Au sommaire de cette revue de la presse consacrée à la région :
• Une enquête démontrerait la présence de soldats rwandais au Nord-Kivu
• En RDC, la ville de Kanyabayonga en proie à des affrontements entre le M23 et les FARDC
• Les nouveaux partis tanzaniens crient au scandale suite au retard de leur enregistrement à l’approche des élections
• Washington/Kampala : les États-Unis interdisent l’accès à son territoire à certains hauts responsables ougandais
• La Somalie exige le retrait des troupes Éthiopiennes de son territoire d’ici fin 2024.
• Le Conseil de sécurité de l’ONU prolonge l’embargo sur les armes au Soudan du Sud
Rwanda et RDC : une enquête révèle la Présence Militaire Rwandais au Nord-Kivu.
Le 28 mai 2024, le collectif de journalistes Forbidden Stories a publié une enquête intitulée « Rwanda Classified ». Ce travail, mené par 50 journalistes de 11 pays, révèle la présence de militaires rwandais dans la région du Nord-Kivu en République Démocratique du Congo (RDC) ce que Kigali rejette vivement.
Cette région, en proie à des conflits depuis des décennies, est particulièrement touchée par les attaques des groupes armés, notamment du M23. L’enquête dévoile que des journalistes comme Samuel Baker et John Williams Ntwali ont été pris pour cible en raison de leurs investigations sur le rôle des troupes rwandaises, conduisant à l’exil du premier et à la mort suspecte du second.
Forbidden Stories a poursuivi l’enquête après la mort de John Williams Ntwali, découvrant que plusieurs militaires rwandais enquêtés avaient perdu la vie en RDC entre mai 2022 et début 2023.
Les preuves recueillies incluent des sortes de testaments retrouvés sur les corps des soldats, mentionnant leurs noms, grades et numéros de téléphone, ainsi que des témoignages filmés de combattants du M23 affirmant être originaires du Rwanda.
Selon les sources de Forbidden Stories, entre 3.000 et 5.000 militaires rwandais seraient présents en RDC, tandis que le M23 compterait entre 1.000 et 3.000 combattants.
Face à ces révélations, les autorités rwandaises ont vivement réagi. Le président rwandais, Paul Kagame, a toujours nié toute intervention en RDC, affirmant que « le problème n’a pas été créé par le Rwanda et n’est pas par conséquent un problème du Rwanda ».
Kigali a qualifié l’enquête de « campagne médiatique politiquement motivée visant à semer le trouble » à l’approche des élections présidentielles et législatives du 15 juillet prochain.
RDC : Affrontements entre le M23 et les FARDC à Kanyabayonga
Rfi rapporte que dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), les combats se poursuivent dans la province du Nord-Kivu, prise depuis plus de deux ans dans l’offensive du groupe armé M23, soutenu par le Rwanda voisin. Ce week-end, des affrontements ont éclaté autour de la cité de Kanyabayonga, provoquant une nouvelle vague de déplacements de population.
Ce dimanche 2 juin, des combats ont été signalés dès le matin près de Kanyabayonga, principalement au sud de la localité, sur les routes menant à Rwindi dans le territoire de Rutshuru, ainsi que vers Nyanzale et Mweso dans le territoire du Masisi. Depuis près d’une semaine, l’armée congolaise et ses alliés affrontent les rebelles du M23, appuyés par l’armée rwandaise, pour le contrôle de cette cité stratégique du territoire de Lubero. Kanyabayonga est en effet considérée comme une position clé, contrôlant l’accès à Butembo et Béni, situées plus au nord.
D’après plusieurs sources, Kanyabayonga a vu une partie de ses habitants fuir dès jeudi, alors que la commune hébergeait déjà un grand nombre de déplacés. Environ 50 000 ménages, récemment arrivés, ont dû reprendre la route vers d’autres localités. Face à cette situation, la Monusco a renforcé sa présence dans la zone dès samedi, annonçant des opérations conjointes avec les FARDC pour sécuriser les déplacés et leur fournir des soins médicaux. Les patrouilles conjointes se poursuivent dans les environs de la cité.
Selon les dernières statistiques des Nations Unies, près de 1,5 million de personnes ont été forcées de quitter leur domicile depuis le début du conflit entre la RDC et les rebelles du M23.
