L’année 2021 a été marquée par une volonté affichée du président Evariste Ndayishimiye de rouvrir les médias suspendus. Dans la même année, un journaliste en exil a été accusé de ternir l’image du Burundi par le chef de l’Etat tandis qu’un autre d’une radio rouverte a été arrêté en plein reportage.
Du 27 au 28 janvier, le président Evariste Ndayishimiye, dans le cadre d’’une rencontre avec les responsables des médias et des portes paroles des institutions, a fait une annonce qui a surpris tout le monde, notamment les responsables des médias et les porte-paroles des institutions. Il a demandé au Conseil national de la Communication(CNC) d’engager des pourparlers pour que la question des médias suspendus depuis la crise de 2015 soit vidée.
Pour le chef de l’Etat, il était urgent de trouver une solution aux différends antérieurs. Il faut alors que le CNC puisse s’asseoir avec les responsables des médias sous sanctions ou suspendus « afin qu’une solution soit trouvée et que le dossier soit clôturé». Le président du CNC annoncera, mardi 23 février, à la suite d’une rencontre avec le directeur de la Radio Bonesha FM qui venait de passer 5 ans sans émettre, que son organe a pris la décision de lever le retrait de l’autorisation d’exploitation à la Radio Bonesha FM. « La mesure fait suite à la volonté exprimée par le chef de l’Etat de voir les médias fermés rouvrir».
Du côté de la radio Bonesha, c’était la joie et la gratitude. C’est dans ce même mois de février que le bureau exécutif du Conseil national de la communication a annoncé dans un communiqué qu’il a pris la mesure de levée de la décision portant suspension de la rubrique « commentaire » du site www.iwacu.burundi.org du journal Iwacu » qui datait du 10 avril 2018. Ce communiqué précisait que cette mesure « vient dans le cadre du prolongement d’’une rencontre avec les responsables des médias tenue le 28 janvier 2021 par le chef de l’Etat. A la même période, l’organe de régulation des médias avait déclaré qu’il allait voir les services techniques compétents pour que le site d’Iwacu « soit de nouveau accessible au Burundi », mais jusqu’aujourd’hui, il reste inaccessible au Burundi.
Promesses d’appuis financiers
Les médias ont aussi eu des promesses de financement par le gouvernement. Interrogée sur le fameux fonds d’appui aux médias lors d’une visite au journal Iwacu jeudi 4 mars 2021, Marie Chantal Nijimbere, ministre en charge des Médias, a révélé qu’il s’agit de 60 millions de francs burundais. Elle promettait que son ministère allait essayer de partager cette somme aux différents médias selon leurs besoins bien qu’elle regrettât que ce montant soit insuffisant.
Un analyste estimait que le président de la République a pris une position de principe louable en réaffirmant son engagement pour une presse libre et responsable en janvier dernier.
Néanmoins, le 31 aout, Esdras Ndikumana, journaliste de RFI et de l’AFP, est accusé entre, autre d’exagérer la gravité de la propagation de la pandémie du Covid-19 et de nourrir les sentiments hostiles à son égard. A l’occasion de sa rencontre avec des jeunes entrepreneurs au stade Intwari, Evariste Ndayishimiye a publiquement accusé Esdras Ndikumana de verser dans l’apologie de la pauvreté du Burundi. Aux dires du chef de l’Etat, Esdras Ndikumana est le seul journaliste qui continue de ternir l’image du Burundi. Arnaud Forger, responsable de la division Afrique à RSF, a estimé que les propos du président sont « graves, dangereux et virulents ». Pour lui, c’est un constat dangereux et très regrettable pour un président qui pourtant avait présenté des garanties en faveur de la liberté de la presse
Un reporter de Bonesha FM est arrêté dans la matinée du 24 septembre en plein reportage à Kamenge au nord de la ville de Bujumbura sur une attaque à la grenade perpétrée chez un officier de l’armée. « Des policiers et des militaires m’ont passé à tabac, des coups de crosse, des gifles, des coups de pied, de bâton, ils m’ont traîné dans la boue alors que je brandissais ma carte de presse », a raconté Aimée Richard Niyonkuru.
Les journalistes d’Iwacu partis au commissariat municipal de la police pour s’enquérir de la situation de leur confrère ont été forcés d’effacer l’interview et les photos de ce reporter de Bonesha FM dans la cour du commissariat. Et pour Arnaud Forger, cela est une preuve qui montre à suffisance que malgré les quelques avancées en une année, la situation reste encore préoccupante.