En moins d’une année, trois étudiants burundais sont morts dans des circonstances non encore élucidées en Russie. Le décès des deux derniers, Jolivet Makoroka et Egide Nkengurutse, sera annoncé en moins d’un mois, soit le 25 octobre 2020 et le 20 novembre 2020 par l’ambassade du Burundi. C’est le choc, la consternation, la peur pour de nombreux étudiants burundais qui y résident et leurs familles aux pays. Des questions se posent : Pourquoi et qu’est-ce qui est fait par le pays hôte pour y mettre un terme ? Certes, les Etats ont la préoccupation de préserver leurs bonnes relations, la Russie et le Burundi n’échappent pas à la règle. Mais il faut absolument rassurer nos compatriotes étudiants en Russie et leurs familles.
L’ambassadeur burundais en Russie a entamé des démarches et des contacts diplomatiques. C’est tout à fait à son honneur et cela fait partie de ses obligations. Dans un premier temps, avec un langage mesuré pour ne pas heurter les bonnes relations entre les deux pays, il a indiqué qu’une des victimes « n’a pas été tuée parce qu’il était Burundais, il était au mauvais endroit au mauvais moment ».
Cette fois, il est passé à la vitesse supérieure et a tiré la sonnette d’alarme : dans une correspondance adressée au doyen des diplomates africains accrédités en Russie, il a demandé à ses collègues africains de tenir une réunion en urgence pour parler de « la sécurité des étudiants africains en Russie. » Une façon de pousser le gouvernement russe à s’exprimer plus vigoureusement sur ces cas ? L’implication d’autres diplomates africains est en effet capitale, voire essentielle. En effet, il paraît que la situation ne concerne pas que les seuls étudiants burundais. Dans un article Pourquoi les étudiants africains boudent la Russie, du 20 août 2019, Jeune Afrique expliquait les plaintes des jeunes subsahariens.
De toutes les façons, le cas des corps d’étudiants trouvés sans vie doit faire l’objet d’une enquête approfondie et donner lieu à des poursuites. Les défis sécuritaires des étudiants africains doivent susciter une attention particulière de leurs ambassades et des autorités russes en vue de trouver ensemble des actions à mener en vue de juguler ce phénomène.
Souvenons-nous de cette époque pas si lointaine où une partie des élites africaines, civiles comme militaires, allait se former dans le pays communiste où ils étaient accueillis à bras ouverts au nom de « l’amitié entre les peuples. » Certes, les époques ont changé, mais de jeunes vigoureux, avides du savoir que le Burundi a envoyés, le pays de Lénine ne devrait pas nous renvoyer des corps sans vie…