Samedi 23 novembre 2024

Politique

Retrait du Burundi de la CPI : Kigobe dit oui

C’est ce mercredi 12 octobre que l’assemblée nationale a donné son feu vert, la chambre basse du parlement a massivement voté le projet de loi portant retrait du Statut de Rome, le traité fondateur de la CPI.

Les députés burundais approuvant le projet de loi portant retrait du Burundi du Statut de Rome, le traité fondateur de la CPI
Les députés burundais approuvant le projet de loi portant retrait du Burundi du Statut de Rome, le traité fondateur de la CPI

Sur les 110 députés dont 6 procurations, 94 ont voté oui, seuls 2 députés, tous de l’Uprona, André Ndayizamba et Fabien Baciryanino, ont voté non et il y a eu 14 abstentions dont celle d’Agathon Rwasa, le premier vice-président de l’Assemblée nationale.

Le texte adopté doit être approuvé par le Sénat, cette chambre haute du parlement burundais est également largement dominée par le parti au pouvoir.

«Il était temps que le Burundi se retire de la CPI», s’est réjoui Gélase Ndabirabe, député du Cndd-Fdd. Zénon Ndaruvukanye, un autre député du ’’parti de l’aigle’’ renchérit : «C’est une meilleure décision dans la mesure où la CPI est partiale».

«C’est la volonté de Dieu que nous accomplissons aujourd’hui. Celui ou celle qui ne votera pas ce projet de loi répondra devant Dieu», a menacé l’Honorable Persile Mwidogo du Cndd-Fdd au cours de la plénière. Dans son argumentaire, elle donnera quelques versets bibliques pour convaincre.

L’ancien président du sénat, le député Gabriel Ntisezerana, a exhorté les autres pays africains à emboiter le pas au Burundi. Selon lui, ’’la Cour pénale internationale est un instrument des grandes puissances’’.

L’honorable Bernard Ndayisenga, élu dans la circonscription de Bujumbura Mairie posera la question de savoir pourquoi sortir du Statut de Rome alors que le Burundi peut avoir besoin de la CPI dans l’avenir. Il n’a pas eu de réponse.

Pour le député Fabien Banciryanino, uproniste élu dans la circonscription de Bubanza demandera au cours de cette plénière si ce retrait du statut de Rome mettra fin aux crimes commis actuellement.

«C’est pareil pour cette suspension de la coopération et de la collaboration avec l’OHCDH, est-ce que cela signifie que les droits de l’Homme sont respectés ? Il faut un vote secret. Certains pensent comme moi mais ils ne peuvent pas s’exprimer».

A ces mots le président de l’Assemblée nationale, l’Honorable Pascal Nyabenda lui a demandé, sourire aux lèvres, l’air taquin, si son attitude n’était pas alors suicidaire, au vu de ces déclarations.

Il y a eu un éclat de rire général à l’hémicycle de Kigobe. Il a été malheureusement refroidi par cette question de la députée Godeberthe Hatungimana, élue à Rutana : «Qu’allons-nous dire à un citoyen qui a perdu les siens et qui comptait sur la CPI ?»

«Se retirer du Statut de Rome est une erreur»

Au cours de cette plénière consacré au vote de la loi portant retrait du Statut de Rome instaurant la CPI, la ministre de la Justice, Aimée-Laurentine Kanyana a appelé les députés à soutenir la justice burundaise : «C’est un nouveau départ pour la justice burundaise. Elle travaille d’une manière professionnelle, elle répond aux normes internationales et le gouvernement s’engage à punir tous les criminels».
Et d’avouer que ’’l’ouverture d’un examen préliminaire par la CPI créé une sorte de panique au sein des Burundais’’. «Mais l’ouverture des enquêtes contre les leaders de certains pays par la CPI se font sous l’impulsion des grandes puissances», a-t-elle justifié.

Parmi les motifs du retrait, explique-t-elle, c’est que la CPI est devenue un instrument de pression sur les gouvernements des pays pauvres.
Pour le deuxième vice-président de l’Assemblée nationale, Edouard Nduwimana, la CPI n’est pas une cour de justice mais un organe politique».

Comme du ’’vox clamantis in deserto’’, un élu de Muyinga clamera haut et fort que la CPI est pourtant le dernier rempart contre la mauvaise gouvernance en Afrique.

