Jeudi 09 janvier 2025

Société

Rétro Education, Société et Santé 2024 : Burundi face à moult défis

08/01/2025 0
Rétro Education, Société et Santé 2024 :  Burundi face à moult défis
Un homme souffrant de la variole du singe

L’année 2024 a été marquée par beaucoup défis dans le secteur social, éducation et de la santé. Le Burundi a connu la variole du singe, des pénuries répétitives d’eau dans différents quartiers de Bujumbura et à l’intérieur du pays. L’université du Burundi connaît des départs d’enseignants et du personnel administratif et l’école fondamentale est confrontée à l’insuffisance d’enseignants, etc.

Santé

Variole du singe : Du laxisme dans la prévention

Après un communiqué de démenti et de mise au point sur l’existence de la variole du singe au Burundi, le ministère de la Santé publique a finalement reconnu des cas de cette maladie, le 25 juillet 2024.

Selon les chiffres fournis par l’Unicef, depuis le premier cas confirmé le 25 juillet 2024, le Burundi a signalé 600 cas de Mpox, dont les deux tiers concernent des enfants de moins de 19 ans.

Selon Polycarpe Ndayikeza, porte-parole du ministère de la Santé publique, jusqu’au jeudi 1er août, 22 cas de variole du singe sont déjà enregistrés et aucun décès n’est à déplorer. Il indique que tous les patients sont sous traitement et leur vie n’est pas en danger.

En date du 25 juillet 2024, le ministère de la Santé publique et de la Lutte contre le sida a annoncé la présence du virus de monkeypox, une maladie hautement contagieuse et qui touche à la fois les animaux et les humains.

C’est après l’analyse de trois échantillons de cas suspects enregistrés au Centre Hospitalo-Universitaire de Kamenge, à l’Hôpital militaire de Kamenge et au District sanitaire Isare survenus le 22 juillet 2024.

Selon des sources internes à la clinique prince Louis Rwagasore, six cas de patients atteints par la variole du singe sont pris en charge à cet hôpital depuis le 1er août 2024.

D’après la ministre Lydwine Baradahana, cette maladie peut entraîner la mort si la prise en charge est amorcée tardivement.

Selon elle, les principaux modes de transmission se font à travers toute forme de contact corporel avec une personne infectée ou les objets ayant été en contact avec le malade et/ou les sécrétions du malade ou de l’animal infecté, gouttelettes respiratoires ou aérosols à faible portée.

Lydwine Baradahana reconnaît que la Monkey pox est présente au Burundi et appelle à la vigilance.
La situation s’est aggravée par la pénurie d’eau. Les habitants de la ville de Bujumbura font face à un manque criant d’eau potable.

Certains quartiers viennent de passer plus d’une ou de deux semaines sans une gouttelette d’eau dans les robinets. Rares sont les personnes qui respectent encore les mesures d’hygiène. Devant plusieurs magasins, marchés, hôpitaux et bureaux des institutions publiques, il n’y a pas de dispositifs de lavage des mains depuis l’annonce de la maladie.

Des rassemblements ont continué. Au centre-ville, dans cette pénurie de carburant et le manque de bus, des gens sont serrés sur les files indiennes. Dans les bus de transport en commun, les passagers s’agglutinent. Cela sape les efforts de distanciation physique pour se prévenir de cette maladie.

Des mesures ont été annoncées pour contrer la propagation de cette variole du singe. « Se laver régulièrement les mains à l’eau propre et au savon ou en utilisant une solution hydroalcoolique en évitant le contact avec une personne présentant les signes de la variole du singe ».


Société

Pénurie d’eau et épidémie dans la capitale économique

Dans plusieurs quartiers de la capitale économique Bujumbura, la pénurie d’eau est quasi permanente. Face à cette situation, la population se retrouve « entre le marteau et l’enclume » après l’annonce du ministère de la Santé publique d’une nouvelle épidémie appelée variole du singe qui est très exigeante en matière d’hygiène.

