Samedi 23 novembre 2024

Société

Retro Société 2016 – Trafic humain : une réalité

05/01/2017 1

Au mois de juin 2016, les organisations de la société civile dénoncent un trafic de jeunes filles vers certains pays du Moyen-Orient. Le parti au pouvoir est pointé du doigt.

Des femmes incarcérées pour trafic d’enfants à la prison de Rumonge
Des femmes incarcérées pour trafic d’enfants à la prison de Rumonge

423 filles sont parties pour Oman depuis le mois d’avril jusqu’en juin, selon Jacques Nshimirimana, président de la Fédération Nationale des Associations engagées dans le domaine de l’enfance au Burundi (FENADEB).

Dans toutes les régions du pays, un trafic de jeunes filles est dénoncé, selon l’enquête d’Iwacu.
Muyinga, une province du nord du pays, avec une forte présence musulmane. Dans les bars, sur les différents ligala, les habitants du chef-lieu de la province Muyinga affirment que des centaines de femmes et filles sont déjà parties pour Oman et l’Arabie Saoudite.

Une serveuse dans un bar confie qu’elle connaît beaucoup de filles parties vers Oman : « Elles sont recrutées par des femmes en provenance de Bujumbura qui leur promettent du travail avec un salaire d’environ deux millions par mois.»

Une employée d’un hôtel ajoutera qu’elles empruntent deux circuits : une partie transite par la Tanzanie, l’autre via l’Aéroport international de Bujumbura. Elle précise que ce sont principalement des musulmanes.

L’Est n’est pas en reste. Selon un habitant de la commune et province Cankuzo, le recrutement se fait à l’intérieur du siège local du parti CNDD-FDD.

A Gitega, au centre du pays, Anita du quartier Nyamugari était sur le point de partir laissant mari et enfants. «Ils m’avaient signifiée que je gagnerai entre 300 et 500 dollars américains par mois. » Curieusement, ajoutait-elle, ils m’avaient interdit de le révéler.

L’aveu du gouvernement

« 267 personnes ont déjà fait l’objet de trafic humain vers les pays du Golfe depuis le 19 avril 2016 », dira, après plusieurs jours de déni total sur l’existence de ce phénomène, le porte-parole de la police, Pierre Nkurikiye,
Il annonce, le 19 juin, l’arrestation de sept personnes impliquées dans le trafic de jeunes femmes vers les pays du Golfe. « Trois Burundais et quatre Kenyans.»

Dans la foulée, Pierre Nkurikiye évoque 11 sociétés impliquées dans ce trafic humain parmi lesquelles figurent sept étrangères, notamment du Golfe et du Kenya.

Quelques défenseurs des droits de l’Homme qui ont dénoncé ces cas, dont Jacques Nshimirimana, président du Fenadeb, ont affirmé avoir reçu des menaces de la part des trafiquants.

Pascal Nyabenda, l’ex-président du parti au pouvoir, a balayé du revers de la main les accusations selon lesquelles les listes des recrues sont confectionnées aux sièges locaux du parti Cndd-Fdd. « C’est faux ! »

Le trafic de jeunes femmes continue, selon David Ninganza, un défenseur des droits de l’enfant. Il assure que 30 passeports des filles qui s’apprêtaient à partir ont été saisis à la Pafe, il y a quelques jours.


Education/ 80 mille élèves autodidactes !


Les élèves qui ont échoué au concours national vont rester à la maison jusqu’à la prochaine édition, a annoncé la ministre de l’Education. Les syndicats ont tiré la sonnette d’alarme.

Après l’annonce des résultats du concours national au mois de septembre, la ministre de l’Education précise que les élèves qui ont réussi en classe, mais qui ont échoué au concours national, vont devoir rester à la maison.