Mais une élue ira plus loin en demandant au parlement de ’’revoir tous les textes ratifiés qui peuvent violer la souveraineté et asservir le Burundi’’. Mais le député pro Rwasa, Térence Manirambona posera la question de savoir si se retirer du Statut de Rome n’est pas consacré l’impunité.

Selon André Ndayizamba, député de l’Uprona, ’’ce n’est pas un secret, en Afrique, les gouvernements sont les plus grands prédateurs des droits de l’Homme’’. D’après lui, ’’se retirer du Statut de Rome est une erreur politique et diplomatique’’.

Signalons que la sortie du Burundi du statut de Rome ne mettrait pas le pays à l’abri de poursuites de la CPI. Pour un pays non membre, cette cour doit avoir l’aval du Conseil de sécurité de l’ONU pour enquêter et engager des poursuites.

Forum des lecteurs d'Iwacu

18 réactions
  1. Ndihokubwayo Jean

    Et vous appelez cela vote? Ils attendent le signal de tel pour voter. La sortie de la CPI n’arrange pas Nkurunziza et sa clique car ils n’echapperont pas à la justice qu’elle soit burundaise ou internationale. Vous m’en direz le contraire?

  2. ERIC

    on a pas vue dans les rapports onusiens parler des opposants qui ont tuer les gens .
    on ne entend que gouvernment accuser.
    Comment etre dans une organisation qui vous HAISSENT.?
    Le congo et le’ethiopie ont tuer plus de 50 manifestants dans une journee et personne ne parle? mais le burundi a parvenir a arreter le pur avec 500 personnes mort dans une annee dont 50% tuer par l’opposition.et en meme temps le mandat etant legitime donc celui d’etre accuser et l’opposant qui a destabiliser le pays et non le gouvernment.
    L’ONU devrait se concentrer sur les opposants qui etaient offensif alors que le gouvernment etait defencif. .

    • nziguheba leonidas

      Monsieur Eric, à peine que j’ai compris ce que tu as voulu dire, suite à une absence du français de Molière, je voudrais te dire que ce que tu as écrit reflète directement ton niveau d’intelligence et surtout ton niveau d’analyse et d’argumentation.
      En effet, tu dis que la CPI ne s’adresse qu’au gouvernement alors que les opposants ne sont pas du tout inquiétés. Mais je dois te dire et dire à tout ce monde qui pense ainsi que la CPI N’A JAMAIS DIT QUE LES SEULS MEMBRES DU POUVOIR SERONT APPREHENDES. Par contre, la CPI a dit qu’ELLE POURSUIVRA TOUTE PERSONNE RESPONSABLE DES CRIMES QUI SE SONT DEROULES AU BURUNDI. PIRE encore, tu dis que au Burundi on n’a tué QUE 500 personnes en un an! Je ne sais pas si toi et ceux qui pensent comme toi, je parle au parlement de MWIDOGO et NYABENDA , ou Philippe et Gélase, vous connaissez ce que veut dire la valeur humaine.
      Je voudrais te dire en terminant que en votant ce projet de loi, le parlement n’a fait QU’UN AVEU DE CULPABILITE DE LA PART DU pouvoir DD. Rien que ça et uniquement ça. Nos chers « dépités » n’ont jamais eu le temps d’analyser les textes du traité de Rome et ont voté, sans âme ni conscience un aveu de culpabilité et une accélération de l’analyse des dossiers relatifs aux crimes commis au Burundi.

  3. Ntazizana

    Enfin les dd ont senti ce que c’est quand une cour devient un instrument du puissant comme ils ent usent au Burundi. Vont -ils y tirer une leçon pour laisser la justice burundaise travailler dans toute son indépendance?

  4. Jereve

    Ce Burexit est à ne pas en douter la volonté d’un petit groupe qui se sent menacé. Nos représentants du peuple ne le sont que par le nom, car en réalité ils représentent la volonté du petit groupe. La CPI est une juridiction de dernier recours des peuples quand les dirigeants deviennent sanguinaires et incontrôlables. A ce titre, elle devrait avoir le soutien de quiconque se présente sous la bannière de représentant du peuple.

