Mardi 05 novembre 2024

Politique

Reprise du dialogue : la facilitation dans les mains des Nations unies

18/08/2015 2

Le Conseil de sécurité vient de décider l’envoi d’un nouveau médiateur pour relancer le dialogue inter-burundais, suspendu il y a un mois. Pour Ban Ki Moon, il faut mettre un terme à la spirale de violence.

Ban Ki-moon promet l'envoi d'un nouveau médiateur au Burundi
Ban Ki-moon promet l’envoi d’un nouveau médiateur au Burundi

L’on ne connaît pas encore le nom du nouveau facilitateur, ni son origine, ni le jour de la reprise du dialogue. Mais qu’on le veuille ou pas, les pourparlers entre Burundais doivent se poursuivre.

En effet, ce 10 août 2015, le Conseil de sécurité des Nations unies s’est réuni pour analyser la situation politico-sécuritaire qui prévaut au pays. La recrudescence de la violence est inquiétante. Selon Ivan Simonovic, secrétaire général adjoint des Nations unies pour les Droits de l’Homme, 94 personnes ont été tuées, environ 600 personnes sont arrêtées dont 40 cas de torture.

Le Burundi, constate le Conseil, s’enfonce dans la violence et plonge dans une crise profonde depuis le déclenchement du mouvement contestataire de la candidature de M. Nkurunziza, jugée illégale par certains.

Ainsi, le Conseil de sécurité exhorte le gouvernement burundais à renouer immédiatement le dialogue avec l’opposition pour mettre fin à la violence qui s’observe.

Ban Ki Moon, secrétaire général des Nations unies, promet d’envoyer un nouveau médiateur en remplacement de Kaguta Yoweri Museveni, président ougandais.

Pour rappel, le dialogue sous la facilitation de Cryspus Kiyonga, ministre ougandais de la Défense,avait été suspendu le 19 juillet. Motif : le pouvoir et le parti Cndd-Fdd accusaient l’opposition de vouloir former une rébellion et un gouvernement parallèle à partir d’Addis-Abeba.
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La sécurité préoccupe

La classe politique attend beaucoup de la nouvelle facilitation Elle insiste surtout sur le retour de la paix pour organiser des élections crédibles. Cependant, le parti Cndd-Fdd et le pouvoir appellent au respect du verdict des urnes.

Agathon Rwasa : « Un climat sécuritaire propice avant tout»

RwasaFace à un contexte sécuritaire précaire, M. Rwasa propose que le retour à la paix soit le premier point à l’agenda de la facilitation afin de permettre l’organisation des élections inclusives et crédibles.

Dans l’attente de la tenue des scrutins, il plaide pour l’amélioration de l’environnement politique par la réunification des partis politiques divisés pour ne garder que ceux qui ont une assise sur le terrain.

Agathon Rwasa envisage également l’élargissement des institutions et la formation d’un gouvernement consensuel : « Il faut permettre la participation d’autres forces pour casser la prédominance du Cndd-Fdd. »

Pour M. Rwasa, il faut aussi négocier la gouvernance politique, économique, etc. pour rassurer les Burundais et les partenaires afin d’éviter l’isolement du pays : « Le peuple burundais déjà dans la misère en souffrirait doublement. »

Quant au troisième mandat de Pierre Nkurunziza, Agathon Rwasa rappelle qu’il est illégal et viole l’Accord d’Arusha.

Domitien Ndayizeye : « Le désarmement d’abord »

Domitien Ndayizeye, lors de l'entretien ©Iwacu

L’ancien président de la République est direct : « Il faut une facilitation capable de fléchir le camp Nkurunziza et l’amener à respecter les conclusions des différents sommets sur le Burundi.»

Selon M. Ndayizeye, le désarmement des civiles constitue une priorité: « La recrudescence de la violence n’augure rien de bon, en témoignent l’assassinat de l’homme fort du système Cndd-Fdd et la tentative d’assassinat du grand défenseur des droits de l’homme. »

Certes, constate-t-il, cette opération peut prendre du temps. Toutefois, il estime qu’avec la collaboration de l’armée et de la police, il est possible de neutraliser tous les gens armés.

Pour l’organisation et la tenue des élections, le sénateur à vie propose le déploiement de deux mille experts pour les superviser. La candidature de Nkurunziza, ajoute-t-il, n’a pas de place dans ce dialogue : « Il sait lui-même qu’elle est contraire à la loi. »

Il s’inscrit en faux contre le gouvernement d’union nationale : « Compte tenu de la configuration de l’actuel parlement et des pouvoirs dont dispose Nkurunziza, il ne servirait à rien. »

Léonce Ngendakumana :« La question de la ‘milice’ Imbonerakure doit être résolue. »

Léonce ngendakumanaLa position du président de l’Adc-Ikibiri et du parti Sahwanya Frodebu n’a pas changé d’un iota. Le désarmement de la milice Imbonerakure, le retrait de la candidature de M. Nkurunziza et le calendrier électoral consensuel sont les grandes préoccupations de M. Ngendakumana.