Au nord de la capitale économique, dans les zones urbaines de Cibitoke, Kinama, Ngagara, Kamenge et Gihosha, la pénurie d’eau potable est devenue un casse-tête pour les habitants de certains quartiers de ces zones. Ils passent plusieurs jours sans voir une seule goutte d’eau dans leurs robinets. Ils sont obligés d’acheter à ceux qui sont capables de parcourir des distances.

Dans le quartier Muyaga de la zone urbaine de Gihosha, au moment où nous mettions le papier sous presse, les habitants venaient de passer cinq jours sans voir aucune goutte d’eau. Un habitant de ce quartier indique qu’il vit la peur au ventre après le communiqué annonçant des cas de la variole du singe sur le territoire burundais.

Dans la zone urbaine de Musaga, les habitants disent qu’ils ont beau crié depuis longtemps, mais personne n’a daigné s’occuper de la question pour les alimenter en eau potable. Les quelques gouttes d’eau que se partagent plusieurs ménages viennent de deux robinets publics situés à la 1ère avenue.

En ce qui concerne les mesures d’hygiène, cette dame dit que le jour où cette variole du singe prendra réellement place, ce ne sera pas seulement les habitants de sa localité qui seront décimés mais toute la capitale.

Dans la zone urbaine frontalière Kanyosha, c’est le même drame. Les habitants paient des gens qui ne font que ce boulot avec des vélos. Dans le quartier Busoro de Kanyosha, les habitants dépensent beaucoup pour avoir de l’eau. Deux bidons de 20 l chacun ont monté de prix jusqu’à 1 000 BIF.

Dans le quartier Bwiza, l’eau potable est devenue tellement une denrée rare que ses habitants n’osent même plus en parler. Avec ses nombreux restaurants et bars, les propriétaires peinent à travailler.

Le calvaire des migrants burundais en Tanzanie

Arrestations, tortures, emprisonnements, dépossessions de leurs biens… Tels sont les déboires des jeunes burundais partis à la recherche de l’« eldorado tanzanien ». Souvent sans documents de voyage, ils sont arrêtés et renvoyés au Burundi dans un état critique. Iwacu s’est rendu à Makamba pour recueillir leurs témoignages.

Une quarantaine d’enfants ont été remis aux autorités burundaises par la police tanzanienne. Ils ont été accueillis à Mabanda, un chef-lieu communal qui se situe dans la province de Makamba, au sud du Burundi. Des blessures, des plaies encore béantes témoignent de l’ampleur des violences physiques que ces jeunes ont subies lors de leurs arrestations et emprisonnements. Sur sa jambe gauche, Désiré Nishimwe a par exemple une plaie non soignée. Au niveau des genoux, de petites blessures se remarquent également.

Que ce soit l’administration ou les associations de défense des droits des enfants, tous reconnaissent que le trafic humain est une triste réalité dans le pays. Et le nombre de refoulés ne fait que croître.


Les enfants en situation de rue à Bujumbura : une triste réalité

L’autre préoccupation a été le phénomène des enfants en situation de rue. Les rues de Bujumbura restent en effet, inondées d’enfants en situation de rue. Toutes les mesures pour leur réintégration dans les familles respectives semblent échouer.

Le gouvernement du Burundi avait instauré depuis 2022 une campagne de réintégration des enfants en situation de rue dans la province de Cankuzo. Une campagne qui a été un échec. Des enfants sont restés dans la rue, illustrant les défis énormes auxquels le pays est confronté pour résoudre ce problème.

La situation économique peu reluisante de notre pays serait aussi à l’origine de cette recrudescence du phénomène d’enfants en situation de rue. La plupart affirment que la faim et la pauvreté dans les familles les poussent à quitter leur foyer pour errer en ville à la recherche de nourriture et d’argent pour survivre.
Selon les statistiques récentes fournies par la Coordination des directions provinciales, plus de 5.000 enfants vivent dans les rues de Bujumbura.

