Au sommaire de cette revue de la presse consacrée à la région :
• Le Rwanda s’oppose au soutien de l’UA aux soldats de la SADC
• La Russie approuve un accord de coopération militaire avec la RDC
• La Tanzanie et l’Éthiopie concluent des accords commerciaux
• Le FMI alerte sur le potentiel impact négatif de la loi ’’anti-homosexualité’’ en Ouganda
• Ekuru Aukot, opposant kenyan, s’oppose à l’envoi de forces de police kenyanes à Haïti
• Le Soudan au bord de « la pire crise de la faim au monde », selon le PAM
Rwanda : Kigali s’oppose au déploiement des troupes des pays d’Afrique australe en RDC
Le Rwanda a exprimé son opposition au déploiement des troupes des pays d’Afrique australe en République démocratique du Congo (RDC) pour combattre les groupes armés dans l’est du pays.
Dans une lettre adressée au président de la Commission de l’Union africaine (UA), Moussa Faki Mahamat, Vincent Biruta, le ministre rwandais des Affaires étrangères, a exprimé de fortes préoccupations concernant une réunion prévue du Conseil de paix et de sécurité de l’UA. Cette réunion devait approuver le déploiement de la mission de la Communauté de développement d’Afrique australe en RDC (SAMIRDC) et évaluer le soutien éventuel de l’UA et d’autres partenaires stratégiques à cette mission.
Biruta a accusé la SAMIRDC de se battre aux côtés de l’armée congolaise et d’autres groupes armés, y compris les rebelles rwandais des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR). Il a souligné que cette force régionale ne devrait pas se substituer à un processus politique bloqué par le gouvernement de la RDC et a exhorté l’Union africaine à ne pas soutenir ou financer la SAMIRDC.
Le Rwanda estime que le déploiement de la SAMIRDC exacerberait le conflit et s’éloignerait de toutes les initiatives de paix régionales. Biruta a insisté sur le fait que cette force soutient la posture belliqueuse du gouvernement congolais, privilégiant une solution militaire plutôt que politique.
Selon African news des affrontements récents entre l’armée congolaise et les rebelles du Mouvement du 23 mars (M23) ont ravivé les tensions dans la région, avec des combats autour de Goma et de Sake dans la province orientale du Nord-Kivu. La RDC a accusé le Rwanda de soutenir les rebelles du M23, une accusation que Kigali rejette fermement.
En réponse à la menace persistante des groupes armés dans l’Est de la RDC, l’armée congolaise a lancé une offensive conjointe avec les troupes de la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC) en janvier dernier. Cette initiative, approuvée par les 16 membres de la SADC en mai de l’année précédente, vise principalement à neutraliser les rebelles du M23 et à rétablir la stabilité dans la région.
RDC/Russie : un accord de coopération militaire approuvé
Moscou a récemment approuvé un projet d’accord de coopération militaire avec la République démocratique du Congo. Cette décision a été annoncée cette semaine sur le site officiel du gouvernement russe, bien que peu de détails aient été divulgués jusqu’à présent concernant les modalités concrètes de cette coopération.
L’annonce de ce projet a été faite le mardi 5 mars sur le site des informations juridiques de la Fédération de Russie. Le communiqué précise que « le gouvernement russe a approuvé le projet d’accord de coopération militaire avec la RDC, présenté par le ministère russe de la Défense en coordination avec le ministère russe des Affaires étrangères ».
Selon le communiqué, l’accord envisage l’organisation d’exercices militaires conjoints, de visites de navires de guerre et d’avions de combat, ainsi que la formation de militaires et d’autres formes de coopération.
Recours éventuel au groupe russe Wagner ?
Il convient de rappeler que le ministre congolais de la Défense s’était rendu à Moscou il y a un peu moins de deux ans, en août 2022, ce qui avait suscité des spéculations quant à un éventuel recours au groupe paramilitaire russe Wagner pour faire face à l’insécurité persistante dans l’est de la République démocratique du Congo.
Cependant, ces spéculations ont été démenties par le président Félix Tshisekedi quelques mois plus tard. Interrogé à ce sujet par la presse, il avait déclaré : « Je sais que c’est à la mode maintenant, mais non, nous n’avons pas besoin d’utiliser des mercenaires, contrairement à plusieurs autres pays africains ».
Tanzanie /Ethiopie : Des accords commerciaux signés
Selon The Est African, la Tanzanie et l’Éthiopie ont conclu le 1er mars 2024 des accords bilatéraux visant à renforcer leur coopération dans divers secteurs, notamment l’agriculture, le commerce, l’énergie, le transport aérien et l’échange de technologies aéronautiques. Ces accords ont été signés en présence de la présidente tanzanienne Samia Suluhu Hassan et du Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed, démontrant ainsi l’engagement des deux pays à intensifier leurs relations commerciales et bilatérales.
Les dirigeants des deux pays se sont entendus pour approfondir leurs liens commerciaux, créant ainsi de nouvelles opportunités commerciales entre la Tanzanie, avec une population de plus de 61 millions d’habitants, et l’Éthiopie, qui compte plus de 100 millions de personnes. Cela ouvre la voie à de nouveaux marchés, investissements et échanges commerciaux dans des secteurs clés, notamment celui du café et du thé, où les deux pays sont reconnus pour leur production.
Le ministre tanzanien des Affaires étrangères et de la Coopération Est-Africaine, January Makamba, a souligné l’importance de ces accords pour les industries du café et du thé, où l’Éthiopie est mondialement reconnue pour sa production. Il a mis en avant l’opportunité de collaborer pour accéder ensemble à de nouveaux marchés et exploiter pleinement le potentiel de ces secteurs.
