Les violences conjugales, plusieurs cas de viol, les consommations excessives de liqueurs, l’enregistrement des enfants aux pères inconnus, les enfants de la rue… se sont montrés très préoccupants.
En janvier 2023, on évoquait 5 femmes tuées par leurs maris en commune Ntega de la province Kirundo en moins d’un mois. Des foyers se disloquaient, suite aux différentes formes de violences conjugales.
Sur presque toutes les collines, soutenaient des hommes rencontrés sur la colline Gitwe en commune de Ntega, les violences conjugales sont signalées. Mais Gisitwe était sur toutes les lèvres. Ici, l’administration communale avait identifié près de 70 ménages à risque de violence conjugale. « Même les hommes ne sont pas épargnés ».
À l’origine des violences, expliquait l’administrateur de la commune Ntega, la mauvaise cohabitation entre conjoints. Ce qui arrive souvent, souligne-t-il, est que les maris ont tendance à chercher une seconde femme illégale au détriment de leurs épouses avec qui ils ont des mésententes. Selon lui, tous les hommes qui ont tué leurs femmes entretenaient une femme illégale.
Pierre Claver Mbanzabugabo soupçonnait aussi que la libération des criminels, quelques années après leur sale besogne, encourage les assassinats dans les ménages. Il a recensé 39 criminels libérés à Ntega.
Il reconnaît que des hommes sont aussi victimes des violences conjugales. L’administrateur ajoute à ces causes un verre de trop.
Viols et persistance des enfants en situation de rue
À Buterere, en mairie de Bujumbura, une fillette de 5 ans a été étranglée après avoir été violée ce 20 novembre, les mères de la localité ne laissent plus à la maison leurs enfants.
Un autre cas de viol a été enregistré ce 20 novembre à Bukinanyana, dans la province Cibitoke, selon la Fédération nationale des associations engagées dans le domaine de l’enfance, Fenadeb. Le présumé auteur a été jugé, mardi 28 novembre, en procès de flagrance.
Selon Ferdinand Simbaruhije, porte-parole de l’organisation Fenadeb, 281 cas de violences sexuelles ont été enregistrés dans tout le pays au cours de cette année, de janvier à octobre.
Le phénomène des enfants en situation de rue a persisté. Dans plusieurs coins de la capitale économique Bujumbura, des vols dans les ménages sont signalés. Les auteurs sont des enfants en situation de rue. Malgré la campagne lancée par le ministère chargé des Affaires sociales, les enfants ont regagné les rues et ils sont restés nombreux. Ils ont été chassés et embarqués pour les placer dans des centres de réinsertion, mais après ils reviennent.
Pour Ferdinand Simbaruhishe, porte-parole de la Fenadeb, l’administration et les forces de l’ordre doivent travailler en synergie pour que l’encadrement de ces enfants soit une réussite.
Le porte-parole du Ministère de la Solidarité a fait remarquer que le phénomène des enfants en situation de rue a des causes complexes. Il cite notamment la pauvreté qui se traduit par le manque de nourriture, la dislocation familiale et la délinquance.
Pères inconnus : le ministre de l’Intérieur a suscité le débat
Le 6 juin dernier, le ministre de l’Intérieur, du Développement communautaire et de la Sécurité publique, a fortement critiqué la démarche de déclaration des enfants sous le statut de père inconnu à l’État civil. « Père inconnu, qu’est-ce que cela signifie ? », s’est un brin agacé le ministre de l’Intérieur lors d’une réunion avec les gouverneurs de province.
Il a demandé à l’administration à la base et aux services de l’État-civil de faire pression sur les mères qui enregistrent leur enfant sous le statut de père inconnu afin qu’elles déclarent l’identité des pères de leurs enfants. Son message a fait tache d’huile sur les réseaux sociaux burundais.
Pour certains activistes, l’usage des tests ADN dans la recherche de la paternité peut atténuer ce phénomène. « Quand il y aura des tests ADN, il y aura moins de pères qui refusent la paternité vis-à-vis de leur enfant », espère David Ninganza, activiste. Sinon, avertit-il, plus de 5 mille enfants sont déclarés sous le statut de père inconnu chaque année au Burundi. « C’est un danger pour l’avenir ».
Les boissons alcoolisées ont été aussi préoccupantes. Les buveurs au faible pouvoir d’achat se sont tournés vers des boissons à forte dose d’alcool. Notamment la liqueur appelée Kick, achetée par godet. Des buveurs de Kick approchés minimisent le danger de sa consommation excessive.
Jeudi 10 août 2023, le ministre de l’Intérieur, de la Sécurité publique et du Développement communautaire a fait savoir qu’il a été informé par les gouverneurs sur la nocivité de certaines boissons fortement alcoolisées, dont Kick. Il a promis de se pencher sur cette question.