Le Conseil national de la communication, CNC, vient de lancer un numéro WhatsApp, le 79 70 77 77 « pour recevoir des messages d’évaluation des prestations des différentes radios et télévisions ». Cet organe de régulation « voudrait que la population contribue à cette importante action des médias par un regard critique et constructif.» Cette nouvelle a provoqué une onde de choc dans les esprits aussi bien des professionnels des médias que des consommateurs de l’information.
Les médias audiovisuels proposent au public une offre d’informations, de contenus, de récits, de divertissements. Afin d’assurer le respect de certaines valeurs comme la dignité de la personne humaine, la sauvegarde de l’ordre public, la lutte contre les discours de haine et les fausses informations, un organe de régulation est mis en place. Celui-ci est doté d’un personnel professionnel et, théoriquement, bien outillé pour exercer son délicat travail dont la finalité est de veiller à ce que des médias publics et privés fournissent en toute liberté une information de qualité.
Comme le stipule l’article 275 de la Constitution, le CNC est l’un des Conseils nationaux mis en place par l’Etat en vue d’assurer une large participation des citoyens à la gestion des affaires publiques. L’alinéa 2 précise que le Gouvernement garantit à ces conseils les moyens nécessaires à leur fonctionnement.
Analyser, critiquer les médias est une tâche délicate. On se demande alors comment une population, qui n’a pas nécessairement cette compétence, peut-être associée à ce travail hautement sensible dans un contexte particulier. Nous sommes tout de même à la veille des élections. Une des raisons avancées, le CNC serait dans l’incapacité de faire le monitoring de tous les médias surtout les radios communautaires. La solution serait donc de confier le monitoring à la population ?
Que personne ne se méprenne. J’ai tout le respect pour la population. Mais la régulation, l’analyse des informations diffusées par les médias doit rester sous la responsabilité d’un organe fait pour cela. Autrement, c’est la porte ouverte à tous les dérapages et risques de lynchage médiatique …