Une mesure très inquiétante pour Emmanuel Mashandari, président du CONAPES. Il avance que les concernés sont des adolescents, ils ne sont pas en mesure de s’organiser eux-mêmes. «Comment un enfant qui n’a pas réussi lorsqu’il était sous l’encadrement des enseignants va réussir après une année de chômage ? »

Emmanuel Mashandari estime qu’il s’agit d’une échappatoire de la part du gouvernement pour ne pas encadrer tous les lauréats du concours national.

Selon le CONAPES, vu le pourcentage retenu des enfants qui vont avancer de classe, environ 80 mille élèves ont réussi en classe, mais ont échoué au test national. M. Mashandari estime que le minimum est que ces enfants reprennent l’année : « Sans encadrement, l’échec est garanti. »

Concernant les élèves de la 10ème qui doivent redoubler en 9ème, le président du CONAPES estime qu’ils auront du mal à s’adapter. En 9ème, explique-t-il, c’est l’apprentissage par domaine tandis qu’en 10ème, c’était l’apprentissage par discipline.

Pour s’adapter à ce nouveau système, selon lui, les élèves auront besoin de fournir beaucoup plus d’efforts avec l’encadrement des enseignants bien qualifiés dans différents domaines du système fondamental.


Université du Burundi

Système prêt-bourse : une mesure cauchemardesque


Le conseil des ministres a adopté, en octobre, un projet de décret portant réorganisation de la gestion de la bourse d’études. Les étudiants sont exaspérés.

Les étudiants de l’UB sont contre le système prêt-bourse
Les étudiants de l’UB sont contre le système prêt-bourse

Dans son argumentaire, la ministre de l’Education rappelle que le Burundi est l’unique pays au monde à encore attribuer des bourses gratuites aux étudiants.

Les étudiants ayant bénéficié de bourses à l’étranger ne sont pas épargnés. Le décret propose que «les boursiers qui ne rentrent pas au Burundi pour y prester au moins deux ans après leurs études remboursent la totalité de la bourse perçue. »

Le président de l’Association des étudiants Futurs Educateurs (ASSEFED) de l’ENS, Aaron Nduwayezu, s’oppose à ce décret. Pour lui, les conditions de vie de la majorité des familles burundaises sont précaires. Le remboursement de cette dette s’avérera ainsi extrêmement difficile.

Pour M. Nduwayezu, cette mesure ne va que réduire les effectifs des prétendants à l’Université du Burundi. « La plupart se passeront de l’université au lieu de s’endetter sans savoir avec quoi rembourser.»
«Un désastre pour les enfants des pauvres.»

Une mesure qui n’augure rien de bon

Pour Libérât Ntibashirakandi, un expert des questions d’éducation, ce principe de réorganisation des bourses n’est pas adéquat vu la conjoncture du pays. «Le revenu de la population étant très bas, comment prendre une décision qui hypothèque l’avenir de la majorité des jeunes du monde rural qui traîneront une dette contractée au cours de leurs études, probablement tout au long de leur vie ?»

Selon lui, les enfants des pauvres qui passeront dans les mailles du filet et qui termineront les humanités seront encore une fois bloqués par le système prêt-bourse. « Ils préfèreront abandonner les études supérieures pour ne pas s’endetter. »

Pour cet universitaire, il est inconcevable d’instaurer un tel système dans la mesure où le pays est confronté à un problème très sérieux de chômage des jeunes, particulièrement les diplômés.

Forum des lecteurs d'Iwacu

1 réaction
  1. kabwa

    Même ceux qui sont du côté de ce pouvoir qui prend des décisions souvent inadéquates finiront par le quitter. Combien de familles qui ont voté pour le CNDD FDD et qui seront victimes de cette mesure directement ou indirectement? Vont-ils continuer à adhérer à ce système qui bloque leurs enfants à l’accès à l’enseignement supérieur? le CNDD FDD peut tout faire sauf prendre des mesures impopulaires qui touchent directement et de façon profonde et évidente la population du monde rural, les parents de ces enfants dont l’avenir est hypothéqué.

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