Une répression féroce a suivi l’attaque contre quatre camps à Bujumbura. Plusieurs sources concordantes accusent les forces de l’ordre et de sécurité d’avoir exécuté des civils. Iwacu a tenté de comprendre ce qui s’est passé dans chaque quartier. Le récit.
Par Dieudonné Hakizimana, Lyse Nkurunziza, Diane Uwimana, Clarisse Shaka, Dorine Niyungeko, Edouard Madirisha, Christian Bigirimana, Rénovat Ndabashinze, Guibert Mbonimpa, Philippe Ngendakumana et Onesphore Nibigira
Le camp Ngagara attaqué
Peu d’informations circulent sur l’identité de ceux qui ont attaqué ce camp dans la nuit du 11 décembre 2015. Quelques témoignages laissent supposer qu’ils étaient organisés…
« Ils ont d’abord tourné dans le quartier durant presqu’une heure avant d’attaquer le camp vers 4 h du matin. Ils étaient plus d’une centaine, beaucoup portaient des tenues militaires et des bottines. » Ce témoignage est d’un gardien de vaches, qui dormait dans une des étables qui se trouvent près de la clôture du camp Ngagara, à côté de l’école primaire dite Q2, et des terrains de football et de basket. « Quelques uns sont restés en dehors du camp tandis que le gros s’est frayé deux passages dans la clôture du camp. Il s’en est suivi un déluge de coups de feu et de détonations de grenades durant presqu’une heure.» Selon ces gardiens, c’est vers 5 h du matin que ces gens sont repartis d’où ils étaient venus, tous armés. « Après l’attaque, nous avons entendu beaucoup de cris de douleur et d’agonie », témoignent les gardiens de vache.
Une diversion ?
B.N, habitant le quartier 8 dans la zone Ngagara indique qu’elle a croisé le groupe de ceux qui ont attaqué le camp situé dans cette zone vendredi 11 décembre vers 3 heures du matin : « Ils m’ont ordonné de me garer et m’ont demandé d’où je venais. Je leur ai répondu que j’avais une parenté hospitalisée. Ils m’ont laissé passer.» Notre source affirme que les membres de ce groupe portaient tous un ruban jaune autour de la tête et des bras. Arrivée chez elle, notre source confie qu’elle les a entendus entonner des chants contre le troisième mandat du Président Pierre Nkurunziza : « Ils ont ensuite prié au nom du Père. Après cela, il y a eu des cris, des tirs d’armes automatiques et beaucoup d’explosions. » L’opération a duré, soutient notre source, plus de trente minutes. Et d’après elle, les coups de feu entendus vers l’aube ont été tirés par des militaires, mais les assaillants étaient partis depuis longtemps. Le lendemain, se rappelle B.N, les militaires étaient en train de réparer le portail du camp, probablement détruit par ces assaillants.
Un quartier dans la peur…
Dans le quartier 2, aux environs du camp, les gens ont commencé à sortir petit à petit, un à un, peu avant 6h du matin, chacun y allant de ses questions pour savoir ce qui s’est réellement passé. Mais une seule crainte, une seule question est sur la bouche : si ceux qui ont attaqué le camp sont venus et repartis en passant dans le quartier, la police ne va-t-elle pas venir fouiller ou arrêter des gens ? Et, vers 13h, leur crainte s’est confirmée. Une quarantaine de policiers de l’API débarque dans le quartier en courant, fusils à la main, le doigt sur la gâchette. Quelques-uns ont un bol d’aliments et une cuillère dans les mains, ils mangent.
Ils arrêtent des gens et les font coucher par terre, hommes et femmes ensemble. Certains sont battus, la plupart insultés. Dans une maison, un homme est dépouillé de son argent, dans une autre, un étudiant congolais de l’université Hope se fait arracher son portable Samsung, dernier cri, selon lui. « Il vous dirigera que vous le vouliez ou non, même son petit-fils prendra sa place », « Sales tutsis », sont des mots qui reviennent souvent dans la bouche de ces policiers, qui finalement, ont fait plus de peur que de mal.
Nyakabiga : Des assassinats à l’aveuglette
Le matin du vendredi 11 décembre, les habitants de Nyakabiga se sont réveillés dans l’angoisse, après avoir passé une nuit agitée, se demandant ce qui se passait dans les quartiers Musaga et Ngagara d’où provenaient des tirs à l’arme lourde. « Nous avons entendus des coups de feu vers l’aube. Nous nous demandions les uns et les autres de quoi il s’agissait.»
Les gens s’attroupaient devant leurs maisons en train d’échanger les informations de ce qui se dit sur les attaques. Les uns se demandant s’ils vont vaquer à leurs activités quotidiennes. Certains les décourageaient, car toutes les routes étaient bloquées par des militaires. Ils ne se doutaient pas que quelques heures après, des crimes macabres allaient être commis dans leur quartier.
Vers 8 heures 45, un policier aurait averti quelques-uns que dans quelques minutes, le drame allait se produire («hagire hababe») dans ce quartier que les cibles sont les jeunes hommes. La tension monte d’un cran. Cette information se répand comme une traînée de poudre. Quelques minutes après, les premiers tirs retentissent. C’est le sauve-qui-peut. Les habitants s’enferment chez eux. Des policiers, certains portant les tenues dites (taches-taches) de ceux de l’API (Appui à la Protection des Institutions), d’autres de la Brigade anti-émeute, des hommes en tenue civile (les uns portant des jeans, des shorts) avec des armes à feu (certains parlent d’Imbonerakure) et des militaires entrent dans le quartier.
« Tué par deux balles l’une à l’abdomen et une autre à la tempe »
Deux corps sans vie non identifiés ont été découverts à l’avenue de l’Imprimerie dite de la mort au niveau de Nyakabiga I. La route séparant Nyakabiga I et II, les habitants parlent de 7 personnes tuées. Un certain Innocent originaire de Makebuko en province de Gitega (le seul survivant de la crise de 1993 dans sa famille), vendeur de lait. «Quand il a entendu les tirs, il a fermé et a verrouillé les portes. Deux autres voisins (boutiquiers) s’y sont réfugiés», raconte une femme d’un certain âge, habitant la même ruelle. Arrivées au niveau de cette boutique, les forces de l’ordre lui intiment l’ordre d’ouvrir la porte. Il s’exécute. « A peine qu’il s’est retrouvé en face d’eux, un policier a ouvert le feu et a tiré une balle à l’abdomen et une autre à la tempe et il est mort sur le coup. Mais, les deux autres ont été épargnés. »
A ce moment, un jeune du nom Raoul (retardé mental) est aussi tué. Surpris par des tirs, il s’est caché entre les sacs de charbon. «Il est mort tenant dans ses mains un Fanta orange et du pain qu’il venait d’acheter chez Innocent», témoigne un autre jeune qui a assisté à la scène. Deux autres jeunes hommes (taxis-vélos), connus dans le coin, ont été tués. « Comme à l’accoutumée, le matin, ils étaient à leur travail, car personne ne savait que nous serions attaqués.»
