Il affirme « avoir été humilié, frustré. » Anicet Niyonkuru, président du Conseil Des Patriotes (CDP) quitte la coalition de l’opposition. Léonce Ngendakumana, président de l’ADC, y voit d’autres mobiles.
<doc7182|left>« Je me suis trompé sur mes partenaires », regrette Anicet Niyonkuru, président du Conseil Des Patriotes (CDP). Il estime que malgré ses propositions gratuites et constructives au profit de l’ADC, ses collègues ne l’ont jamais considéré à sa juste valeur. M. Niyonkuru illustre ce dénigrement par la rencontre de Caux en Suisse où la plupart des partis regroupés au sein de l’ADC ont été conviés par l’ONG Initiative et Changement international en 2012. « Non seulement mon parti n’a pas été invité, mais moi non plus alors que je résidais tout près de la Suisse.»
Alors qu’il était convenu avec l’ADC-Ikibiri que cette erreur ne se reproduirait plus à leur retour au pays, une autre rencontre de ce genre est organisée, toujours en 2012. « Les autres partis sont invités sauf le CDP, l’ADR et le PIT », s’étonne-t-il. Ce dernier indique que beaucoup d’autres activités se sont organisées ou s’organisent à son insu. Et d’en conclure que son parti n’est plus un partenaire, mais plutôt un parti de figuration pour gonfler le nombre.
Il observe, en outre, un manque de volonté : « Il y a plus d’un an, j’ai proposé au collège des présidents des partis membres de l’ADC un mandat pour mobiliser nos compatriotes de la diaspora. En vain. »
M. Niyonkuru et son parti préfèrent quitter l’ADC. Pourtant, dit-il, nous nous étions engagés à doter le Burundi d’une opposition forte et responsable. Le président du CDP déclare que son parti opte pour l’indépendance totale : « Nous ne sommes ni de l’opposition d’Emmanuel Miburo (président de l’opposition extra-parlementaire, ndlr.) ni du côté du pouvoir, car la différence entre les deux est trop légère. »
« C’est un non évènement »
La décision n’étonne pas Léonce Ngendakumana, président en exercice de l’ADC. Depuis peu, selon lui, M. Niyonkuru affiche des comportements bizarres : « Il débarque sur Bujumbura, y séjourne pendant presqu’un mois, mais n’informe personne. » M. Ngendakumana ne mâche pas ses mots : « Ses relations avec le gouvernement vont bon train actuellement. En témoigne l’arrangement à l’amiable entre M. Niyonkuru et le ministre de l’Intérieur sur l’affaire de la perte du dossier de son parti. »
Pour qui roule Anicet Niyonkuru ? : il est encore trop tôt pour le savoir mais il y a des signes qui ne trompent pas. Au congrès de son parti dimanche dernier, il n’a pas été inquiété. Aucune présence policière comme on a l’habitude d’en voir aux rassemblements des partis de l’ADC. Pourtant, le retrait n’avait pas encore été déclaré. Selon d’autres sources, M. Niyonkuru nouerait des amitiés avec le parti présidentiel. Toutefois, le principal intéressé le nie. Et de conclure avec ces propos ambigus : « Mon parti est encore jeune, il se cherche encore. Nous restons par ailleurs flexible quant à une éventuelle autre coalition avec l’un ou l’autre parti ou groupe politique. Tout se fera en fonction des cahiers de charges et des circonstances ».