Tanzanie : frustrations des nouveaux partis face à la suspension des inscriptions
Alors que la Tanzanie se prépare à des élections locales dans cinq mois et à des élections générales l’année prochaine, des inquiétudes émergent concernant l’enregistrement des nouveaux partis politiques.
Deux partis, le Parti populaire indépendant (IPP) et Action pour la justice humaine (AHJ Wajamaa), expriment leur frustration face aux retards et aux obstacles rencontrés pour obtenir leurs certificats d’enregistrement à temps pour les élections locales d’octobre.
Le Bureau du registraire des partis politiques aurait temporairement suspendu toutes les nouvelles inscriptions, laissant ces partis dans l’incertitude, rapporte le journal The African.
Dans une lettre adressée à la Présidente Samia Suluhu en décembre dernier, AHJ Wajamaa a accusé le greffier, le juge Francis Mutungi, d’avoir indéfiniment suspendu l’enregistrement des nouveaux partis.
« Cet ordre ne précise pas quand la vérification se termine et quand l’enregistrement des nouveaux partis reprend », déclare la lettre signée par le président fondateur Maghus Msambila et le secrétaire Kube Lowassa. Le parti affirme avoir rempli toutes les formalités requises depuis 2016, mais leurs efforts pour obtenir des réponses du bureau du registraire sont restés vains.
Andrew Bomani, co-fondateur de l’IPP, a également exprimé ses frustrations, mentionnant des exigences documentaires imprécises et des accusations infondées concernant leur citoyenneté tanzanienne. « Non seulement cela porte atteinte à nos droits démocratiques fondamentaux, mais cela menace également de nous exposer au risque d’apatridie », a déclaré M. Bomani. L’IPP envisage de recourir à la justice pour contester ces décisions, arguant que le bureau du registraire dispose déjà de tous les documents nécessaires pour finaliser leur enregistrement.
La Tanzanie compte actuellement 19 partis politiques enregistrés et n’a pas enregistré de nouveaux partis depuis 2014. En novembre 2016, le greffier a radié trois partis pour non-respect des réglementations financières et immobilières.
Ces récents retards d’enregistrement et la suspension des nouvelles inscriptions jettent une ombre sur le processus démocratique du pays à un moment crucial, alors que les élections locales et générales approchent à grands pas.
Ouganda : cinq hauts responsables ougandais visés par les sanctions américaines
Selon le journal The East African, les États-Unis ont imposé jeudi des sanctions contre cinq hauts responsables ougandais, y compris la présidente du Parlement et l’ancien chef adjoint des Forces de défense, pour accroître la pression sur Kampala concernant l’intégrité et le respect des droits de l’Homme.
Parmi les personnes sanctionnées figure la présidente du Parlement, Anita Among, accusée de corruption liée à sa direction du Parlement. Ces sanctions américaines surviennent un mois après que le Royaume-Uni a également imposé des mesures similaires contre elle et deux anciens ministres, entraînant le gel de leurs avoirs à Londres.
En plus de Mme Among, les États-Unis ont sanctionné l’ancienne ministre des Affaires du Karamoja, Mary Goretti Kitutu, son adjointe Agnes Nandutu, et le ministre d’État aux Finances, Amos Lugolobi, pour leur implication dans des actes de corruption et l’abus des ressources publiques. « Les quatre responsables ont abusé de leur position publique à leur profit au détriment des Ougandais », a déclaré Matthew Miller, porte-parole du département d’État. Le lieutenant-général Peter Elwelu a également été sanctionné pour son rôle dans des violations flagrantes des droits de l’homme, notamment pour avoir mené une attaque en 2016 qui a entraîné la mort de plus de 100 personnes à Kasese.
Les conjoints des responsables sanctionnés, y compris les maris de Mme Among et de Mme Kitutu, ainsi que l’épouse de M. Lugolobi, sont également interdits d’entrée aux États-Unis en vertu de l’article 7031 (c) de la loi sur les crédits du Département d’État.