Non loin de là, un certain Maregarege, qui transporte les ordures et déchets ménagers vers les décharges publiques, est également tué. «C’était un homme sans histoire, qui habitait dans le quartier depuis plusieurs années. Il ne vivait que grâce à son travail ».Certains affirment que les gens du quartier étaient sa seule famille. Egide Niyongere, employé du ministère de la Santé publique allait se marier au début de l’année prochaine. Il a été enlevé puis tué avec son visiteur Egide, un enseignant de l’école secondaire. « Des policiers nous ont fait sortir de la maison, nous sommes couchés, ventre à terre. Egide et son visiteur qui étaient au lit sont venus parmi nous. Il y a eu l’ordre d’enlever les deux seulement après nous avoir dépouillés de nos téléphones. Vers 17 h, comme nous l’a dit un témoin, ils ont été assassinés devant l’Eglise Bahaï en face du bureau communal de Nyakabiga », témoigne un voisin à la 13ème avenue à Nyakabiga II. L’enterrement d’Egide a eu lieu ce mercredi, 16 décembre. Il était originaire de Rusaka, en province de Mwaro.
Un autre tué, c’est un certain Charles, habitant à Nyakabiga II, 10ème avenue, originaire de Mwaro. Il se préparait à monter chez lui comme le dit son voisin. « Il est sorti le matin, mais il n’est pas revenu. Nous avons appris qu’il a été assassiné. »
Les extracteurs n’ont pas été épargnés
Un autre du nom d’Astère (21 ans), taxi-vélo, a été tué au niveau de la mosquée située à Nyakabiga I. Selon son ancien patron, ils ont appris sa mort le lendemain :« Les voisins nous ont alerté mais son cadavre a été emporté par les agents de la mairie. Ce que nous avons fait, c’est de mettre au courant sa famille habitant dans la commune de Bukeye.»
Les habitants de ce quartier indiquent que trois cadavres ont été vus sur la route bitumée séparant Nyakabiga et Jabe sans pour autant être identifiés. « Nous pensons qu’ils ont été amenés ici pour y être exécutés.» D’autres personnes évoquent une dizaine d’extracteurs (abaropozi) de moellons et du sable dans la rivière de Ntahangwa, tués. «Si l’un d’eux te soupçonnait que tu es « rebelle», c’était la mort. A mon humble avis, ces derniers (abaropozi) ont été pris pour cible, car ils n’auraient pas dû laisser filer « l’ennemi» »
Le calvaire a duré toute la matinée et l’après-midi de ce vendredi. Plusieurs ménages de cette partie de Nyakabiga ont été fouillés, selon les habitants, qui dénoncent par ailleurs des vols et des cas de tortures chez les jeunes hommes et des femmes. « Nous étions cloîtrés dans notre maison, car personne n’osait s’aventurer à l’extérieur, lorsqu’une dizaine de policiers, des militaires et des hommes en civils ont débarqué chez nous. Ils nous ont ordonné de sortir de la maison et de coucher par terre», témoigne un jeune homme de ce quartier. D’après lui, certains sont rentrés dans la maison. Ils ont volé des portables (plus de 10), de l’argent (plus de 100 milles Fbu), des bijoux et des pagnes de la maîtresse de la maison. D’autres, restés dehors se sont mis à les malmener et à les tabasser. Selon lui, ils criaient dessus en disant : « Mwa mbwa mwe z’aba tutsi tuzobamara mutemeye 3ème mandat. Nimuzane ivyo birwanisho» (Sales chiens de Tutsi, nous vous exterminerons jusqu’au dernier tant que vous n’accepterez pas le 3ème mandat. Donne-nous ces armes !)
Une autre maman habitant 17ème avenue Nyakabiga témoigne que les forces de l’ordre venues chez elle, lui ont pris tout l’argent qu’elle avait sur elle. Elle pense que c’est ce qui a pu sauver son fils de 17ans.
Les habitants de Nyakabiga indiquent aussi que vers 13 heures des militaires (en bérets verts) sont venus évacuer les proches du 1er Vice-président Gaston Sindimwo, habitant dans le quartier vers le Lycée Scheppers.
ISCAM : Trois étudiants et deux hommes armés tués
Dans la nuit du 11 au 12 décembre, un groupe d’hommes armés s’est introduit dans les enceintes de l’Institut Supérieur des Cadres Militaires (ISCAM). « C’était à 3h 40. Ils ont d’abord désarmé et déshabillé les hommes de rang qui étaient dans la guérite et se sont ensuite dirigés vers les magasins d’armement. Ils ont forcé le cadenas d’un magasin puis ont pris quelques armes », témoigne un étudiant de l’ISCAM.
Il raconte que les étudiants de garde ont ouvert le feu. Les hommes armés ont répliqué. Le camp Muha, la Brigade
spéciale de protection des institutions (BSPI) et la Police Militaire (PM) sont intervenues.
Notre source donne le bilan de trois candidats officiers tués. Il s’agit de Ntidendereza, Kezimana et Nduwingoma et d’un caporal-chef, Bukuru.
Deux des assaillants non encore identifiés ont été également tués lors des combats. Cette attaque aurait été facilitée par trois étudiants de l’ISCAM. Toujours selon cette source, un de ces étudiants a été blessé puis achevé dans un établissement hospitalier. Un autre a pu s’enfuir et le troisième est dans les mains des forces de l’ordre.
Ces hommes armés sont sortis de l’ISCAM puis ils sont entrés dans le camp Base qui abrite une brigade logistique.
« Ils ont tout volé ! »
Samedi 12 décembre, dans la matinée, le G1 (chargé du personnel de l’armée) est allé au camp Base qui abrite la brigade logistique pour évaluer la situation. D’après une source à l’armée, – un sous-officier d’une caserne avoisinante qui a requis l’anonymat – il a tenu une réunion avec tous les militaires présents au camp. Il leur a fait savoir qu’ils allaient être mutés parce qu’ils n’ont pas suffisamment défendu leur caserne. Dans l’après-midi de ce 12 décembre, les mutations de tous les hommes de troupe sont tombées ainsi que celles de quatre officiers présents sur les lieux au moment où les assaillants sont entrés pour s’emparer des armes et munitions stockées dans le magasin d’armes. Sont aussi concernés par ces mutations, les médecins, les mécaniciens, les cantiniers et le personnel administratif. A ceci près qu’ils attendront jusqu’à la remise et reprise avec d’autres collègues.
Enfin, comme bilan de cette attaque, notre source militaire soutient que toutes les armes et munitions entreposées dans le camp Base ont été volées.