Le gouvernement, à travers le ministère de la Solidarité nationale, a lancé plusieurs initiatives pour la réintégration de ces enfants, mais les résultats restent mitigés. Un plan plus holistique et intégré impliquant tous les acteurs sociaux semble nécessaire pour aborder efficacement la question.


Rendre Bujumbura propre

En 2024, plusieurs initiatives visant l’amélioration de l’hygiène dans la capitale économique ont été annoncées. Seulement, les résultats ne sont pas encore à la hauteur des attentes.

Même le président de la République n’y a pas manqué. Après son constat amer sur l’état de la propreté en mairie de Bujumbura lors de sa descente du 10 août 2024, il a déclaré que la « semaine du 12 au 16 août 2024 » est dédiée « à la propreté́ de la ville de Bujumbura ».

Il a instruit qu’à partir de lundi 12 août 2024, toute la ville devait être mobilisée. Et ce, avec un accès particulier dirigé vers les hauts dignitaires, les cadres, les fonctionnaires publics et privés, les banquiers, etc.

Un avertissement avait été donné

Le président Evariste Ndayishimiye en pleine action de ramassage des déchets, en mairie Bujumbura

Le 8 mars, lors des Etats généraux du tourisme, le président Evariste Ndayishimiye, avait interpellé le maire de la ville de Bujumbura et toutes les hautes personnalités à s’impliquer dans la propreté de la ville. « Vous voulez que des touristes viennent au Burundi alors que partout où vous êtes passés pour venir jusqu’ici, c’était plein d’immondices ! Je vois bien que vous avez honte, mais je vous préviens ».

Et deux jours après, le maire de la ville a menacé de sanctionner les ménages qui ne respectent pas les conditions hygiéniques. Il a annoncé ce qu’il a appelé ‘’ opération ville-propre’’.

Ce qui n’a pas empêché des tas d’immondices qui continuent à se constituer à l’intérieur des parcelles. Et pour cause, les coopératives chargées de l’enlèvement des immondices n’exécutent pas régulièrement leurs tâches selon les citadins.


Le quatrième recensement

En 2024, le Burundi a organisé son quatrième recensement général de la population depuis son indépendance. Initialement prévu pour le 16 août, puis reporté à deux reprises, le recensement général de la population, de l’Habitat, de l’Agriculture et de l’Elevage (RGPHAE) au Burundi, lancé par l’Institut national des Statistiques du Burundi (INSBU) à l’initiative du gouvernement burundais, n’a pas débuté au 27 août.

Le lancement de ses travaux a eu finalement lieu le 2 septembre 2024 sous l’égide du chef de l’Etat, Evariste Ndayishimiye.

Son coût global est estimé à 75 milliards BIF. Il vise à fournir des données fiables pour soutenir les projets de développement et répondre aux besoins de la population.

Pour rappel, depuis son indépendance en 1962, le Burundi avait déjà connu trois recensements de la population, à savoir en 1979, en 1990 et en2008.


Education

Quotas à la faculté de médecine, l’équité géographique au détriment de l’excellence

Une décision controversée du ministre de l’Education nationale et de la Recherche scientifique d’instaurer des quotas provinciaux pour l’admission à la faculté de Médecine soulève des polémiques. Des voix s’élèvent pour dénoncer une mesure jugée désastreuse pour l’éducation.

La mesure a été annoncée par le ministre de l’Éducation nationale Dr. François Havyarimana le mardi 24 septembre 2024 devant le Sénat.

Il a fait savoir que pour le prochain concours d’entrée à la faculté de Médecine, les candidats seraient sélectionnés en fonction de leurs meilleurs résultats, tout en tenant compte des « quotas provinciaux ».

Parmi les arguments avancés par le ministre Havyarimana, il y a notamment le fait que « 50 % des étudiants en médecine sont originaires de la mairie de Bujumbura, ce qui complique leur intégration dans les hôpitaux des zones rurales ». Pour le ministre, toutes les provinces abritent des intellectuels et la faculté de médecine doit donc être plus inclusive.

