Le président de la République Pierre Nkurunziza a dans son discours du 20 août annoncé que ceux qui veulent rentrer et qui ne se reprochent de rien sont les bienvenus. La justice attend ceux qui sont poursuivis par la justice. Un discours qui est loin de rassurer la coalition de l’opposition politique en exil qui annonçait son retour pour les prochaines élections.
Le président Nkurunziza a le mérite d’avoir été clair. Dans son discours marquant le 4e anniversaire de sa prestation de serment il s’est montré tranchant. Catégorique. Pour le chef de l’Etat, pas question de lever des mandats d’arrêt des personnes poursuivies par la justice. S’ils rentraient au pays, ce serait pour faire face au glaive de la justice.
Il va plus loin, exigeant des pays qui les abritent à les extrader. Les autres politiques en exil qui sont « clean » aux yeux du pouvoir en place sont les bienvenus.
Un discours qui intervient quelques jours seulement après une annonce surprise de la plateforme de l’opposition en exil. Le Cnared a étonné plus d’un en annonçant sa volonté de rentrer au pays pour participer au prochain scrutin.
Un grand pas vers Gitega. Une main tendue pour la paix, selon plusieurs observateurs. Le Cnared s’est proposé de rentrer pour participer aux élections de 2020, sans poser beaucoup d’exigences, ce que d’ailleurs ne lui pardonnent pas plusieurs voix outrées dans l’opposition. Plus question notamment de dialogue externe de l’EAC chapeauté par l’Union africaine. Un grand compromis offert à Gitega pour enterrer la hache de guerre.
Mais apparemment, le pouvoir en place a décidé plutôt de jouer la danse du vainqueur. Depuis l’annonce surprise du Cnared, les langues se sont déliées, susurrant à qui veut l’entendre que l’opposition en exil est « fatiguée, épuisée et prête à tout pour rentrer. »
Le bureau de la présidence a organisé une conférence le 16 août, évoquant déjà ce qui serait la couleur du discours du président Nkurunziza.
En substance, M. Nyamitwe, le conseiller principal de la communication du président a déclaré que toute personne poursuivie par la justice de retour devait se retrouver chini ya ulinzi (devant la justice). Mieux, leur retour au bercail serait « kwishikana » (une capitulation). Des propos plutôt mal accueillis notamment par des Burundais en exil.
L’opposant en exil, Pancrace Cimpaye a réagi au discours du président Nkurunziza. Il estime que son message aux politiques en exil a le mérite d’être clair : « C’est moi qui choisis quel opposant qui peut rentrer ». Selon lui, le pouvoir en place ferme hermétiquement la porte du retour d’exil aux hommes politiques de l’opposition poursuivis par la justice burundaise. « La messe est dite », conclut amèrement M. Cimpaye.