Musaga: Des scènes macabres et de pillage
6h. Musaga se réveille sous les détonations des armes lourdes et des explosions de grenades. Que se passe-t-il ?
Difficile d’avoir une réponse, car personne ne pouvait sortir de la maison.
Les crépitements d’armes durent presque toute la journée.
Un témoin qui habite au quartier Kinanira I, 12e avenue affirme que quelques tirs venaient du pont séparant les zones Kanyosha et Musaga (12e avenue).
Vers 10h, raconte notre source, une masse d’hommes armés, les uns en tenue policière, d’autres en uniforme de l’API (Appui pour la Protection des Institutions) et en civil, venus de Musaga, rejoignent ceux du pont. Munis de machettes, de marteaux, de gourdins, etc., ils chantaient à tue-tête les chansons de soutien au président Nkurunziza.
Quelques minutes après, ils commencent à entrer dans les maisons et exécutent des gens. D’autres saccagent les boutiques et restaurants et consomment tout ce qu’ils y trouvent.
La jeunesse pourchassée
Être un jeune était comme un crime, ce jour-là. « Une centaine » de jeunes hommes ont été exécutés tantôt sous les yeux de leurs familles, tantôt dans les rues selon une source à Kinanira.
A 11h, N.I, a assisté, impuissante, à l’exécution de deux jeunes qui s’étaient cachés chez elle. Encore sous le choc, elle témoigne : « Les policiers ont forcé la porte et nous ont ordonné de sortir. Les deux jeunes ont attiré leur attention. Ils les ont mis de côté en disant : vous devez mourir, bandes de Tutsi. Appelez « Kagame » pour vous sauver,… » Sur ces mots, ils ont été exécutés. Les « assassins » ont pris avec eux l’ordinateur portable et le « Smartphone » de la jeune femme.
Même scénario à la 9e avenue. Deux autres jeunes seront ciblés et exécutés sous les yeux de leurs familles.
Dans le même quartier, un père a perdu son fils aîné. Larmes aux yeux, il confie que son garçon s’était caché avec ses amis dans le plafond. Les tueurs sont entrés de force dans la maison. Ils ont tiré partout et les balles ont atteint seulement son fils. Il est mort sur-le-champ.
Actes de torture et de vandalisme
Les assassinats n’ont pas suffi. Des femmes et hommes ont été torturés, tabassés sous les yeux de leurs enfants. Des maisons ont été pillées.
Une jeune femme, la quarantaine, confie qu’elle a été menacée de mort, couteau sur la gorge, par un policier qu’elle connaît d’ailleurs.
Son mari et ses deux enfants ont assisté, impuissants, aux menaces et tortures qu’elle a subies. «Les membres de ma famille ont crié et pleuré et j’ai été sauvée», raconte cette mère, au bord des larmes.
Une autre jeune femme, propriétaire d’une cafétéria, a été témoin des saccages, par une bande de gens armés. D’après elle, deux étaient en tenue policière, d’autres en civil, « probablement des Imbonerakure ». L’un d’eux a escaladé le mur et a ouvert la porte aux autres. Ils ont consommé presque tout ce qui se trouvait dans le restaurant (bière, lait, sodas, beignets, etc). Comme si cela ne suffisait pas, ils ont pris tout l’argent qui se trouvait dans la caisse.
Ces scènes se sont produites dans toute la zone Musaga. Selon certaines sources de cette localité, une centaine de gens sont morts au cours de la journée.
Même si différents témoignages qui se recoupent évoquent plus de cent morts, Iwacu n’a pas eu accès à certains quartiers de Musaga pour plus d’informations. Au moment de l’enquête, le quartier était bouclé par les forces de l’ordre.
Iwacu a pu retracer la vie de quelques personnes tuées à Musaga
Alain Lionel Nsavyumugisha, un jeune uproniste
Ce jeune homme, 27 ans, était le président des jeunes militants du parti Uprona, aile Charles Nditije, dans la province de Bururi. Il était étudiant à l’Université des Grands Lacs en Communication. Orphelin de père, il était l’aîné d’une famille de cinq enfants.
Selon une source proche de sa famille, Lionel avait participé aux manifestations contre le troisième mandat. Il était beaucoup recherché par la police.
Georges Nimbeshayo, l’informaticien
Célibataire, il avait 33 ans. Il venait de décrocher son diplôme de licence en informatique à l’Université du Lac Tanganyika. Il était stagiaire (agent de communication) à l’Imprimerie « Hope design ». Il habitait au quartier Kamesa, zone Musaga.
Vers midi, alors qu’il sortait pour aller rencontrer sa mère qui venait de l’intérieur du pays, il a rencontré des policiers à la 9e avenue, Musaga. Ils l’ont tué sur-le-champ.
Christophe Nkurunziza, le finaliste des humanités
25 ans, il était lauréat des Humanités générales, au Lycée Municipal de Musaga. Habitant la 7e avenue Musaga, il a été tué chez son voisin, à la 11e avenue, où il s’était caché.
Franck Nkurunziza, l’orphelin
Cet élève finaliste au Lycée Millénaire de Kanyosha avait 23 ans. Il habitait au quartier Kamesa. Orphelin de mère, il vivait avec son père et ses petites sœurs.
« Notre maison a été ciblée par les meurtriers avec l’aide d’un policier surnommé B., notre voisin », révèle un voisin qui vient de perdre son fils aîné. C’est vers 11h que ces hommes armés ont pénétré dans la maison et tiré sur tout ce qui bouge. Les balles ont atteint Franck caché dans le plafond.
Eddy Franck, un jeune marié
La trentaine, il était ingénieur en informatique. Il laisse un enfant. Le jeune marié habitait la zone Kanyosha. Il a été tué à Kinanira, selon un membre de sa famille.
César et Aristide, exécutés ensemble
Ces deux jeunes hommes, la vingtaine ont été exécutés à la 9e avenue, dans une maison où ils s’étaient cachés. Ils ont été ciblés parmi une dizaine de personnes qui y étaient. Selon les témoignages du voisinage, un des hommes armés a donné l’ordre de les tuer. Ils seront immédiatement exécutés.
César travaillait dans la société de production de l’eau, « Kinju » et Aristide était un ingénieur, selon les témoignages.
Bernard Berekera, le célibataire
Né en 1975, il était célibataire. Il a été tué par les policiers, vers 10h, à la 9e avenue. Par curiosité, il sortait pour voir ce qui se passe.
Personnes tuées à Buterere
« Alexis », le ponceur
24 ans, Alexis Nduwayezu était ponceur de véhicules à la 5e avenue n°15, au quartier urbain de Buyenzi. Natif de la colline Cumba de la commune Rutegama (province Muramvya) il résidait à Mutakura.
