2016 aura été riche en rebondissements politiques, tentatives de dialogue entre le gouvernement et l’opposition se heurtant à la radicalisation de Bujumbura au point de claquer la porte à certaines institutions internationales.
Le 6 janvier 2016, le médiateur dans le conflit burundais, Yoweri Museveni, fixe le prochain rendez-vous à Kampala pour le dialogue inter burundais. C’était lors de la rencontre d’Entebbe le 28 décembre 2015. Un rendez-vous rejeté par le gouvernement du Burundi, le Cnared ayant été invité à Entebbe. Entretemps, la « campagne Halte au troisième mandat » se retire du Cnared.
En attendant ce rendez-vous, Bujumbura est, durant le mois de février, le théâtre quasi quotidien de victimes de grenades et de coups de feu un peu partout dans la capitale. Des actes terroristes, selon le pouvoir, qui y réplique par des arrestations et un déploiement important de policiers et militaires dans la ville. Simple coïncidence ou pas, le Burundi connaît durant ce mois d’importantes visites.
Le 22 février, c’est d’abord la visite de Ban Ki-Moon, le secrétaire général des NU, au Burundi. Une visite qui, pour l’opposition, semble réconforter le numéro Un burundais. Ensuite, c’est celle d’une « délégation de haut niveau » de l’Union Africaine, du 24 au 25 février, constituée des présidents du Sénégal, Gabon, Mauritanie, Afrique du Sud, et le premier ministre de l’Ethiopie. Même constat de l’opposition.
En mars, le confit Burundi-Union Européenne s’intensifie. Le 14 mars, l’UE suspend officiellement son aide directe au gouvernement burundais, pour non-respect de ses engagements, selon l‘Accord de Cotonou. Ce qui ne semble pas inquiéter Bujumbura. Bruxelles décide néanmoins de maintenir intégralement son soutien financier à la population et son aide humanitaire.
Une année de repentir…
Durant ce même mois de mars, la police présente d’anciens rebelles « repentis » qui font des révélations sur leurs actions, blanchissant au passage les forces de l’ordre. Fosses communes, incendie de T-2000, assassinat des sœurs italiennes, montages par des organisations internationales, tout y passe. Ces révélations concernent tous les dossiers brûlants de ces derniers mois, dans lesquels la police est souvent pointée du doigt.
Avril apporte son autre lot d’évènements. Le 1er de ce mois, la résolution 2279 du Conseil de Sécurité des NU décide l’envoi au Burundi de policiers des NU, sans en préciser le nombre. Le 13 avril, Philippe Nzobonariba, porte-parole et secrétaire général du gouvernement burundais, indique que ce dernier « s’est engagé à accepter une présence limitée à une vingtaine de policiers étrangers désarmés. »
Le dialogue refait parler de lui en mai. Les pourparlers inter-burundais reprennent le 21 à Arusha, mais sans le Cnared, qui n’est pas invité par le facilitateur Benjamin Mkapa, désigné par les Chefs d’Etat de l’EAC pour seconder le président ougandais. Mais des membres du Cnared invités individuellement s’y présentent, menacés par la plateforme d’en être chassés. Il n’en sera rien.
Du 18 au 19 juin, tous les yeux sont braqués sur Ngozi, au stade Rukundo de Buye, dans la commune Vyegwa, où se déroule un congrès extraordinaire du Cndd-Fdd. Alors que des grands changements y sont attendus, ils sont reportés deux mois plus tard. Il faut attendre le 20 août, à Gitega, pour connaître la nouvelle équipe dirigeante du parti présidentiel.
Une année de « complots »…
Retour au dialogue. D’abord prévu du 9 au 12 juillet 2016, le deuxième round des consultations à Arusha a été reporté du 12 au 14 du même mois par la médiation. C’est un fiasco, la délégation gouvernementale ayant quitté la salle, suite à la présence de certaines personnalités poursuivies par la justice burundaise.
