L’opposition congolaise et la communauté internationale consternées par l’assassinat du porte-parole de Moïse Katumbi, l’opposition kényane qui ne décolère pas contre le gouvernement, la grève des chauffeurs au Kenya qui se répercute sur l’Ouganda voisin, etc. Iwacu revient sur l’actualité qui a marqué cette semaine dans la sous-région.
RDC : Appel aux enquêtes sur l’assassinat de l’opposant Chérubin Okende
Le parti Ensemble pour la République de Moïse Katumbi accuse le régime au pouvoir en République démocratique du Congo d’être derrière l’assassinat de son porte-parole Chérubin Okende. Ce dernier a été retrouvé mort ce jeudi 13 juillet dans sa jeep abandonnée sur l’avenue Poids Lourds à Kinshasa, écrit Actualité.CD.
Ce parti qualifie la mort de Chérubin Okende de crime d’Etat : « Nous n’accepterons jamais que notre pays devienne une jungle où l’on assassine impunément. Soit le pouvoir contrôle tout et il en est commanditaire, soit il ne contrôle rien, alors, il est dangereux ».
Le Front Commun pour le Congo (FCC) de l’ancien Chef d’Etat Joseph Kabila condamne aussi l’assassinat de Chérubin Okende : « Le FCC attire l’attention de tous sur le risque qui pèse dorénavant sur la vie de tous les opposants avec cette dictature qui s’enracine chaque jour davantage avec pour stratégie l’installation d’un régime de terreur dans notre pays ». Selon Actualité.CD, c’est un climat de terreur qui règne dans la capitale et dans certaines villes du pays à moins de six mois des élections.
L’Union européenne condamne « fermement » l’assassinat de l’ancien ministre des Transports Chérubin Okende et demande aux autorités congolaises d’établir toute la lumière sur les circonstances de sa mort afin de traduire les responsables en justice. Dans la même logique, le président de l’Union Africaine Moussa Faki a aussi demandé que toute la lumière soit faite sur cet assassinat du porte-parole du parti Ensemble pour la République.
« L’assassinat de Chérubin Okende, le Chebeya de Tshisekedi ? », titre le journal Politico.CD.
Selon Politico.CD, le contexte de ce meurtre corrobore avec celui de l’activiste de droits de l’homme, Floribert Chebeya et de son chauffeur, en 2010. Bien avant son assassinat, Chebeya, qui gênait l’administration de Kabila, était convoqué au commissariat de la Police nationale congolaise. Quelques jours après, son corps a été retrouvé sans vie dans son propre véhicule.
Le gouvernement congolais annonce la mise en place d’une large commission engagée pour mener une enquête pluridisciplinaire sur l’assassinat de Chérubin Okende.
« Il faut qu’une enquête minutieuse soit faite. Dans cet ordre d’idées, il y a une enquête préliminaire qui a déjà commencé au niveau de la police nationale. Mais il a été convenu, au niveau de cette réunion, que ça sera une commission d’enquête plus large qui impliquera tous les services », a déclaré à la presse, Patrick Muyaya, ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement.
À cette dernière équipe, seront associés les services des pays « amis » de la RDC afin que toute la lumière soit faite : « Nous avons convenu que nous allons associer à cette enquête des services étrangers des pays amis pour que nous puissions faire la lumière sur ce crime ».
Kenya : Le gouvernement accuse l’opposition d’imposer « l’anarchie » dans le pays
Le chaos, l’anarchie, le désarroi, l’indiscipline, la mutinerie, la rébellion sont six mots qui définissent les scènes vécues à travers le pays ce 12 juillet alors que des milliers de Kényans manifestaient contre la vie chère et la loi de finances 2023, écrit The East African.
Le président Ruto a averti qu’il ne permettrait pas que l’anarchie soit propagée par l’opposition et s’est engagé à maintenir la paix et l’ordre dans le pays.
Selon Nation, le président a déclaré qu’il ne permettrait pas à un autre Kényan de mourir dans la vague de violence qui a souvent entaché les manifestations, avec six personnes ayant été tuées lors des manifestations de vendredi dernier : « Aucun enfant n’est né pour lancer des pierres et assister à des manifestations tous les jours. L’opposition a eu des manifestations ce 7 juillet et six personnes sont mortes. S’il vous plaît, cela doit s’arrêter ».
Il demande à l’opposition de lui donner suffisamment de temps pour mettre en œuvre son programme de développement qui profitera à des millions de Kényans : « Donnez une pause aux jeunes et au peuple du Kenya. Nous avons des plans et nous les mettrons en œuvre. Je vous connais, je connais vos plans et vous échouerez comme toujours ».