« La mesure annoncée par le ministre de l’Education nationale et de la Recherche scientifique apparaît comme une erreur gravissime dans l’éducation de nos jeunes », a dénoncé Dr Parfait Niyonkuru, enseignant-chercheur.

Paul Banderembako, doyen de la faculté de médecine à l’Université du Burundi défend cette idée « d’équité provinciale », comme un moyen d’assurer une représentation équitable de toutes les provinces.

Toutefois, il exprime des réserves sur l’efficacité de ces quotas, soulignant que « certains étudiants pourraient ne pas réussir à s’adapter. » Il insiste sur le fait que « l’excellence ne se limite pas aux résultats d’évaluation, mais qu’elle repose également sur la volonté de l’étudiant ».

Bien que le ministre Havyarimana pense que les quotas provinciaux inciteraient les médecins à s’installer dans les zones rurales de leur région d’origine, les jeunes lauréats en médecine ne sont pas du même avis.

Université du Burundi : inquiétude face aux départs des employés

Dans une lettre datée du 16 décembre 2024, adressée au ministre de l’Éducation nationale et de la Recherche scientifique, Audace Manirabona, recteur de l’Université du Burundi, lance un cri d’alarme concernant le départ massif des employés de l’institution. Le document révèle que 118 employés ont quitté l’université en 2024.

Dans cette correspondance, le recteur de l’Université du Burundi exprime ses préoccupations concernant le nombre croissant de départs à tous les niveaux du personnel de l’établissement au cours des cinq dernières années. Les statistiques indiquent 18 départs en 2020 ; 25 en 2021 ; 27 en 2022 ; 43 en 2023 et un bond à 118 en 2024, avec une proportion notablement plus élevée de femmes qui quittent leurs postes. Jusqu’au 15 décembre 2024, 41 enseignants avaient déjà quitté l’université. Audace Manirabona avertit que ces départs risquent de paralyser le bon déroulement des activités et de nuire aux performances des services offerts.

Les raisons invoquées incluent des conditions de vie et de travail précaires ainsi que des salaires insuffisants. Ce qui pousse beaucoup d’employés à rechercher de meilleures opportunités ailleurs. De nombreux enseignants se tournent vers des universités privées ou d’autres institutions locales pour trouver un emploi.

Les syndicats décrivent une situation alarmante qui pourrait mener à la fermeture de l’établissement si aucune action immédiate n’est entreprise pour redresser la situation.

Si un professeur d’université, regrette le président du syndicat du personnel enseignant de l’UB, Désiré Nisubire, ne parvient pas avec son salaire à payer le loyer, la ration et d’autres besoins, c’est normal qu’il soit tenté d’aller ailleurs. Il déplore que la faculté de médecine se vide de plus en plus de ses meilleurs éléments qui étaient des enseignants mais aussi des médecins spécialistes qui prestaient au Centre hospitalo-universitaire de Kamenge.

Ecole fondamentale : la disponibilité des enseignants est devenue un casse-tête

Dans plusieurs lycées publics, certains cours n’arrivent plus à être dispensés par manque d’enseignants.
Lors de la séance plénière du mardi 24 septembre 2024 qui se tenait à Gitega, devant les sénateurs, le ministre François Havyarimana a fait savoir que son ministère prévoit d’engager 630 enseignants alors qu’il a besoin de 12 000.

Il estime que l’éducation est l’un des domaines-moteurs de la vie du pays mais que, malheureusement, la qualité de l’enseignement au Burundi a régressé à la suite de plusieurs défis auxquels elle fait face. Et cela malgré les efforts du gouvernement pour développer le secteur.

En termes de défis majeurs, le ministre Havyarimana cite notamment le manque d’enseignants ; les effectifs trop élevés dans les écoles ; le manque de matériel scolaire et de salles de classe ; l’incompétence chez certains enseignants et bien d’autres. Ce tableau moins reluisant peint par le ministre ayant l’éducation dans ses attributions se remarque effectivement sur le terrain.

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