L’association Restauration Burundi (Restobu) se dit préoccupée par la situation carcérale au Burundi. Pour cette organisation, malgré les efforts des autorités burundaises pour désengorger les établissements pénitentiaires, ces derniers restent surpeuplés.
Le constat fait par l’association Restobu est amer : dans tous les établissements pénitentiaires du Burundi, le nombre de détenus dépasse largement les capacités d’accueil. « Il y a des prisons où la population carcérale excède de deux voire quatre fois leur capacité maximale, rendant la situation particulièrement critique », fait savoir Gratien Nibigira, directeur exécutif de Restobu.
Les établissements pénitentiaires regroupent plusieurs catégories de détenus : ceux sous mandats d’arrêts provisoires, en détention préventive, en liberté provisoire, en état d’acquittement, les condamnés ayant purgé leur peine mais toujours incarcérés, et les condamnés en cours d’exécution de leur peine.
« Malgré toutes les initiatives des dirigeants burundais, il s’observe notamment un nombre très élevé de détenus qui dépassent largement la capacité des maisons de détention. Les conditions de vie des détenus sont très précaires », explique-t-il.
Le Burundi compte onze établissements pénitentiaires, dont dix datant de la période coloniale, à l’exception de la prison des hommes de Ngozi et des deux centres de rééducation pour mineurs en conflit avec la loi.
Pendant plus de 60 ans, explique Me Dismas Ndayemeye, consultant pour le compte de l’association Restobu, ces établissements n’ont jamais été reconstruits, alors que la population et les infractions n’ont cessé d’augmenter. Selon lui, il faut prendre des mesures visant à réduire la population carcérale, notamment en limitant les cas d’emprisonnement et en explorant des alternatives à la détention.
Les conditions de vie des détenus restent précaires, parmi les principaux défis figurent : l’alimentation insuffisante, l’accès limité aux soins de santé, l’ancienneté et l’inadaptation des infrastructures pénitentiaires, des conditions d’hygiène déficientes, le manque de moyens de transport pour les transferts des détenus, des infrastructures sportives inexistantes et la surpopulation carcérale.
Quelles solutions face à ces défis ?
L’organisation Restobu en appelle à assurer une alimentation suffisante aux détenus. Cette association propose les structures sanitaires des établissements pénitentiaires soient équipées en matériels médicaux et en médicaments.
Pour améliorer les conditions d’hygiène, l’ association Restobu propose une réhabilitation des infrastructures et l’aménagement de sanitaires suffisants. Par ailleurs, note cette association, les établissements pénitentiaires devraient être dotés de moyens de transport adéquats et d’espaces de visite pour garantir le droit des détenus à maintenir un contact avec le monde extérieur.
L’Association Restobu encourage des solutions alternatives à l’emprisonnement, telles que le travail d’intérêt général et le paiement d’amendes : « Il faut réduire la population carcérale sans nécessairement construire de nouvelles prisons, mais peut-être des établissements pénitentiaires spécialisés pour séparer les détenus selon leur genre, leur état de santé ou d’autres critères ».
Suite à la grâce présidentielle, une mesure prise le14 novembre 2024, préconisant la libération de 5442 prisonniers, l’association Restobu parle de plusieurs obstacles comme la libération de détenus non éligibles.
Pour que ces mesures produisent des effets positifs, propose Gratien Nibigira, il faudrait mettre en place des mesures d’accompagnement pour éviter la récidive et la vengeance, et encourager les magistrats à privilégier des alternatives à la détention, faciliter la réintégration des personnes libérées au sein de leurs familles et créer des centres d’écoute pour leur rééducation sociale.
Concernant les prisonniers acquittés et ceux ayant déjà purgé leur peine, l’association Restobu fait remarquer que la population carcérale peut augmenter en raison du manque de professionnalisme de certains acteurs de la chaîne pénale.
Cette organisation suggère plusieurs solutions comme la sensibilisation du personnel pénitentiaire afin qu’il puisse contrôler régulièrement les dossiers des détenus pour que les détenus ayant purgés leur peine soient libérés. Une autre proposition : il faut que les acteurs, les intervenants et les membres de la société civile contribuent au suivi et au contrôle des dossiers des détenus : « Les prisonniers n’ont souvent ni les moyens ni la possibilité de faire avancer leurs dossiers ».
Pour l’association Restobu, il faut développer des activités entrepreneuriales pour renforcer les moyens financiers des établissements pénitentiaires et des prisonniers. Au lieu de construire de nouvelles prisons, cette organisation propose de favoriser des travaux d’intérêt général comme alternative.
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