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Rugombo-Bugarama : le Rwanda continue de mettre la pédale douce aux taxis burundais

05/05/2013 Commentaires fermés sur Rugombo-Bugarama : le Rwanda continue de mettre la pédale douce aux taxis burundais

Cinq taxis burundais saisis il y a deux semaines par la police rwandaise à Bugarama ont été remis en circulation ce dimanche. La colère des chauffeurs ne s’éteint pas face à une interdiction qui semble contraire à l’esprit de l’EAC.

<doc7444|left>L’histoire remonte à l’été dernier, les chauffeurs burundais faisant le transport en commun sur le trajet Rugombo (province de Cibitoke)-Bugarama (Province de l’Ouest du Rwanda) s’étaient vu refuser le droit de prendre les clients sur le sol rwandais par les services de la douane rwandaise. D’après ces chauffeurs, leur travail se limitait à conduire les passagers jusqu’à Bugarama. Car sur le retour, ils ne pouvaient embarquer personne jusqu’à Ruhwa (frontière burundo-rwandaise). Le motif ? Ils ne payent pas les taxes au trésor public rwandais. Par conséquent ils doivent donc céder la place aux motards rwandais …

Côté burundais, c’est évidemment la soupe à la grimace. « Les chauffeurs rwandais travaillent aisément chez nous. De plus, l’intégration dans l’East African Community (EAC) autorise la libre circulation des biens, des personnes et des capitaux au sein des pays membres. Pourquoi les Rwandais ne peuvent-ils pas prendre en considération ces éléments pour nous laisser travailler ? » s’interroge Martin Ntirandekura, un chauffeur. Et de déplorer les coûts et les efforts consentis pour être en ordre avec l’administration rwandaise. « On nous a exigé un parking chez eux, nous avons dû le chercher et nous avons même un bâtiment abritant notre bureau dont le loyer est de 500.000 Frwa tous les 5 mois. Le numéro d’immatriculation fiscale et d’autres documents que nous avons cherché à Kigali nous ont coûté respectivement 25 mille Frwa et 350 mille Frwa », précise-t-il. En outre, Il fait savoir que lui et ses collègues avaient sur eux l’assurance du COMESA (Common Market for Eastern and Southern Africa), leur permettant de circuler au Rwanda.

Les chauffeurs burundais indiquent que des amendes continuent d’être infligées à tout conducteur attrapé en train de faire entrer au Burundi des gens de retour du Rwanda. Au début de la semaine dernière, la situation est devenue plus compliquée. La police rwandaise en collaboration avec les motards ont commencé à malmener les taximen burundais. « Si par malchance ils te voient avec une autre personne dans la voiture, même pour un lift, tu es sérieusement tabassé et ils saisissent ta voiture », déplore un taximan. Et d’ajouter que 5 taxi-voitures sont jusqu’à présent bloqués à Bugarama.

Une grève de 4 jours …

Du 21 au 24 février dernier, aucun taxi n’allait au Rwanda. Les chauffeurs burundais avaient décidé d’arrêter de travailler pour presser la police rwandaise afin qu’elle libère les voitures de leurs collègues. La route sur la frontière de Ruhwa était presque bloquée. Très remontés, les chauffeurs empêchaient parfois les gens d’entrer ou de sortir du Rwanda.

Le déplacement était devenu très difficile pour les passagers, particulièrement pour les Rwandaises habituées à venir s’approvisionner au marché de Rugombo. Ils devaient prendre la moto, ou le vélo. Et un simple saut à Bugarama pour quelqu’un qui quitte Rugombo à moto, coûte 5000Fbu, soit le double du trajet en taxi). Ainsi deux ou trois personnes prenaient une seule moto pour pouvoir partager le poids de la facture. Le choc était surtout ressenti chez ceux qui devaient transporter des bagages.

«Une solution prochainement»

Le 22 février, les responsables de la police de Cibitoke, dont le commissaire de police, ont rencontré l’autorité policière rwandaise de la région ouest pour étudier la question des voitures saisies. Selon les chauffeurs burundais, le commissaire de police à Cibitoke leur a dit qu’ils ont réalisé que le commandant de station police à Bugarama a commis des erreurs en faisant saisir les voitures. « Mais, il nous a recommandés de laisser passer les gens voulant traverser la frontière en attendant qu’ils résolvent le problème», indique C.K., un chauffeur.

Interrogé à ce propos, le commandant de station police à Bugarama n’a pas voulu s’exprimer. Mais le commandant de district promet qu’il y aura des poursuites judiciaires pour les gens qui ont malmené les chauffeurs et leurs clients.

Signalons que dimanche dernier, la police rwandaise a remis en circulation les taxis saisis. Mais, le fait de prendre les clients du côté du Rwanda reste interdit. « Nous ne pouvons pas accepter que les chauffeurs burundais qui ne payent rien comme taxes au Rwanda continuent de nous prendre des clients », fulmine Ndayiziga, vice-président de l’association des motards, côté Bugarama.

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