Dans la matinée du 11 décembre, ça tiraille dans son quartier. Alexis tente de rejoindre Buyenzi par les sentiers serpentant le quartier voisin de Buterere. Là, la situation sécuritaire est « normale ». Sur le dos, il porte un sac contenant des pièces de savons. Dans une main, il tient un bidon d’huile de palme. Il compte l’expédier à son épouse qui, elle, a fui la capitale pour l’intérieur.
Des habitants de Buterere II A disent l’avoir vu se diriger vers le quartier Kinyankonge en compagnie d’un autre homme, apparemment de conditions modestes. 11 heures, des coups de feu se font entendre au bord du ruisseau Kinyankonge. Alexis et son compagnon venaient d’être exécutés. Leurs corps sont roulés dans le lit du ruisseau. 15 heures, l’administration dépose leurs corps à la morgue de l’hôpital Roi Khaled.
Les ponceurs disent qu’Alexis n’était affilié à aucun parti politique. Le jeune homme tirait le diable par la queue. Son seul péché, racontent ses amis, il adorait la cigarette…
Rudubi, le demandeur d’asile
La quarantaine, le Rwandais Martin Nayigiziki, alias Rudubi était un demandeur d’asile. C’est l’homme abattu en compagnie d’Alexis. Selon des sources concordantes, feu Rudubi résidait le plus souvent au quartier Buterere. Il vivait au jour le jour de petits travaux à la tâche.
Mutakura : Deux exécutions
Ernest Nibitanga, l’enseignant
43 ans et père de quatre enfants, il enseignait à l’école primaire de Kibenga. Ce natif de Bukeye en province Muramvya résidait à Mutakura, zéro avenue n°65.
Selon les témoignages de la nièce de son épouse, aux environs de 5 heures, quelqu’un a ordonné que l’on ouvre le portail. C’est quand Ernest a avancé timidement vers le portail qu’il a reçu une balle dans l’abdomen des policiers qui voulaient défoncer la cellule de l’extérieur. Il s’est alors traîné jusque dans la maison. Après un moment, une voix familière a appelé. L’épouse d’Ernest a ouvert le portail. Des policiers ! Ils ont sommé les occupants de sortir.
Ces derniers suppliaient la police de secourir Ernest, blessé. Peine perdue. Au contraire, les policiers les sommaient de démasquer celui qui venait de tirer sur eux. Mais un des policiers a fait remarquer que les impacts des balles sur le portail montrent qu’aucun tir n’est parti de l’intérieur de la parcelle.
Malgré tout, ils ont fait asseoir les occupants de la parcelle dans la rue. Pendant environ 5 minutes, les policiers ont discuté avec Ernest. Ils l’ont traîné dans la rue. Il ne pouvait plus s’asseoir. Il a passé beaucoup de minutes allongé sur les cuisses de sa femme. Il saignait abondamment. Sur intercession d’un militaire, les policiers ont autorisé l’évacuation du blessé vers l’hôpital. Faute d’ambulance, Ernest a été évacué à pied jusqu’à l’hôpital de l’Université Espoir d’Afrique. Les médecins l’ont transféré à la clinique de Médecins Sans Frontière. Vers 23 h, Ernest est mort.
Mkono, le motard
Environ 25 ans, le surnommé Mkono gisait mort à Mutakura, 1ère Avenue n° 39, dans une parcelle sans clôture. « Talonnés par des policiers, ses amis se sont faufilés dans une ruelle, abandonnant Mkono qui était mortellement blessé », témoignent les occupants de la parcelle. Mkono était motard bien connu au parking de Ruvumera. Il habitait à Mutakura, 4e Avenue. Son père habite Nyakabiga.
Hors de Bujumbura/Mujejuru
Le Camp Mujejuru également attaqué
« Vendredi 11 décembre, vers 4 heures du matin, nous avons été réveillés par des tirs et des explosions de grenades », raconte un des employés de l’usine théicole d’Ijenda.
Des assaillants venus de la Kibira en passant par l’endroit appelé « Ku Majombe » venaient d’attaquer le camp militaire de Mujejuru, commune Mugongo- Manga, province de Bujumbura. Ce dernier dit que le groupe était fait d’une dizaine de personnes. D’autres habitants du centre Ijenda parlent d’une centaine. « Des affrontements n’ont duré qu’une trentaine de minutes », relate cet employé de l’usine théicole d’Ijenda. « Le matin, nous avons appris qu’un des assaillants et un militaire ont été tués. »
A Ijenda, malgré la peur, beaucoup de sources s’accordent à dire que l’assaillant tué s’appelait Eric Kaze, 35 ans, de la colline Mutobo, de la zone Rukina, commune Mukike et professeur au Collège Communal de Rukina. Six autres ont été capturés vivants et ramenés à la Brigade de la police d’Ijenda.
Les mêmes sources indiquent que vendredi matin, un autre jeune a été arrêté au niveau de Ruhororo, commune Mukike, à 4 km du camp attaqué. Lui aussi a été amené à la Brigade, une façon, selon la population de justifier qu’il faisait partie des assaillants. « Là, ils ont été sérieusement tabassés, torturés durant plusieurs heures », confie un des habitants du Centre Ijenda. Il affirme avoir vu de ses propres yeux ces jeunes arrêtés à bord d’une camionnette policière et un militaire blessé au niveau des bras et des jambes. « Ils ne portaient pas des tenues militaires ou policières.»
Vers 16 heures, un haut gradé de l’armée habitant la localité a décidé de les déplacer vers Mukike et les emprisonner dans un hôtel de la place, situé non loin de la RN7. Ce qui se faisait aux yeux de tout le monde selon I.M.
Après une longue série de torture, confie une autre source, des militaires et policiers cagoulés ont intimé l’ordre à tous les gens qui habitent aux environs de l’hôtel de rentrer chez eux. « On a demandé à un boutiquier du coin d’éteindre la lumière et de fermer », relate une personne rencontrée tout près de cet hôtel qui affirme avoir assisté à toutes ces scènes. Quelques minutes après, notre source indique que des coups de feu ont retenti.
Découvertes macabres
« Le matin, nous avons trouvé les cadavres de sept jeunes arrêtés vendredi. Ils ont été exécutés sommairement, certains à l’arme blanche. Ils étaient méconnaissables, » affirme V. I. rencontré à Ijenda.
Il dit avoir reconnu deux parmi eux : Fabrice et Lewis, tous les deux natifs de la zone Rukina, commune Mukike dans la province Bujumbura. La même source estime qu’ils avaient entre 20 et 25 ans.