Ces mesures font suite à des accusations de répression des membres des groupes d’opposition politique, des organisateurs de la société civile et des communautés vulnérables en Ouganda. Le département d’État a souligné que « ces individus sont responsables ou complices de la répression contre les membres ougandais de groupes d’opposition politique. »
La présidente du Parlement, Anita Among, a affirmé que les accusations de corruption ne sont qu’un prétexte pour la cibler en raison de son rôle dans l’adoption de la loi anti-homosexualité en Ouganda, qui prévoit la peine de mort pour les crimes d’homosexualité aggravée.
Cette loi a été largement critiquée par les défenseurs des Droits de l’homme pour son impact sur les minorités sexuelles. Les États-Unis ont réaffirmé leur soutien aux Ougandais qui défendent les principes démocratiques et ont déclaré qu’ils continueraient de lutter contre la corruption et les violations des Droits de l’homme en Ouganda.
La Somalie demande le retrait des troupes Éthiopiennes d’ici la fin de l’année
La Somalie a exigé le retrait de toutes les troupes éthiopiennes de son territoire d’ici la fin décembre 2024, a déclaré Hussein Maalim, conseiller à la sécurité nationale somalienne, selon AzerNews.
Maalim a précisé que les troupes éthiopiennes ne feront pas partie des forces dirigées par l’Union africaine (UA) qui opéreront en Somalie après la fin de la mission ATMIS en décembre prochain.
La Somalie est actuellement en négociations avec des partenaires internationaux pour établir une force multinationale qui opérera dans le pays à partir de janvier 2025, pour une durée d’un an.
Les nouvelles forces post-ATMIS seront composées des contingents des quatre autres pays contributeurs de troupes : Djibouti, le Kenya, l’Ouganda et le Burundi. Ainsi, les troupes éthiopiennes seront retirées d’ici décembre.
Actuellement, l’Éthiopie a des troupes stationnées en Somalie dans le cadre de la mission ATMIS, ainsi que des forces supplémentaires présentes en dehors de ce cadre.
Soudan du Sud : L’ONU vote la prolongation de l’embargo sur les armes
Le Conseil de sécurité de l’ONU a décidé jeudi de prolonger l’embargo sur les armes et les sanctions imposées au Soudan du Sud, malgré l’opposition de plusieurs pays. La résolution, proposée par les États-Unis, a été adoptée avec le minimum de soutien nécessaire, soit neuf votes en faveur et six abstentions.
Le texte dénonce « l’intensification continue de la violence, y compris la violence intercommunautaire, prolongeant la crise politique, sécuritaire, économique et humanitaire dans la plupart des régions du pays. » La résolution prolonge l’embargo sur les armes jusqu’au 31 mai 2025 et maintient une exemption permettant le transfert d’une aide militaire non létale pour soutenir l’accord de paix de 2018 sans notification préalable.
L’ambassadeur adjoint des États-Unis à l’ONU, Robert Wood, a souligné que l’embargo « reste nécessaire pour endiguer le flux incontrôlé d’armes dans une région qui regorge d’armes. Trop de personnes, et en particulier des femmes et des enfants, ont supporté le poids de cette violence continue. » Toutefois, Juba et plusieurs membres du Conseil de sécurité, dont la Russie, ont rejeté cette position. L’ambassadrice du Soudan du Sud auprès de l’ONU, Cecilia Adeng, a appelé à une « approche plus équilibrée », arguant que la levée de l’embargo permettrait de « bâtir des institutions de sécurité solides, nécessaires au maintien de la paix et à la protection de nos citoyens ».
Certains membres du Conseil, tels que l’Algérie, la Russie, la Chine et la Guyane, se sont abstenus lors du vote, critiquant l’embargo pour ses effets négatifs. L’ambassadeur d’Algérie, Amar Bendjama, a déclaré que l’embargo « ne sert plus les objectifs pour lesquels il a été instauré et qu’il « entrave la capacité du gouvernement de transition à créer les capacités nécessaires’’.
L’ambassadrice adjointe de la Russie à l’ONU, Anna Evstigneeva, a ajouté que de nombreux régimes de sanctions de l’ONU, y compris celui du Soudan du Sud, sont dépassés et doivent être réexaminés.
Malgré l’accord de paix signé en 2018, la violence persiste au Soudan du Sud, avec près de deux millions de personnes déplacées à l’intérieur du pays, selon l’ONU.