugombo reconnaît avoir des arriérés de salaire d’un mois et demi envers son personnel. « Les œuvres du cinquantenaire ont occasionné beaucoup de dépenses, ce qui a fait que nous n’avons pas pu couvrir la totalité des salaires. Mais, nous avons déjà commencé les régularisations que nous comptons terminer dans les prochains jours », explique Patrick Icoyitungiye, conseiller chargé du développement communal. Il mentionne quelques œuvres réalisées à l’occasion de ces célébrations : le stade de Rugombo, l’école primaire de Rukana.
A propos de l’embauche des deux superviseurs, ce conseiller n’y va pas par quatre chemins : « Le conseil communal a le plein droit de recruter de nouveaux travailleurs, s’il le juge nécessaire. Et nous avons adapté le budget à ce besoin. » Ainsi, il affirme que les 10% des recettes fixées comme rémunération à ces deux superviseurs ont été décidées par le bureau du conseil communal. « Avec ces nouveaux superviseurs, les rentrées communales ont augmenté jusqu’à 50%. C’est donc une bonne stratégie pour réduire les cas de détournement soupçonnés», fait-il savoir.
« Problème de priorisation des dépenses ! »
Concernant cette question des arriérés des salaires, Jean-Claude Rindi, inspecteur des finances communales à Cibitoke, constate plutôt un problème de priorisation des dépenses pour la commune de Rugombo : « La loi communale mentionne que parmi les 12 dépenses communales prioritaires, le salaire et les cotisations sociales sont les principales », indique-t-il. De surcroît, il se dit stupéfait que la commune de Rugombo ne parvienne pas à payer les salaires de son personnel : « Les recettes mensuelles sont comprises entre 5,5 et 6 millions de Fbu et le montant des salaires est estimé à 2,5 millions de Fbu le mois.»
Outre ce problème, cet inspecteur trouve aussi que cette commune a des difficultés de recouvrement des taxes. Il évoque des pertes sur l’impôt locatif, le gros bétail, le loyer des échoppes… « C’est l’administration qui devrait percevoir toutes ces taxes, à défaut, la cour-anticorruption. Malheureusement, tout ce monde ne paie pas.»
Quant à la question des superviseurs, cet inspecteur assure qu’il va s’en enquérir dans les prochains jours. « Si cette information est avérée, cela serait hors la loi, d’autant plus que le budget communal ne le prévoit pas », souligne-t-il. Il suggère, par ailleurs, à la commune de Rugombo de tout faire pour payer son personnel : « Ne pas payer 10 mille Fbu à ces percepteurs peut qu’encourager les détournements », conclut-il.