Le 28 juillet, le CSNU adopte une autre résolution, la 2303, qui décide le déploiement de 228 policiers onusiens au Burundi, pour une période initiale d’une année, sur base d’une proposition formulée par la France. Bujumbura la dénonce fortement, et refuse le déploiement de policiers onusiens au Burundi et accuse la France.
Les conclusions de l’Enquête indépendante des Nations Unies sur le Burundi (EINUB), publiées ce mardi 20 septembre, font couler beaucoup d’encre. Les trois experts des NU ont enquêté sur les violations et les abus des droits de l’Homme commis du 15 avril 2015 au 30 juin 2016. Ils accusent le gouvernement et ses agents de graves violations qui peuvent être qualifiées de crimes contre l’humanité et met en garde contre un probable génocide. Le gouvernement du Burundi rejette ce rapport et dénonce un complot ourdi par ses opposants.
Affirmer la souveraineté et l’indépendance nationales
Le 30 septembre, à Genève, le Conseil des droits de l’Homme de l’Onu adopte une résolution sur le Burundi mettant en place une commission indépendante d’enquête qui devra déterminer, dans un délai d’une année, les auteurs des violations des droits de l’Homme au Burundi et proposer des sanctions à leur encontre. Le 11 octobre suivant, le gouvernement du Burundi suspend sa coopération avec le bureau du Haut-Commissariat des Droits de l’Homme au Burundi.
Il l’accuse de complicité dans l’élaboration du rapport de l’EINUB, et déclare également persona non grata les trois experts des NU. Des décisions prises à grands coups de manifestations de soutien organisées par le pouvoir dans tout le pays. La souveraineté et l’indépendance nationales sont les arguments massus du pouvoir.
Restant sur sa lancée, Bujumbura décide également de se retirer de la Cour Pénale Internationale. Le 12 octobre, l’Assemblée Nationale vote à une majorité écrasante le projet de loi prévoyant le retrait du pays de la CPI. Le Burundi devient ainsi le premier Etat africain à le faire.
Une fin d’année très mouvementée…
Fin octobre-début novembre, une grande annonce enflamme les médias sur la volonté de l’UE de ne plus faire transiter les salaires des soldats burundais engagés dans l’AMISOM par les caisses de l’Etat, mais par l’UA. Le gouvernement burundais menace de retirer ses militaires de l’AMISOM si l’UE persiste dans cette voie, à laquelle s’oppose également l’UA.
Mais le mois de novembre sera surtout marqué par la tentative d’assassinat de Willy Nyamitwe, le conseiller principal en communication du président Pierre Nkurunziza, le 28 novembre. Des accusations fusent de toutes parts, surtout sur les réseaux sociaux, et des personnes sont arrêtées.
Commencée par des questions sur le dialogue, l’année 2016 se clôture avec les mêmes interrogations. En visite à Bujumbura pour rencontrer les différents acteurs de ce dialogue, le facilitateur déclare, avant son départ, le 9 décembre, que le mandat de Pierre Nkurunziza est légal et légitime. Le Cnared le récuse aussitôt, l’accusant de partialité, et demande aux NU de trouver un autre médiateur. Ce qui ne gêne pas Bujumbura pour lequel le Cnared n’a jamais été invité à ce dialogue.
Il y a encore quelques jours, le dialogue inter-burundais était une option envisagée par une partie des protagonistes de la crise burundaise. Les déclarations du facilitateur Benjamin Mkapa et sa récusation vont-elles mettre un terme au processus de dialogue inter-burundais ? C’est la question qu’on peut se poser à la veille de cette nouvelle année 2017.
Pour la première fois je suis fier des actions de nos élus. si vous auriez travaillés bien fort de même le pays serait rendu pas mal loin. Mais les francais disent qu’il vaut mieux que tard. Je dois félicité le courage de notre excellence Président et son parti. Bon, courage et continuation.
La femme qui lève les deux bras, ça sens une odeur de tricherie!