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Retrait de l’AMISOM, « un processus graduel et responsable »

11/05/2018 Commentaires fermés sur Retrait de l’AMISOM, « un processus graduel et responsable »
Retrait de l’AMISOM, « un processus graduel et responsable »
Des déplacés somaliens puisent l’eau sur des robinets installés par les militaires burundais.

La résolution 2372 prévoit le retrait des troupes de la Mission de l’Union Africaine en Somalie (Amisom) jusqu’en 2021. Cependant, cette opération prendra en compte les réalités du terrain.

« C’est vrai cette résolution stipule qu’en 2021, la transition devra être accomplie. Mais, elle nous dit clairement qu’il s’agit d’un processus graduel et responsable », a clarifié, Francisco Caetano Madeira, représentant spécial de la commission de l’UA en Somalie, devant des journalistes burundais, lundi 7 mai, à Mogadiscio. « On peut envisager la possibilité que l’on puisse travailler au-delà de 2021, mais peut-être dans un autre contexte ». Tout doit se faire, poursuit-il, de façon que les acquis en termes de stabilité de la Somalie, depuis 2007, soient maintenus.

« Nous ne sommes pas une force d’occupation », fait remarquer le général-major Charles Tai Gituai, commandant-adjoint de l’AMISOM en charge des opérations et de la planification. Et de rappeler que le principal mandat de cette force est d’éradiquer les Shebabs et d’aider les communautés à démarrer leurs activités socio-économiques. « Pour ce, le transfert graduel des responsabilités aux forces de sécurité somaliennes doit se faire sans compromettre les progrès déjà réalisés ».

Sur la décision de l’UE de réduire de 20% les salaires des troupes, M. Madeira indique que des solutions alternatives sont à l’étude. Dans cette optique, l’UA et l’ONU ont nommé des envoyés spéciaux. « Leur mission est de trouver des sources alternatives aux financements de l’AMISOM ». Il se réjouit de la collaboration de cette force avec les Chinois, les Russes, des pays asiatiques, etc. « Même l’UE est arrivée à la conclusion qu’il fallait revoir son approche vis-à-vis de l’AMISOM ».

Les Burundais, combattifs et appréciés

Avec 4900 hommes, le Burundi est un des pays contributeurs à l’Amisom. Son contingent occupe le secteur V dans le nord de la Somalie. Son état-major est installé à Jowhar Air Field, dans l’Etat d’Hirshabelle.

« Nous avons déjà sécurisé la région à plus de 85% », évalue le général de Brigade Victor Nduwumukiza, commandant du contingent burundais en Somalie. Malgré ce bilan, il fait savoir que la situation sécuritaire reste volatile et imprévisible : « Les Shebabs mènent des attaques sur des convois par des engins explosifs, comme celle de mars dernier. Et les éléments de l’armée nationale somalienne n’ont pas encore de maturité et manquent cruellement de matériel. » Et de soutenir que certains somaliens soutiennent encore ces terroristes : « Ils les cachent et leurs filent des informations sur nos déplacements.»

La non-maîtrise du somali est un handicap majeur pour accéder à l’information. « Un Somalien peut avoir la bonne volonté de nous donner des informations, mais la langue devient un obstacle », observe le lieutenant-colonel Jérémie Setarara, chargé du renseignement.

Nombre de Somaliens apprécient le travail des Burundais et plaident pour leur maintien dans ce pays. « Merci pour votre sang versé pour sauver la Somalie. Nous ne voulons pas que l’Amisom parte tant que les Shebabs sont là », a déclaré Muhamed Ali Adle, ministre de l’Intérieur de l’Etat de Hirshabelle. Cette autorité, rencontrée à Jowhar, demande aux troupes burundaises de former les Somaliens afin de prendre la relève le moment opportun.

Ce ministre somalien assure que les Burundais sont devenus de véritables amis : « Quand ton frère te tue, et qu’un étranger donne son sang pour toi, il est plus qu’un frère.»
En plus d’assurer la sécurité, les militaires burundais soignent les Somaliens et ont rendu accessible l’eau potable. Elle est utilisée par les 19 mille déplacés du site installé à proximité de l’état-major du contingent burundais.

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