C’est ce dimanche 24 janvier que l’ancien président du Sénat a été élu secrétaire général du Cndd-Fdd lors d’un congrès national extraordinaire tenu à Gitega. Il remplace le chef de l’Etat, Evariste Ndayishimiye qui occupait ce poste, il est désormais président du conseil des sages de ce parti.
C’est sous la pluie que l’ancien président du Sénat, Révérien Ndikuriyo a été proclamé, nouveau secrétaire général du parti au pouvoir, le Cndd-Fdd. Une proclamation faite après une sorte de conclave, des élections à huis clos organisées au cours de cette grand-messe de ce parti.
Les cérémonies de ce congrès ont vu la participation des militants de ce parti venus de toutes les provinces du pays. La première dame ainsi que les ténors et les cadres du Cndd-Fdd, tous en T-shirt à l’effigie du guide suprême du patriotisme, feu Pierre Nkurunziza, ont pris part à ce congrès.
Il y avait également les représentants des partis politiques agréés ainsi que certains représentants du corps diplomatique accrédité au Burundi. Il y avait des absents parmi ces diplomates notamment ceux de l’UE.
Dans son discours, le nouveau secrétaire général du Cndd-Fdd a appelé les ’’Bagumyabanga’’ à ne pas être des brebis égarées tentées d’aller brouter dans le pré du voisin. Il a promis d’être un bon leader, prêt à servir le parti.
« Les fonctions que vous venez de me confier sont d’une importance capitale et c’est une tâche qui n’est pas facile à accomplir et elle ne me fait pas peur. C’est le président qui occupait ces fonctions et il a déjà tracé le chemin. Je m’engage à continuer le travail qu’il avait déjà commencé. Je m’engage à être un bon pasteur qui connaît toutes ses brebis ».
«Ne soyez pas des brebis tentées par l’herbe tendre du voisin»
En revanche, le nouveau secrétaire du Cndd-Fdd a appelé les Bagumyabanga à être « des brebis sages, et non pas des brebis égarées. Et de faire une promesse solennelle : « Je m’engage à être à votre service, tout le monde aura la parole pour exprimer ses doléances. Soyez de bons conseillers avec des idées constructives et non ceux qui veulent notre perdition ».
Il a demandé à ces derniers d’être « des amis honnêtes, qui ne calomnient pas pour en tirer profit ». Selon lui, il faut mettre en avant l’intérêt général du pays, de tous les Bagumyabanga. « Si nous mettons en avant le bien du pays, tout le monde aura ce qui lui revient ».
Petite référence à la Bible par le nouvel ’’Aigle en chef’’. « Un jour, Jésus posa la question à ses disciples pour savoir ce qui se dit dans la cité à propos de lui. Et c’est pareil pour moi ».
Et de poursuivre son argumentaire : « Je sais que certaines personnes m’en veulent quand j’ai dit : ’’Kora !’’ (Travaillez !), que je suis un criminel, que les jeunes Imbonerakure sont des milices. Mais qui disent cela ? Ce sont nos ennemis. Mais quand l’ennemi veut ta perte, il frappe là où ta force est concentrée. Qu’on laisse parler les gens », a-t-il rétorqué face à toutes ces critiques.
« Le Cndd-Fdd est ouvert à toutes les critiques »
Le président de la République en même temps secrétaire général sortant du Cndd-Fdd a été proclamé président du conseil des sages de ce parti. Il n’a pas tari d’éloges pour le nouveau secrétaire général : un homme courageux, entrepreneur, intrépide.
Il lui a demandé d’œuvrer pour l’unité, la concorde : «Quand il y a des divisions au sein du parti au pouvoir, cela se répercute sur tout le pays. Quand rien ne va dans le pays, c’est le parti au pouvoir qui est blâmé et quand tout va bien, c’est un honneur pour le parti au pouvoir».
Dans son message plein de conseils pour inciter la population burundaise à initier des activités de développement, à s’y atteler et d’appels aux fonctionnaires de l’Etat à redoubler d’effort pour plus bonne gouvernance et de productivité, le chef de l’Etat a mis en garde ces derniers et leur a demandé de ne pas se laisser tenter par la corruption et les détournements. « Désormais, toute destitution aura un caractère de révocation ».
Le président de la République exhorté les partis d’opposition à ne pas se complaire dans l’opposition mais à émettre des critiques et à être vigilants pour redresser le parti au pouvoir. D’après lui, un parti d’opposition ne signifie pas parti ennemi.
« Bien avant que le Cndd-Fdd n’arrive au pouvoir, nous ne faisions que critiquer les autres, il y a même des fois où nous souhaitait qu’il y ait des limogeages pour que l’on puisse prendre le pouvoir ».
Et aujourd’hui, a-t-il poursuivi, le Cndd-Fdd est sous le feu de la critique des autres partis : « Et je les remercie parce qu’ils nous observent et au lieu de nous critiquer, ils nous donnent des remarques. Il faut accepter les remarques. Arrêtons de coller à ces partis, le nom de parti d’opposition et de les considérer comme nos ennemis ».
« Les relations avec le Rwanda seront bientôt au beau fixe »
Par contre, a-t-il proposé, il nous faut les appeler partis observateurs, qui nous redressent pour que nous puissions bien gérer le pays. « Comme ils sont représentés ici, je profite de l’occasion pour leur demander d’avoir un œil vigilant, soyez de bons observateurs, nous nous sommes engagés à servir la nation. Si vous voyez des Bagumyabanga en train de travailler pour leur propre intérêt et non celui du peuple, faites nous signe, pour qu’ils soient corrigés ».
Le président de la République est revenu sur les relations entre Gitega et Kigali. «Il y a déjà un pas franchi, nous savons tous ce qui est à la base de nos mésententes, il faut qu’elles soient réglées. Après tout, ce sont nos frères, nous avons en commun beaucoup de choses comme la langue, la culture ».
Selon lui, c’est malsain que ces malentendus ternissent nos relations. « C’est peut-être des taquineries entre cousins. Quand des frères se disputent, il ne faut pas que quelqu’un s’intercale, ils savent comment régler leurs différends ».
Et de terminer par une note d’espoir : «D’ici peu, les relations seront au beau fixe ». Un souhait exprimé par le chef de l’exécutif burundais à l’issue de ce congrès extraordinaire du Cndd-Fdd.