Pour lui, ce n’est pas juste que quelques personnes désorganisent le pays, sabotent le Kenya et créent le chaos. : « Ce n’est pas de la politique, c’est de l’anarchie. S’ils veulent aller en justice, qu’ils y aillent. Mais détruire les biens des gens, tuer, c’est une ligne rouge ».
Le chef de l’opposition, Raila Odinga, a promis mercredi 12 juillet de mener une troisième vague de manifestations anti-gouvernementales. Il a qualifié les manifestations de succès malgré la brutalité policière.
Pour lui, rien ne bouge tant que Ruto n’est pas prêt à écouter et à respecter le peuple : « Les gens méritent un accord, pas des balles et des gaz lacrymogènes ». Et de déclarer que les manifestations se poursuivraient jusqu’à ce que le président « se prononce ouvertement et accepte d’abroger la loi de finances et de prendre d’autres mesures pour réduire le coût de la vie ».
Rwanda : 38 milliards de francs rwandais pour le stockage de gaz de cuisine
Le Rwanda investit environ 38 milliards de francs rwandais dans un projet visant à mettre en place des installations de stockage de gaz de cuisine à Rusororo, dans le district de Gasabo. Cette initiative vise à améliorer l’approvisionnement, la réglementation, y compris la tarification et l’utilisation du gaz de cuisine dans le pays, écrit The New Times.
Le directeur général de la Société Pétrolière, Claudien Habimana, indique que les installations auront la capacité de stocker 17,1 millions de litres de gaz de pétrole liquéfié, ce qui équivaut à 8,5 millions de kilogrammes soit plus du double de la demande actuelle dans le pays.
Le ministre des Infrastructures, Ernest Nsabimana, fait savoir que la réglementation des prix du gaz de cuisine dans le pays est limitée par un stockage et un approvisionnement inadéquats, un problème que ce projet va résoudre : « Nous recherchons des moyens de mettre en place une capacité de stockage (de réserve de gaz de cuisine) pouvant assurer un approvisionnement d’au moins trois mois. La capacité de stockage disponible peut couvrir l’approvisionnement de moins de deux semaines ».
Selon lui, 3,5 millions de kilogrammes de gaz sont vendus par mois, ce qui correspond à la consommation actuelle dans le pays. Pourtant, les installations de stockage disponibles au Rwanda ont une capacité de 160 mille kilogrammes, ce qui implique un énorme écart par rapport à l’approvisionnement nécessaire.
Selon le recensement de la population et de l’habitat au Rwanda de 2022 par l’Institut national de la statistique du Rwanda, les principales sources d’énergie pour la cuisson utilisées par les ménages dans le pays sont le bois de chauffage (76 %) et le charbon de bois (17 %), et le gaz (5 %).
Ouganda : Environ 5 000 camions bloqués à la frontière avec le Kenya
Plus de 5 000 camions transportant les produits exportés et importés de l’Ouganda sont bloqués des deux côtés de la frontière à Malaba et Busia suite à la grève des associations des chauffeurs kényans. Les deux frontières sont les plus fréquentées du pays qui traitent l’essentiel des importations et des exportations pour l’Ouganda et d’autres pays de la sous-région, révèle Daily Monitor.
Les chauffeurs au Kenya ont entamé un mouvement de grève ce 12 juillet, pour protester contre une politique du gouvernement imposant un nouveau test obligatoire à tous les chauffeurs et le paiement obligatoire de frais à l’autorité nationale de transport et de la sécurité routière (NTSA).
Selon le président de l’Association ougandaise chargé de dédouanement (UCIFA), Sireeka Namalwa, près de 800 camions transportant des exportations vers différentes régions du Kenya et le port de Mombasa sont bloqués sur la frontière du côté ougandais. En outre, 3 000 autres camions à destination de l’Ouganda et d’autres pays de la région sont aussi bloqués au Kenya.
L’association des chauffeurs des poids lourds au Kenya rappelle que certains chauffeurs sont dans ce métier depuis près de 30 ans : « Vous ne pouvez pas vous attendre à ce qu’ils retournent à l’école pour passer le test ».
Ce 13 juillet, le ministre kényan des Transports et des Travaux publics a rencontré les principales parties prenantes du secteur et a mis en place un comité pour examiner les doléances des chauffeurs. Cependant, ces derniers ne reconnaissent pas ceux qui les ont représentés dans cette réunion avec le ministre et ils jurent de poursuivre la grève.