Quant à la mise en place du gouvernement d’union nationale, le président de l’Adc indique que cette question ne concerne pas sa coalition : « Pour nous, les élections n’ont pas encore lieu pour dire qui peut entrer ou pas au gouvernement. »

Charles Nditije : « Tout est en panne »

Pour le camp Nditije, c’est une question qui regarde le Cndd-Fdd et le ministre de l’IntérieurPour M. Nditije, la mascarade électorale ne peut pas être une base pour gouverner. Il s’insurge également contre le contexte sécuritaire. En outre, il persiste et signe que Pierre Nkurunziz ne peut pas briguer un troisième mandat : « C’est la base de toute négociation. »

Néanmoins, Charles Nditije est pour la mise en place des institutions inclusives, concertées et d’une équipe de la Ceni consensuelle pour préparer des élections crédibles.

Gélase Ndabirabe : « Finis Kigobe et Kajaga d’antan »

GélaseLe parti présidentiel est catégorique : « Le partage arbitraire et forfaitaire du pouvoir n’est plus possible. » Selon M. Ndabirabe, les Burundais ont déjà tranché lors des derniers scrutins.

Le porte-parole du Cndd-Fdd invite les opposants à ne pas sous-estimer le peuple et à respecter le verdict des urnes.

 

 

Philippe Nzobonariba :« Le gouvernement n’est pas un obstacle »

Philippe Nzobonariba, secrétaire général et porte-parole du gouvernement ©Iwacu
Philippe Nzobonariba, secrétaire général et porte-parole du gouvernement ©Iwacu

Le secrétaire général et porte-parole du gouvernement déclare que le pouvoir n’a pas encore été officiellement saisi de cette nouvelle médiation : « Nous ne savons pas non plus si le Conseil de Sécurité des Nations Unies aurait désavoué ou retiré à l’initiative régionale le droit de poursuivre la médiation. »

Si la Communauté internationale décide d’envoyer un nouveau médiateur, assure-t-il, le gouvernement est disposé à relancer le dialogue. Cependant, il indique qu’il y a des mécanismes diplomatiques à suivre pour signifier cette décision : « Nous demandons le strict respect des loisrégissant les Etats. »

Forum des lecteurs d'Iwacu

2 réactions
  1. Grive

    Quoi qu’il en soit, la solution viendra des négociations, mais les nations unies doivent prendre les choses le plus au sérieux et prendre des mesures plutôt contraignates avant d’entamer les négociations. Il faut d’abord arrêter les assassinats qui s’opèrent sélectifs qui s’opèrent au grand jour sans que le gouvernement ne blonche un mot; il faut arrêter les arrestations abusives et les tortures à l’endroit des officiers ex FAB, des jeunes des quartiers qui ont plus le devant dans la contestation du mandat de trop, ainsi que la chasse à toute personne soupçonnée ne pas soutenir le parti au pouvoir.
    Plutôt qu’envoyer un médiateur, il faut d’abord une intervention militaire pour sécuriser la population et désarmer les milices.

    Autre chose, les négociations ne seront possibles que si elles se tiennent à l’étranger pour permettre la participation de tous les partenaires politiques, notamment les membres du CNARED.

  2. Stan Siyomana

    1. Quoi qu’il arrive au BEAU PAYS DE MWEZI GISABO, l’histoire se rappelera toujours que L’ULTIME RESPONSABILITE pour desamorcer la crise actuelle au Burundi repose sur le President Pierre Nkurunziza .
    « NIWE KIZIGENZA », dit-on dans la langue nationale burundaise; « The Buck Stops Here » etait le dicton prefere de l’ancien president americain Harry S. Truman (pour signifier l’ultime responsabilite dans les decisions a prendre).
    2. Quoi qu’il arrive au BEAU PAYS DE MWEZI GISABO, l’histoire ne se rappelera pas (peut-etre dans moins de 3, 5 ou 10 ans) que Honorable Gelase Ndabirabe etait Secretaire General (?) du parti au pouvoir du CNDD-FDD et qu’il a fait telle ou telle declaration intransigeante (tout comme personne ne s’occupe plus d’une declaration que le Secretaire general du parti au pouvoir UPRONA aurait faite pendant les « EVENEMENTS »/IKIZA de 1972, ou pendant la « CRISE »/GUERRE CIVILE/AMAGUME de 1993 a 2000).

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