Sur la colline Rukana II, les agriculteurs accusent les éleveurs de faire paître le bétail dans leurs champs. Un conflit qui se réveille à chaque saison sèche …
« Plus de 80ha sur cette colline ont été détruits par le cheptel des éleveurs », accuse, la gorge nouée, Issa Ngendakumana, un agriculteur. Qui affirme n’avoir presque rien récolté dans ses champs de maïs, de sorgho, de manioc : « Je ne parviens plus à subvenir aux besoins de ma famille. » Ses larmes illustrent parfaitement la colère qui ronge les agriculteurs de Rukana II. Ainsi, ce samedi 17 mai, une bagarre a éclaté entre eux et les éleveurs de la place.
Bilan : un agriculteur blessé dans l’œil et un autre au cachot de la commune. Heureusement, le chef de zone et le chef du poste de police sont vite intervenus.
Des incidents qui commencé en octobre 2013. Les bergers peu scrupuleux dirigeaient alors et exprès leurs vaches vers les champs. En réaction, les agriculteurs les gardaient. Les bêtes étaient ensuite conduites aux bureaux de la commune. « Le conflit était réglé à l’amiable et les propriétaires des vaches acceptaient de payer une amende mais, beaucoup sont ceux qui n’ont pas payé, depuis. »
La pratique a persisté, au grand étonnement des agriculteurs qui ne comprennent pas « le laxisme de l’administration. » Ce que, naturellement, réfutent les bergers. Ainsi, pour N., « ce sont les agriculteurs qui dirigent les vaches dans leurs champs et nous font porter le chapeau. »
Augustin Niyimpa, lui, a déjà abandonné son champ : « Depuis plus de 6 mois déjà que je ne cultive plus sur mon terrain sur la colline Rukana II. Je travaillais à perte et j’évitais ainsi les disputes. »
« Ils doivent cohabiter pacifiquement »
Les agriculteurs et les éleveurs sont complémentaires et sont importants pour notre communauté, rappelle Béatrice Kaderi, administrateur communal de Rugombo. Elle affirme avoir tenu plus de deux réunions à l’endroit des protagonistes et les avoir aussi convoqués aux bureaux de la commune. « L’objectif est de pacifier les relations. Mais, après nos enquêtes, précise-t-elle, nous avons trouvé que les éleveurs sont responsables de ces querelles incessantes. » Mme Kaderi indique également que la commune oblige aux auteurs du délit à réparer les dégâts. Mais, elle reconnaît que ce n’est pas toujours évident.
Prosper Barakamfitiye, directeur provincial de l’agriculture et de l’élevage conseille aux deux parties en conflits de se supporter puisqu’ils sont obligés de cohabiter ensemble. Ils doivent bien diriger leurs troupeaux ou élever un nombre raisonnable de bétail, ajoute-t-il. Le DPAE propose aux éleveurs de nourrir leurs vaches dans les étables pour éviter un conflit quelconque avec les agriculteurs.