Dans l’entourage du camp Mujejuru, les habitants indiquent qu’avant l’attaque, le groupe d’assaillants était en contact avec les militaires qui montaient la garde. Et par après, elle a été remplacée. Et les rebelles sont tombés dans le piège et n’ont rien volé selon une autre source proche des militaires sur place. « C’est sous la zone Kanyunya, zone Rukina, dans le même endroit où le commandant du camp Mujejuru a failli être tué, il y a deux semaines, que ces jeunes ont été sauvagement exécutés », ajoute V.I. Une façon, selon lui, d’intimider la population de la localité accusée d’être anti-3ème mandat de Nkurunziza.
La même source précise qu’il est difficile de savoir le nombre exact des jeunes arrêtés et où ils se trouvent actuellement : « Il suffisait de paraître sale pour être accusé de faire partie des rebelles. »
D’autres sources sur place ajoutent que d’autres jeunes auraient été exécutés en cours de route à Nyabiraba, vers Bujumbura.
Réactions
Depuis, les réactions fusent. Partout, les personnes interrogées disent avoir été choquées.
*L’Union africaine:« Extrêmement préoccupée »
La présidente de la Commission de l’Union africaine, Mme Dlamini Zuma, a affirmé dans un communiqué être « extrêmement préoccupée » par l’escalade de la violence à Bujumbura. Elle a de nouveau souligné « l’urgence d’un dialogue interburundais véritablement inclusif », et a relevé avec « consternation et horreur » les témoignages faisant état d’exécutions sommaires.
*Michaëlla Jean:« Cette situation inacceptable doit cesser »
Même ton du côté de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF). Dans un tweet, Michaëlla Jean écrit : « Cette situation inacceptable doit cesser ». Le représentant de la secrétaire générale de la Francophonie, Pascal Couchepin a, de son côté, condamné fermement les attaques contre des camps militaires de vendredi et la « répression aveugle » qui s’en est suivie.
Il a par ailleurs demandé au gouvernement burundais de « prendre ses responsabilités » pour faire en sorte que le pays « retrouve la paix », non pas « à travers une répression sanglante, mais à travers un dialogue avec ceux qui n’ont pas été intégrés dans le dialogue jusqu’à maintenant ».
*ONU:« Appel à la retenue »
Le Conseil de Sécurité des Nations-Unies (CSN) s’est réuni en urgence et à huis clos vendredi 11 décembre au soir. A ce moment, le bilan provisoire, tel qu’annoncé par le colonel Gaspard Baratuza, porte-parole de la FDN, était de 12 tués.
Dans un communiqué commun, le CSN a appelé tous les acteurs de la crise à la retenue. Il a aussi rappelé le vote de sa résolution du 12 novembre qui prévoit la possibilité de sanction et d’envoi d’une force de maintien de la paix au Burundi. Il a également décidé d’envoyer le diplomate Jamal Benomar, avec une équipe politique réduite autour de lui, pour engager des pourparlers de paix. Samantha Power, la représentante américaine, a estimé qu’un dialogue rapide doit s’engager sans quoi la situation pourrait rapidement devenir incontrôlable.
* Belgique:« Une enquête immédiate et indépendante »
Du côté de la Belgique, le ton était ferme. Les Affaires étrangères belges, dès samedi 12 décembre, ont réclamé la mise en place d’une enquête immédiate et indépendante. « La Belgique est très préoccupée par la violence au Burundi, et particulièrement par les informations faisant état d’exécutions extrajudiciaires », ont tweeté les Affaires étrangères. Mais dès vendredi, le ministre des Affaires étrangères Didier Reynders avait conseillé aux Belges résidant au Burundi de rester chez eux en raison des tensions qui agitent le pays. Position qui a évolué ce mardi 15 décembre, car les Affaires étrangères belges ont modifié l’avis de voyage pour le Burundi, déconseillant désormais « tous les voyages » vers le Burundi. « Tous les voyages au Burundi sont dès lors déconseillés » et « il est conseillé aux Belges qui se trouvent actuellement au Burundi de quitter le pays tant que les conditions normales le permettent », a indiqué le Service public fédéral (SPF) Affaires étrangères sur son site internet.
Signalons que ce n’est pas seulement la Belgique qui a appelé ses ressortissants à quitter le Burundi. Les Etats-Unis d’Amérique l’ont également fait.
*Les Etats-Unis:« Tous les ressortissants américains doivent quitter le pays »
Dès vendredi 11 décembre déjà, Thomas Perriello, l’envoyé spécial américain pour les Grands Lacs, s’était dit alarmé par la violence à Bujumbura, appelant à un cessez-le-feu urgent, en déclarant à la RFI que le Burundi est à deux doigts de la guerre : « Cela fait un moment que nous disons que le problème d’une détérioration de la situation vers la guerre civile n’est pas seulement une possibilité, mais que cela se passerait petit à petit devant nos yeux. » Il a évoqué une « lente détérioration », qui caractérise un Etat défaillant. « L’histoire a montré, dans la zone comme ailleurs, combien cela peut coûter en vie humaine et à la sécurité de la région » a prévenu le diplomate.
Deux jours après, le département d’Etat américain a recommandé à ses ressortissants de quitter aussi rapidement que possible le Burundi.
Dans un communiqué, le département d’Etat a ordonné au personnel américain qui n’est pas indispensable ainsi qu’à leur famille, de quitter le pays, recommandant également à tous les Américains de ne pas se rendre au Burundi et à ceux qui s’y trouvent de partir aussi rapidement que possible. Dans le même communiqué, l’ambassade américaine dans le pays a indiqué qu’il ne peut offrir que des services d’urgence très limités à ses citoyens.
*Human Rights Watch:« Une enquête sérieuse et indépendante »
A l’instar de la Belgique, l’organisation américaine Human Rights Watch (HRW) a exigé dimanche 13 novembre une enquête sérieuse et indépendante sur ce qu’elle a appelé « le plus grave incident depuis le début de la crise » fin avril au Burundi. « Une enquête sérieuse et indépendante devrait être lancée d’urgence pour établir les circonstances exactes de ces meurtres », a déclaré dans un communiqué Carina Tertsakian, chercheuse en charge du Burundi à HRW. En raison de « la politisation et la corruption » qui gangrènent le système judiciaire burundais, a estimé la chercheuse, des experts externes devraient assister les enquêteurs burundais.
HRW a également dénoncé le fait que la police et les autorités locales aient « enlevé les cadavres avant que des enquêtes puissent être menées », en empêchant souvent la population de s’en approcher. Pour l’organisation de défense des droits de l’homme, les attaques menées contre les camps militaires sont « graves » et il appartient au gouvernement de restaurer « l’ordre et la sécurité ». Mais cela ne justifie d’aucune manière des opérations consistant à tirer sur les habitants des quartiers, a souligné HRW, appelant à ce que les membres des forces de sécurité responsables rendent des comptes.