Cette initiative reflète la volonté des deux pays d’approfondir leur coopération économique et commerciale dans le cadre d’une vision de développement mutuel. Ces accords bilatéraux contribueront à renforcer les liens entre la Tanzanie et l’Éthiopie, en ouvrant de nouvelles perspectives pour la croissance économique et le développement dans la région Est-Africaine.
Ouganda : le FMI alerte sur le potentiel impact négatif de la loi « antihomosexualité »
Le Fonds monétaire international (FMI) a approuvé la cinquième revue de son programme en cours en Ouganda, mais a averti que la loi « antihomosexualité » votée en 2023 pourrait nuire à l’économie du pays en réduisant le tourisme et l’accès aux marchés financiers. Malgré cela, le FMI a validé la revue et a débloqué 120 millions de dollars supplémentaires, portant le montant total à 870 millions de dollars versés à l’Ouganda.
L’économie nationale se porte bien avec une croissance prévue de 7 % à moyen terme, mais des efforts de consolidation budgétaire sont nécessaires, et la banque centrale ougandaise est encouragée à favoriser un taux de change fluctuant pour reconstituer les réserves de devises.
La loi antihomosexualité 2023, qui prévoit des peines sévères pour les personnes impliquées dans des relations homosexuelles ou faisant la promotion de l’homosexualité, a suscité des réactions critiques de la part de plusieurs acteurs internationaux. Les États-Unis, l’Union européenne, le secrétaire général de l’ONU et la Banque mondiale ont tous appelé à son abrogation, mettant en garde contre les conséquences pour l’aide étrangère et les investissements en Ouganda si elle était maintenue.
Malgré les critiques internationales, la loi bénéficie d’un large soutien en Ouganda, en particulier parmi la majorité chrétienne conservatrice du pays, qui la perçoit comme une défense contre ce qu’ils considèrent comme l’immoralité occidentale. En 2014, des réductions d’aide avaient déjà été observées après l’adoption d’une loi similaire, avant que celle-ci ne soit finalement annulée par la Cour constitutionnelle pour un vice technique lors du vote.
En 2014, les donateurs internationaux avaient déjà réduit leur aide après le vote d’une loi imposant la prison à vie pour les relations homosexuelles.
Kenya : l’opposant Ekuru Aukot remonté contre l’envoi de policiers kenyans à Haïti
Un opposant politique au Kenya, Ekuru Aukot, s’oppose fermement à l’envoi de forces de police kényanes à Haïti. Il a récemment annoncé son intention de contester en justice le projet de déploiement des forces de police kényanes dans ce pays, en invoquant l’invalidité de l’accord entre le président William Ruto et le Premier ministre haïtien, Ariel Henry. Selon Aukot, cet accord n’aurait pas encore satisfait aux objections du juge qui avait précédemment bloqué le déploiement en janvier dernier, suite à une plainte déposée par son parti politique rapporte Africanews.
Malgré cette contestation, un accord a été conclu la semaine dernière entre le Kenya et les autorités haïtiennes pour accélérer l’envoi des soldats kényans à Haïti, dans le cadre d’une mission internationale visant à soutenir la sécurité du pays. Bien que le président Ruto ait confirmé cet accord avec le premier ministre Henry, aucun calendrier précis n’a été fourni par le gouvernement kényan pour le déploiement des forces de police à ce jour.
Soudan : Khartoum au bord de la pire crise alimentaire au monde, selon le PAM
Le Soudan est confronté à une crise alimentaire sans précédent, selon le Programme alimentaire mondial (PAM). Les effets dévastateurs de la guerre ont mis en péril la sécurité alimentaire de 25 millions de personnes, affectant gravement le Soudan, le Sud-Soudan et le Tchad. Cette situation désastreuse est désormais considérée comme la plus grande crise alimentaire au monde, selon la directrice du PAM, Cindy McCain.
Les combats qui sévissent au Soudan depuis près d’un an ont déjà entraîné la mort de milliers de personnes et le déplacement de huit millions d’autres, constituant ainsi la plus importante crise de déplacement de population à l’échelle mondiale. Cindy McCain alerte sur les conséquences dévastatrices de cette guerre, menaçant des millions de vies ainsi que la paix et la stabilité de toute une région. Malheureusement, les Soudanais sont souvent oubliés par la communauté internationale, déplore-t-elle.
La violence continue au Soudan, avec des bombardements contre des civils, la destruction d’infrastructures, des viols, des pillages et des déplacements forcés qui deviennent monnaie courante pour les 48 millions de Soudanais. Selon le PAM, moins de 5% de la population peut se permettre un repas complet, illustrant ainsi l’ampleur de la crise alimentaire qui sévit dans le pays. Dans le camp de déplacés de Zamzam, au Darfour, la situation est particulièrement alarmante, avec un décès d’enfant toutes les deux heures, rapporté par Médecins sans frontières (MSF).
Au Sud-Soudan, où 600 000 personnes se sont réfugiées pour échapper à la guerre, un enfant sur cinq dans les centres de transit à la frontière souffre de malnutrition, selon les déclarations de Mme McCain. À travers tout le Soudan, 18 millions de personnes font face à une insécurité alimentaire aiguë, dont cinq millions se trouvent au bord de la famine. Malheureusement, les efforts humanitaires se heurtent à des entraves au déplacement et à un grave manque de financement, ce qui complique encore davantage la situation critique de la population, conclut le PAM.