La RDC encore une fois endeuillée après la mort d’une quarantaine de manifestants à Goma. De l’autre côté, l’opposant kényan Raila Odinga prévient la reprise des manifestations contre le gouvernement, alors que l’opposition ougandaise déplore un éventuel transfert du pouvoir par le président Museveni à son fils. Iwacu revient également aussi sur le remaniement ministériel en Tanzanie.
RDC/Goma : Au moins 48 morts suite aux manifestations contre les forces armées étrangères
La ville de Goma dans la province du Nord-Kivu en République démocratique du Congo, a connu une journée noire ce 31 août. Au moins 48 personnes ont perdu la vie lors des manifestations.
La tension était palpable dans les hôpitaux de la région où les soignants étaient submergés par l’afflux de blessés, beaucoup nécessitant des transfusions sanguines, écrit Actualité.CD.
Derrière cette tragédie, un mélange détonant : spiritualité, activisme anti-occidental, et colère dirigée contre la Monusco, la Mission des Nations unies pour la Stabilisation en République démocratique du Congo.
Ces manifestations ont été organisées par un groupe mystico-religieux « Foi naturelle judaïque et messianique vers les nations » qui a planifié de descendre en ville pour revendiquer le départ immédiat de la Monusco, des Occidentaux et de leurs ONG.
Des « scènes de violence inouïes » ont été décrites par des témoins sur place. La population, notamment des jeunes, semblait être sous l’emprise de drogues, selon les propos du porte-parole de l’Armée dans la région.
« Tout a basculé lorsque la police, dans une tentative de contenir la foule, a vu l’un de ses membres capturé et tué », explique Constant Ndima, gouverneur de la province du Nord-Kivu.
Selon lui, le groupe à l’origine des troubles est apparu il y a de cela quelques mois: « Sous la houlette d’un certain Éphraïm Bisimwa, qui se proclame prophète et originaire du Sud-Kivu, cette secte a déjà paralysé la ville à plusieurs reprises. La tension est montée d’un cran cette semaine lorsqu’ils ont formulé des revendications radicales, notamment le départ de la MONUSCO, l’éviction des Occidentaux et de leurs ONG, et le retrait des forces de l’EAC ».
Le gouverneur du Nord-Kivu précise que la situation a dégénéré lorsque des coups de feu ont retenti : « La manifestation, que nous avions espéré pacifique, a viré au cauchemar. Face à la dégradation rapide de la situation, l’armée a été contrainte d’intervenir, suspectant une menace encore plus grande ».
La LUCHA, une organisation citoyenne, a fortement condamné les agissements de l’armée et rappelé que les fidèles de la secte se sont toujours comportés pacifiquement. Elle tient le président Félix Tshisekedi et ses déclarations antérieures responsables de ces actes de violence. Et de demander la levée de l’état de siège et la mise en place d’enquêtes sérieuses.
Certains figures politiques dont Moise Katumbi et Martin Fayulu ont également condamné ces violences, appelant à des enquêtes approfondies et à ce que justice soit faite pour les victimes.
The East African rappelle que ces manifestations surviennent plus d’un an après de violentes manifestations à Goma et dans plusieurs autres villes de l’Est de la RDC, réclamant le départ de la Monusco pour sa « passivité » face aux violences perpétrées par les groupes armés.
La Monusco a déjà annoncé une transition vers un départ progressif de la RDC. Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a prévenu qu’un départ prématuré de la Monusco pourrait exposer davantage les civils à de violences.
Tanzanie : Un remaniement ministériel pour renforcer la diplomatie
L’image du pays dans le monde et dans la région se rétablira-t-elle après le remaniement ministériel de ce 30 août ? s’interroge le journal The Citizen.
L’entrée en fonction de January Makamba comme nouveau ministre des Affaires étrangères et de la coopération est-africaine ainsi que la nomination d’un secrétaire permanent dédié à la Communauté Est-Africaine (EAC) montre que le gouvernement donne un nouvel élan à la diplomatie.
Selon The Citizen, la décision de la présidente Samia Suluhu Hassan de nommer Kennedy Godfrey Gastorn, ancien envoyé du pays auprès des Nations Unies, comme secrétaire permanent dédié à l’EAC reflète le sérieux du gouvernement quant à son empreinte dans les affaires régionales.