Côté politique, les réactions ne se sont fait attendre
*Le CNARED:« Des négociations sans délai »
Vendredi 11 décembre, dans la mi-journée, cette opposition radicale rend une déclaration publique. D’après lui, la goutte qui a fait déborder le vase a été l’emprisonnement de deux étudiants de l’Institut supérieur des cadres militaires (ISCAM), ce 09 décembre 2015. Il explique qu’à 22 heures, les sous-lieutenants Olivier Ndihokubwayo et Epaphrodite Ntakarutimana ont été livrés par un haut gradé de l’armée à un agent de la documentation. Le Cnared estime que cette arrestation a créé une vive tension à l’armée en général et à l’Iscam en particulier. Et d’ajouter : « Les troubles qui viennent de secouer les camps de l’ISCAM, de Muha et de Ngagara ce 11 décembre 2015 trouvent l’origine dans la gestion à base politico-ethnique de ces corps de défense et de sécurité. »
C’est ainsi qu’il condamne ces tueries et s’oppose à toute perspective de décréter un Etat d’urgence. Il demande l’intervention rapide des forces des Nations unies. Il demande aussi à la médiation appuyée par la région, l’Union africaine et toute la communauté internationale d’organiser sans délai les négociations entre lui et le pouvoir de Bujumbura. Par ailleurs, il s’adresse à l’Union européenne de prendre les sanctions économiques contre le pouvoir Pierre Nkurunziza et des sanctions ciblées contre le chef de l’Etat et « sa galaxie. » A la communauté internationale dans son ensemble et spécialement à la CPI, il leur demande de prendre des mesures et des sanctions qui s’imposent contre « l’oligarchie » de Bujumbura.
*Le gouvernement du Burundi:« Le génocide est devenu un fonds de commerce politique »
Samedi 12 décembre, Philippe Nzobonariba, porte-parole du gouvernement burundais annonce que certains milieux étrangers sont derrière les attaques contre les camps militaires burundais. Deux jours avant les attaques, rappelle Philippe Nzobonariba, la police burundaise a mis la main sur des armes dans un véhicule avec des documents et plaques d’immatriculation du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) dans une propriété privée au bord du lac Tanganyika. « La personne appréhendée avec des armes, également fonctionnaire du HCR, a reconnu les avoir transportées en provenance de Kigali au Rwanda», accuse Philippe Nzobonariba. Et d’ajouter que Praic Kudi, ressortissant d’un pays occidental et résidant à Bujumbura, sur des réseaux sociaux vendredi, a écrit que le génocide était en cours à Ngozi et à Gitega au moment où un coup d’Etat aurait démarré à Bujumbura. Pour M.Nzobonariba, le génocide est devenu une véritable obsession et un fonds de commerce politique pour le cas du Burundi.
Dans une autre déclaration sortie mardi 15 décembre, le gouvernement burundais s’étonne de l’amalgame entretenue par la Belgique à travers les déclarations de Didier Reynders : «En déplorant les violences de ceux qu’il appelle les assaillants, il condamne gratuitement les forces de sécurité burundaises d’usage de forces disproportionnées dans leur riposte comme si la Belgique connaissait la nature, la qualité et la quantité des armes utilisées par les terroristes pour affirmer la disproportion de la riposte. » Pour Bujumbura, il apparaît clairement que la Belgique feint d’ignorer que le Burundi est un Etat souverain qui dispose des forces de défense et de sécurité. Le porte-parole du gouvernement précise que les forces de sécurité sont intervenues rapidement et avec le professionnalisme leur reconnu jusqu’au-delà des frontières burundaises.
Pour le Gouvernement du Burundi, n’eût été la retenue et le professionnalisme des Forces de l’Ordre, la situation aurait été plus dramatique. Philippe Nzobonariba rappelle qu’il ne faut pas évoquer l’envoi des Forces Etrangères au Burundi alors que ce dernier est le premier pays d’Afrique fournisseur de troupes de maintien de la paix dans le monde.
*Innocent Muhozi : « Les Burundais sont en danger, et ils doivent se défendre eux-mêmes. »
« Il est clair que le Burundi n’est plus dirigé par des êtres humains, mais par des animaux sauvages qui tuent et torturent les enfants…Il suffit que tu sois jeune dans certains quartiers et tu es condamné à être tué. » Innoncent Muhozi, le directeur de la radiotélévision Renaissance, et président de l’Observatoire de la Presse Burundaise ne mâche pas ses mots pour qualifier ce qui s’est passé vendredi le 11 décembre. « Ce que les Burundais et la communauté internationale doivent savoir, c’est que ces gens sont comme les Hitler, Samuel Do, Idi Amin,… » Pour lui, c’est le devoir de chacun de se lever et de les combattre par tous les moyens pour qu’ils quittent le pouvoir.
« Ils ne luttent pas pour les Hutus, ce sont des Hutus et des Tutsis qui luttent pour leurs propres intérêts personnels. Ils tuent en disant que c’est le film de 1972 qu’ils sont en train de montrer, pour dire que ce sont des Hutus qui se vengent, mais ce n’est pas du tout la vérité. Ils ont tué les Hutus depuis 10 ans qu’ils sont au pouvoir. » Pour M.Muhozi, il est inacceptable que des enfants soient tués, amenés comme des moutons à l’abattoir. Il appelle les gens à se battre par tous les moyens, au lieu d’être exécutés sans réagir. « Les Burundais sont en danger, des bêtes sauvages sont en train de les déchiqueter, et ils doivent se défendre eux-mêmes. Il ne faut surtout pas espérer aucun pardon de la part de ces gens, car, d’après leurs actes, ils n’ont pas de cœur. »
Innocent Muhozi rappelle aussi qu’il ne faut pas attendre le secours de la communauté internationale : « Au Rwanda, des contingents internationaux étaient présents avant le génocide, et ils ont plié bagage et sont repartis au lieu de sauver des vies. »
Analyse
Les évènements de vendredi 11 décembre dernier, dans certains quartiers de Bujumbura, sont une continuité de la logique de répression des contestataires appelés « « insurgés » par le pouvoir.
Dans cette logique, le pouvoir veut pousser « les insurgés » à abandonner leur action et arrêter la mobilisation d’autres « insurgés ».
Par conséquent, il faut s’attaquer contre le contingent possible mobilisable, les jeunes tutsis notamment. Car, dans la logique du pouvoir, il y a une connotation ethnique du conflit. D’où l’utilisation d’un certain discours : « dites à Kagame de venir vous sauver, chiens de tutsi,… », a-t-on entendu. Aussi, on observe parfois une sélection des personnes à tuer.
Cette logique de répression s’accompagne de la « théâtralisation » de la mort dans l’objectif de faire peur et empêcher ou dissuader de nouvelles réactions. « Si vous refaites ça, ou si vous y adhérez, vous subirez le même sort », semble être le message que l’on veut transmettre avec ces cadavres ligotés ou mutilés, exposés exprès dans des endroits publics.