  5. KABADUGARITSE

    Sous d’autres cieux, tout vote est secret et non à mains levées et ce, y compris au Parlement.-

  6. Kello

    L heure est grave!!!!  » EWE URI ICIHEBE » Pour avoir donné son idée!!!!Même le Président de l ‘assemblée a peur!!!Les burundais sont traumatisés!!!!!

  7. Fofo

    Je ne comprends pas pourquoi tout ce bruit sur le Burundi alors qu’il n’est pas le premier pays à se retirer de cette Cour. Le Kenyan (un autre pays de l’EAC) l’a fait en 2013. Les USA l’avaient également bien avant alors qu’ils sont parmi les premiers initiateurs et bailleurs de fonds de cette même Cour. Par ailleurs, un autre pays de l’EAC, le Rwanda, n’a pas ratifié le statut de Rôme.
    Pour ceux qui pensent que se retirer du Statut de Rome n’est pas consacré l’impunité, je pense qu’ils se tromper car en dehors des juridictions internes, il y a des juridictions africaines compétentes pour juger les crimes commis dans un état membre. Il s’agit notamment de la Cour africaine de justice et des droits de l’homme (CAJDH) et East African Court of Justiceb (EACJ).
    Nous devrions alors nous demander pourquoi la CPI ne laisse pas ou n’encourage pas ces cours enquêter et juger les crimes commis par les citoyens y compris les dirigeants de pays membres? Ca serait pour moi logique si la CPI interviendrait en dernier recours au cas où il s’avère que le jugement rendu est jugé « injuste ». Sinon, ceux qui disent que la CPI est un instrument des grandes puissances ont raison surtout que la plupart de ces mêmes grandes puissances n’ont pas ratifiés le statut de Rôme. N’oublions pas qu’à la tête de cette cour on y a placé une figure africaine! Fin de citation!

  8. MIZA

    « Signalons que la sortie du Burundi du statut de Rome ne mettrait pas le pays à l’abri de poursuites de la CPI. Pour un pays non membre, cette cour doit avoir l’aval du Conseil de sécurité de l’ONU pour enquêter et engager des poursuites » ! Donc le système a commis une erreur en attirant encore plus d’attention sur lui inutilement !

  9. Salvator

    Je pense qu’il faut refaire le vote car il me semble qu’il ya tricherie, étant donné que la photo montre une députée qui vote doublement avec deux bras!
    A lire ces quelques commentaires de ces « représentants du peuple » burundais, on comprend mieux qu’au pays du Prince Louis Rwagasore, le ridicule ne tue plus…

    • Theus Nahaga

      cela s’appelle signer des deux mains

  10. Dora kabingo

    Je souhaiterais relever deux passages dans le texte et les compléter au document audio qui a circulé via Whatsapp.
    « Pour le député Fabien Banciryanino, uproniste élu dans la circonscription de Bubanza demandera au cours de cette plénière si ce retrait du statut de Rome mettra fin aux crimes commis actuellement »
    « A ces mots le président de l’Assemblée nationale, l’Honorable Pascal Nyabenda lui a demandé, sourire aux lèvres, l’air taquin, si son attitude n’était pas alors suicidaire, au vu de ces déclarations »
    Je reprends les propos du président de l’assemblée nationale  » (rires) Ewe Fabiano ( rires) uri icihebe »
    En francais i ca veut dire effectivement un suicidaire mais ca peut vouloir dire aussi que le député  » a signé sa mort » en donnant sa position. Je souhaiterais attirer l’attention de Mr Nyabenda au cas quelque chose de mal devait arriver au député Mr Banciryanino

    • Ndumwiwe Jeannette

      Oui Dora, le message de Pascal Nyabenda est on ne peut plus clair!!! C’est une menace de mort qu’il a lancée au député Fabien!!!! Se demain le député Fabien Banciryanino est assassiné, que les autorités Burundaises ne disent pas qu’elles ne savaient pas…………….
      Pauvre pays où même les élus du peuple n’ont pas le droit d’exprimer leurs opinions!
      Quel affront à la démocratie pour laquelle nous nous sommes tant battus!

      • Bakari

        @Ndumwiwe Jeannette
        « Pauvre pays où même les élus du peuple n’ont pas le droit d’exprimer leurs opinions! »

        Vous en connaissez vous, actuellement des pays des Grands-Lacs, dans lesquels les élus du peuple expriment leurs opinions à leur guise?

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