Alors que s’ouvre ce mercredi le procès en appel des 4 journalistes burundais arbitrairement emprisonnés depuis plus de six mois, Reporters sans frontières (RSF) exhorte les autorités à prononcer leur libération immédiate et l’abandon total des charges qui pèsent contre ces reporters qui n’ont rien à faire en prison.
C’est dans la matinée de ce mercredi 6 mai 2020 que les 4 journalistes d’Iwacu ont comparu pour la première fois en appel devant la Cour d’Appel de Ntahangwa siégeant en itinérance à Bubanza. Reporters Sans Frontières(RSF) ’’exhorte les autorités à prononcer la libération immédiate et l’abandon total des charges qui pèsent contre ces reporters qui n’ont rien à faire en prison’’.
Emprisonnées depuis plus de 6 mois, Agnès Ndirubusa, Christine Kamikazi, Térence Mpozenzi et Egide Harerimana, sont aujourd’hui, condamnés pour ’’tentative impossible à la complicité d’atteinte à la sûreté intérieure de l ’Etat’’, c’est une peine de deux ans et demi de prison, plus une amende d’un million de francs burundais chacun.
« Si la justice se base sur les faits et dit le droit, la libération et l’acquittement de ces quatre journalistes est la seule issue possible de ce procès en appel », estime Arnaud Froger, responsable du bureau Afrique de RSF.
« Ils n’ont fait que leur métier en allant couvrir un sujet qui aurait amené n’importe quelle rédaction du monde à envoyer une équipe de reporters sur le terrain », rappelle-t-il.
« Nous exhortons les autorités à les libérer et à abandonner les charges qui pèsent contre eux. Ces journalistes, comme l’ensemble de la presse du Burundi, devraient pouvoir aborder tous les sujets, y compris les plus sensibles, sans crainte de représailles à l’approche de l’élection présidentielle du 20 mai », lance Arnaud Froger.
Selon ce responsable du bureau Afrique de RSF, « l’accès à une information libre, indépendante et critique est une condition indispensable à la tenue d’un scrutin crédible et transparent ».
Les quatre journalistes ont été arrêtés le 22 octobre 2019 alors qu’ils étaient partis à Musigati en province de Bubanza couvrir une attaque surprise d’un groupe de rebelles burundais basé dans l’est de la RDC.
Accusés de complicité avec les assaillants, les journalistes n’ont pourtant eu aucun lien avec eux comme l’avait clairement démontré leur procès en première instance.
En vain, le 30 janvier dernier, les quatre reporters ont été condamnés à deux ans et demi de prison ferme, en plus d’une amende d’un million de francs burundais chacun, pour “tentative de complicité d’atteinte à la sécurité de l’État”.
La pétition lancée par RSF pour demander leur libération a déjà recueilli près de 7.000 signatures depuis le début de l’année.
Depuis 2015, le Burundi a reculé de 15 places dans le Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF. Le pays occupe aujourd’hui la 160ème position sur 180 pays.