Pourtant, cela risque de produire un effet contraire : la radicalisation du conflit et des acteurs de la violence. Certains risquent de se dire que, face à la violence, la vie ne vaut plus rien et qu’il faut lui donner un sens en continuant la lutte. Bref, se dire que l’on n’a plus rien à perdre.
La logique du pouvoir peut donc se retourner contre lui, puisqu’elle renforce le sentiment d’injustice, d’exclusion qui sont les raisons fondamentales de la contestation.
La seule bonne nouvelle c’est que l’ethnisation du conflit ne pourra pas réussir facilement. Les déçus de la gestion du pouvoir sont partout, dans toutes les ethnies. Les conditions de vie médiocres continueront à influencer la contestation du pouvoir, aussi longtemps qu’elles ne seront pas améliorées par ce dernier.
La violence vise à protéger non une ethnie, mais un certain cercle qui veut garder le pouvoir et… ses biens. Faut-il ajouter mal acquis ?
En savoir plus sur le génocide
Après les événements du 11 décembre, beaucoup de voix ont crié au génocide en cours au Burundi. Wikipédia donne un éclairage sur ce mot.
Un génocide est un crime extrême qui consiste en l’élimination physique intentionnelle, totale ou partielle, d’un groupe national, ethnique ou religieux, en tant que tel, ce qui veut dire que ses membres sont détruits (voire seulement rendus incapables de procréer) pour la raison de leur appartenance au groupe. Le génocide peut être perpétré par divers moyens, dont le meurtre collectif, direct ou indirect.
Certains juristes et historiens précisent la définition. Pour eux, le génocide est notamment systématique et programmé. Le génocide arménien, la Shoah et le génocide des Tutsis, trois génocides reconnus par l’essentiel des juristes et des historiens, sont en effet des exterminations planifiées par un État, indifférentes à l’âge ou au sexe des victimes.
Une précision cependant : le génocide juridique et historique se distingue du « génocide perçu comme tel » par l’opinion publique de tel ou tel pays ou groupe culturel, de définition beaucoup plus large.
Définition selon la loi burundaise
Pour définir le génocide, l’article 195 du Code Pénal reprend intégralement l’article 2 de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide adoptée par l’assemblée générale des Nations unies, le 9 décembre 1948.
« Le génocide s’entend de l’un quelconque des actes ci-après commis dans l’intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux, comme tel :
a) Meurtre de membres du groupe ;
b) Atteinte grave à l’intégrité physique ou mentale de membres du groupe ;c) Soumission intentionnelle du groupe à des conditions d’existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle ;d) Mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe ;
e) Transfert forcé d’enfants du groupe à un autre groupe. »
Signalons que cette définition a été reprise dans l’article 6 du Statut de Rome le 17 juillet 1998, l’acte fondateur de la Cour pénale internationale. Elle précise qu’il s’agit d’un crime se distinguant par l’intention d’extermination totale ou partielle d’une population et par la mise en œuvre systématique de cette volonté.
Signalons aussi que la définition du génocide adoptée lors de la première assemblée générale de l’ONU le 11 décembre 1946, intégrait la destruction d’un groupe politique, à côté des groupes raciaux, religieux et autres. En 1948, le groupe politique disparait de la définition onusienne.
Marche pour la paix : l’armée et la police félicitées
Féliciter et soutenir les forces de l’ordre et de sécurité pour le travail accompli, deux objectifs de la marche de la paix organisée par le gouvernement dans tout le pays au lendemain du carnage.
A Bujumbura, devant plus ou moins mille personnes, à la plage du lac Tanganyika, Gaston Sindimwo, 1er vice-président de la République dira que la paix est une réalité. « Aucune tolérance envers quiconque qui veut perturber la paix dans notre ville.»
Pour lui, les forces de l’ordre et de sécurité méritent des applaudissements. « Elles ne ménagent aucun effort pour protéger le Burundi voire les autres pays ». D’après lui, alors que les Américains avaient échoué en Somalie, les militaires burundais ont pu neutraliser les terroristes Al Shebab.
Une armée et une police unies et indivisibles. « Malgré les tentatives de les diviser, ils se sont engagés à mourir pour le pays, unis.» Une minute de silence a été d’ailleurs observée en l’honneur des policiers, des militaires et des jeunes morts sur-le-champ de bataille. Et d’insister : « Les politiciens qui entraînent les jeunes dans les violences méritent d’être poursuivis par la Cour Pénale internationale (CPI). Il s’agit d’un crime contre l’humanité. » Néanmoins, s’ils persévèrent dans ce chemin de la violence, M. Sindimwo est très clair : « Le feu attire le feu.»
Les étrangers mis en garde
Cette marche de la paix a été une occasion de mettre en garde une fois de plus l’ancienne métropole. « Le Burundi est un pays indépendant et qui s’auto suffit.» Le 1er vice-président de la République rappellera aux Belges qu’en 1962, Rwagasore leur a dit que les Burundais sont déjà majeurs. « Et pour quelle raison en 2015, ils chercheront à mâcher pour nous, à nous dicter quoi faire », a-t-il martelé. Il faut noter ici que le Prince Louis Rwagasore est mort le 13 octobre 1961.
Et de hausser le ton :
« Twashaka kubwira abanyamahanga bamwe bamwe bashaka kutwubaka inzu mu kanwa, bagashaka kudutamika ivyo bashaka yuko Uburundi bwikukiye kandi bufise inzego z’umutekano zishobora gukingira abenegihugu », ce qui se traduit littéralement :
« Nous aimerions dire à certains étrangers qui veulent construire des maisons dans nos bouches ; qui veulent nous faire avaler du n’importe quoi, le Burundi est indépendant et dispose des corps de défense capables de protéger tous les Burundais.»
Pour lui, si les étrangers soutiennent l’opposition, ils devraient l’aider à financer des projets d’adduction d’eau, d’installation d’électricité … Ce qui leur permettrait d’être élus à la prochaine législature. Il appelle d’ailleurs les opposants à retourner dans le bercail et ne pas continuer à mentir qu’il y aura d’autres élections. « Qu’ils se préparent à 2020. Les élections ont pris fin. »
S’exprimant sur les sanctions contre certaines personnalités du gouvernement, le 1er vice-président de la République dit qu’elles sont sans effets. Par exemple, il affirme que depuis qu’Alain Guillaume Bunyoni est à la tête du ministère de la Sécurité publique, les policiers sont devenus plus professionnels. Et de les galvaniser : «Ne soyez pas intimidés par des tigres en papier ! »
Merci a Iwacu pour le travail fait.
Je condamne l’execution injuste, criminelle, mechante de jeunes tutsis dans ces quartiers cites. Il s’agit seulement de la vengeance et la volonte d’ethniser ce conflit.