La nomination du ministre Makamba intervient également à un moment où la Tanzanie a besoin de reconquérir son influence dans les affaires régionales et mondiales.
January Makamba, ancien ministère de l’énergie, devient ministre des Affaires étrangères et de la Coopération est-africaine en remplacement de Stergomena Tax, nommée ministre de la Défense.
Pour l’EAC, une organisation en pleine expansion, la Tanzanie est un membre fondateur de ce bloc régional et un pays hôte. Malheureusement, ces dernières années, les autres membres de l’EAC ont semblé diriger le spectacle alors que le pays hôte passait au second plan.
Des analystes politiques exhortent le gouvernement à établir un bureau de liaison du ministère des Affaires étrangères à Arusha, compte tenu du nombre d’organismes régionaux qui y sont basés. Outre l’EAC et ses organisations affiliées, Arusha est également le siège du Tribunal de l’ONU ainsi que de la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples.
D’après The Citizen, les Tanzaniens souhaitent que leurs voix soient entendues haut et fort dans les forums de l’EAC, comme lors des débats de l’Assemblée législative de la région (EALA), afin que les intérêts du pays soient suffisamment protégés.
Ouganda : L’opposition contre la candidature du fils de Museveni à la présidence
L’opposant ougandais Robert Kyagulanyi Ssentamu, alias Bobi Wine, a appelé les Ougandais à protester l’ascension du général Muhoozi Kainerugaba au pouvoir. Il a exhorté les Ougandais à empêcher un éventuel transfert du pouvoir du père au fils, rappelant que l’Ouganda n’est pas une monarchie, confie Daily Monitor.
« Le président Museveni veut désormais amener son fils pour infliger les mêmes tortures aux Ougandais. Nous devons empêcher que cela ne se produise en le chassant du pouvoir », a déclaré Bobi Wine s’adressant, ce 30 août, à ses partisans dans la ville de Kasese.
Il a critiqué les activités politiques du général Muhoozi à l’échelle nationale, affirmant qu’il distribue de l’argent à la population pour obtenir du soutien. Pour lui, les élections seules ne peuvent pas apporter de changement en Ouganda.
Fils du président Yoweri Museveni, en même temps conseiller présidentiel pour les opérations spéciales, le général Muhoozi a déjà exprimé son intérêt à succéder à son père à la tête du pays.
Contacté par Daily Monitor, le ministre d’Etat chargé des technologies de l’information et de l’Orientation nationale, Godfrey Kabbyanga Baluku, a fait savoir que la loi n’empêche pas le fils de Museveni d’être candidat aux élections présidentielles : « Ce n’est pas vrai que le président Museveni veut transmettre le pouvoir à son fils. Parler de Muhoozi, ce n’est pas de la politique ».
Les élections générales en Ouganda sont prévues en 2026. Yoweri Museveni, 78 ans, qui dirige le pays depuis 1986 est attendu à passer le pouvoir aux jeunes générations.
Kenya : Risque de reprise des manifestations contre le gouvernement de Ruto
Le président William Ruto a critiqué, ce 28 août, l’opposant principal Raila Odinga, pour avoir menacé de reprendre les manifestations si les pourparlers bipartites en cours échouent. Il s’est engagé à faire tout son possible pour que les manifestations ne reprennent pas dans le pays, écrit Nation.
Ruto explique que son leadership vise à promouvoir l’unité entre les Kényans et que par conséquent, quiconque incite la population à s’opposer à cette unité est un ennemi du peuple.
« Je ne permettrai pas que des manifestations reprennent. Elles ont été utilisées pour promouvoir la violence, la destruction de biens et le sabotage de la stabilité économique. C’est inacceptable, voire illégal, inconstitutionnel, antidémocratique et contraire à l’Etat de droit ».
Il rappelle que son gouvernement se concentre actuellement sur la relance économique, l’amélioration de la sécurité alimentaire et la création d’emplois supplémentaires pour les jeunes grâce à la création de zones industrielles et de parcs.
La semaine dernière, Raila Odinga a déclaré que l’opposition reprendrait les manifestations, si les pourparlers entre son camp et la délégation de la coalition au pouvoir échouent. « Nous ne nous engageons pas dans le dialogue par faiblesse, mais parce que nous voulons améliorer la stabilité de notre gouvernement et promouvoir la coexistence pacifique entre les Kényans après les élections ».