Cette excution etait preparee d’avance, et elle se reproduira peut-etre encore! Des rebeles qui ont attaque? Comme au Rwanda, on prefera ignorer le vrai danger pour tuer des jeunes males civils innocents. La haine ethnique est installee chez ceux qui refusent a longueur de journee qu’il n’ y aura pas de genocide, alors que des crimes de meme ampleur sont entraim d’etre commis.
Je condamne aussi ceux qui ont attaque. Sont-ils reellement des « insurges » ou est-ce un montage prepare comme d’habitude pour injustement tuer ce jeunes? Notons que le Ministre de la defense etait absent et que le chef d’etat major etait en Tanzanie, simple coincidence? Honte aussi au chef d’etat major – adjoint qui a prefere de se cacher que de « risquer » son poste en allant ne fut-ce que sur terrain pour voir ce qui s’y passe…alors que les commandants des camps Muha, Gakumbu, et Muzinda et leurs hommes faisaient « leur travail ». On sait que l commandement de l’armee n’est plus a l’EMG, mais quelquepart a la presidenence.
Condamnation aussi a la police nationale et l’armee nationale (ou ce qui en reste de deux…) pour ne pas avoir voulu defendre la population.
Honte a vous tous, si Sindimwo, ce 1er-vice president du Burundi d’origine douteuse, vous a felicites pour avoir massacre des jeunes burundais innocents, vous devriez vous poser des questions…
C’est vraiment scandaleux ce qui se passe dans notre mère patrie. Aucun mot pour qualifier de tels actes. Les dirigeants qui se félicitent au moment où on devrait organiser un deuil national dans tout le pays n’a plus sa place. C’est honteux, inimaginables tous ces gens répondront de leurs actes tôt ou tard! Mes sincères condoléances à la nation toute entière qui perd sa progéniture. La patrie ou la mort, nous vaincrons!
Il n,est pas facile de comprendre ce qui se passe dans ce pays, mais une chose est visible= on devrait
condamner ceux qui ont attaqué les camps avec la derniere energie, sans oublié ceux qui ont tué les innocents.
partout au monde, les forces de l,ordre se defendent quant elles sont attaquées, celles du Bdi ne doivent pas faire exception. le probleme qui se pose est qu,il semblerait que certaines gens continuent d,ignorer la condamnation de cet act
posé par les assaillants en condamnant plutot le fait que les forces de l,ordre se soient defendues. ceci encourage les attaques dont apparemment personne ne veut s,approprier.
Mutima, tu n’es pas mutima comme tu la dis. si il y a des assaillants qui attaquent il faut les suivre et les combattre mais pas tuer ou aller se vanger sur les personnes innocent. Ces jeunes tués etaient l’avenir du Burundi, peu importe ils les etaient mais maintenant ces gens avec des boules dans les cerveaux viennent de voler leur vie. Mais une chose est sure et certaine ces gens qui se conduisent comme des betes sauvages et qui ne savent pas reflechir bazovyishura.
@ Rukundo
Peux-tu expliquer comment suivre et combattre les assaillants sans les tuer? Partout au monde quand la force de sécurité est attaqué il se défend, as-tu suivi ce qui s’est passé dernièrement en France quand il a été attaqué par les terroristes?
Conclusion: un groupe important d’assaillant a attaque les camps militaires, s’est retire dans les quartiers « contestateurs », la police et l’armee sont venues mais les assaillants avaient disparu dans la nature et n’ont subi aucune perte.
Je remercie vivement Iwacu d »avoir mene des enquetes fiables. Les dirigeants dd et upro-dd incapables de se defendre contre les rebelles prennent pour cibles de paisibles citoyens. Ils veulent reediter le genocide des Tutsi et Hutus non acquis a leur ideologie. Le debat du parlement monocolore d’hier etait non avenue. Tout a ete programme avec leur aval. Seule la force d’interposition est salutaire. L’armee non unie, infestee de la milice imbonerakure et Interahahamwe s’en prend aux innocents et ne font que piller et tuer a l »instar de celle de feu Mobutu. L’heure a sonne pour que les Burundais epris de paix puisse chasser les framacons qui pactisent avec le diable et clament qu’ils sont envoyes de Dieu n’en deplaise a Mwidogo pseudo parlementaire qui par naivete ou symapthie de son maitre. Nkurunziza et sa clique doivent etre traduits en justice internationale pour les crimes odieux qu’ils sont en train de commettre.
@ André Nkunzumwami
Pour ce qui est de la justice internationale il va falloir commencer par le début, depuis l’indépendance c’est l’impunité total les criminels courent toujours ça il ne faut pas l’oublier.
Sinon, il n’y a pas de justice pour les uns et pas pour les autres.
A lire cet article, on comprend a quel point notre chère patrie est malade. Si nous voulons que le pays guérisse il faut en priorité que les attaques de l’opposition ou de la résistance armée cessent d’un cote, et que de l’autre cote, la répression sanglante et aveugle cesse aussi.
Vouloir défendre une partie au conflit au détriment de l’autre est tout simplement inutile. Personnellement, je trouve que personne n’est meilleur parmi les protagonistes burundais. Que ce soit le parti au pouvoir et l’opposition, personne ne m’inspire confiance. Le régime en place n’est pas en train de jouer pleinement son rôle pour rassurer tous les Burundais et assurer pleinement leur securite. Mais le role de l’opposition dans le chaos actuel ne doit pas non plus être minimise.
Il faut condamner les attaques contres les camps, les jets de grenades, les tirs nocturnes tout comme il faut condamner la repression et les executions extra-judicielles. Regarder la verite en face et oser l’affronter c’est ce qui nous sauvera.
Je respecte votre point de vue mais il fait fausse route, sur un point au moins. Cette ‘opposition’ n’existerait pas aujourd’hui si Peter n’avait fait pas le forcing, avide de pouvoir qu’il est. Il a dès lors une part bien plus grande part de responsabilité dans la dégradation de la situation au Burundi.
@ Yves
Toi aussi ton point de vue fait fausse route l’opposition doit exister, nous somme dans le système démocratique pas dans le système de parti unique. Le président n’est pas responsable de la dégradation de la situation, c’était son droit de se faire élire et de son parti de choisir le candidat de son choix ce n’est pas à l’opposition de choisir avec qui il va se battre dans les urnes, donc l’opposition a sa grande responsabilité dans les malheurs de notre pays, au lieu d’aller dans les élections il a préféré prendre les armes et surtout envoyer les enfants des autres se battre.
Et la constitution? Ou allons nous avec des gens comme vous?
@ Abi
Merci pour les conseils chacun de deux camps doit voir la poutre qui est dans son œil au lieu de voir la paille qui est l’œil de l’autre, c’est ça qui va sauver notre patrie.