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Reportage dans le fief du M23 : les propos d’Iwacu font froid au dos

05/05/2013 Commentaires fermés sur Reportage dans le fief du M23 : les propos d’Iwacu font froid au dos

Pour illustrer mon propos sur le manque de rigueur de la part de votre magazine, je trouve trop léger que le reportage sur le “fief du M23” ne mentionne pas du tout le contenu du rapport du Groupe d’Experts sur le Congo du Conseil de Sécurité des Nations-Unies qui est à l’origine de la condamnation internationale unanime contre le M23. Lisez-le sur http://www.un.org/french/sc/committees/1533/experts.shtml

Le rapport du Groupe d’Experts indique en détail, les dates et lieux, et les circonstances et les modalités de la création du M23 (qui, quand, comment, pourquoi du M23) jusqu’à sa mise en place, par et à l’intérieur du Rwanda, avec la participation de Bosco Ntaganda et Laurent Nkunda comme leaders actuels du M23, hébergés actuellement au Rwanda, des criminels recherchés, sous mandat d’arrêt international, par la Cours Pénale Internationale pour des crimes commis de l’Ituri aux Kivus. Les rapports de l’ONU et les accusations de la cour pénale internationale font référence en la matière.

Votre magazine s’interroge sur l’« adhésion ou la résignation » des populations dans les territoires « conquis » par le M23 : cette question fait froid au dos, parce que les vrais leaders de cette rébellion du M23, révélés par le rapport de l’ONU, sont de graves criminels de guerre, quasi génocidaires. Le mot « adhésion » ne peut pas venir à l’esprit pour décrire le sort de ces populations Congolaises prises en otage : plus de 200.000 citoyens Congolais ont fui les conquêtes du M23 et sont des refugiés/déplacés internes dans leur propre pays.

Poseriez-vous cette même question à propos des populations dans les territoires « conquis » par Kony du LRA ou les FDRL, qui sont tous des groupes dirigés par des criminels recherchés génocidaires ? Je suis certain qu’Iwacu n’aurait pas osé poser cette question, une question qui fait de la peine, si vous aviez pris le soin de lire le rapport de l’ONU sur le M23.

En effet, la condamnation internationale du M23 ne tire pas son origine des rapports de Human Rights Watch, comme votre reportage veut le faire croire. Plutôt, c’est la conséquence du rapport de l’ONU qui est disponible sur le site officiel de l’ONU, et en le lisant, au regard de la réalité, telle qu’établie par le Conseil de Sécurité des Nations Unies, vous conclurez que les articles de vos journalistes sur le M23 sont ridicules et font froid au dos. Documentez-vous avant d’entreprendre un reportage.
S’il vous plait, veuillez télécharger et lire ces rapports de l’Organisation des Nations-Unies, récents et anciens, les rapports biannuels de 2009 à 2012, sur la nature de la guerre des Kivus du Congo et le rôle que jouent les pays voisins et autres rebellions. C’est sur http://www.un.org/french/sc/committees/1533/experts.shtml

Quand on lit dans le journal IWACU des affirmations comme « les reporters ont découvert un pays calme, une population paisible qui semble bien cohabiter avec les rebelles, les responsables du mouvement sont efficaces … », ce sont des propos d’une terrible légèreté qui provoquent un sentiment d’impatience, d’incrédulité devant tant d’incompétence et un peu de pitié pour le journaliste.
Populations paisibles, alors que 200 000 congolais sont sans abris et ont fui l’avancée du M23 ?

Dans le rapport de l’ONU, avec preuves, le M23 est un outil, créé de toutes pièces, au service du Rwanda pour combattre et pourchasser ses ennemis des FDRL à l’intérieur du Congo : selon le rapport, le M23 et les autres groupes Maï-Maï alliés au Rwanda combattent surtout les FDRL jusqu’au Maniema et au Sud-Kivu. De même, les soldats Rwandais traversent la frontière, de temps en temps, pour mener des opérations très loin des frontières, jusqu’au SUD-KIVU, quasiment à la frontière Burundaise, afin d’affaiblir leur ennemi mortel qu’est le FDRL.

Ainsi, l’utilisation par le Rwanda du groupe quasi-génocidaire protutsi qu’est le M23 pour combattre le groupe quasi-génocidaire prohutu qu’est le FDRL, tous les deux groupes ayant des leaders recherchés par la CPI, sous mandat d’arrêt international (Mudacumura, Nkunda, Ntaganda, etc.), tous ayant commis et continuant de commettre des massacres contre des civils innocents, au prix de grandes souffrances pour la population congolaise : voici le tableau de la situation décrite par le rapport de l’ONU.

Le M23 et le FDRL n’ont pas d’avenir politique ni de négociations possibles. Tout comme le LRA en UGANDA. Ils sont totalement disqualifiés, comme Al-Quaida, par le Conseil de Sécurité de l’ONU. De même, si vous lisez les rapports précédents, le FNL-RWASA, s’il reste en armes aux Kivu, pourrait subir le même sort vis-à-vis de l’ONU.
L’ONU demande aux trois groupes, M23, LRA et FDRL, de déposer les armes, sans conditions et à leurs chefs respectifs, de se rendre de gré ou de force à la CPI.

Les intérêts du Rwanda trouvent lentement solution avec la création de la fameuse nouvelle « force neutre » qui va protéger et sécuriser sa frontière avec le Congo. Le Congo, progressivement, aura besoin du soutien de tous les pays voisins et internationaux, pour avoir une armée forte nationale capable d’éliminer progressivement tous les groupes rebelles, nationaux et surtout étrangers (M23, FDRL, FNL, LRA) qui sont sur son territoire.

Aucun étranger n’a le droit d’user d’armes dans un pays qui n’est pas le sien. Les citoyens congolais ont le droit de vivre en paix, et on ne peut pas considérer qu’il puise y avoir « adhésion » de la population pour « cohabiter avec des rebelles » .
Si les reporters d’Iwacu aviez lu le rapport, vous auriez pu faire l’économie d’un voyage qui n’éclaire en rien, parce que vous n’avez rien compris car rien lu sur les méthodes de la terreur dont ce genre de rebellions usent pour « pacifier » les territoires conquis : oser écrire que « … la ou les reporters d’Iwacu ont pu arriver, le M23 montre le visage d’un mouvement serein, très bien organisé, accepté par la population … » est une insulte, involontaire bien sûr, aux victimes qui vivent en silence sous la férule des rebelles, après la fuite d’environ 200 000 refugiés.

Les temps ont changé. Dans la région des Grands-Lacs, les élections, aussi imparfaites soient-elles, sont la seule voie pour gérer les conflits ethno-communautaires, notamment l’anti-tutsisme qui existait il y a un certain temps au Congo, et changer de régimes, même les régimes les plus durs : les visionnaires Rwagasore et Ndadaye ont été jetés en prison plusieurs fois, mais ils n’ont pas pris l’option des armes : ils ont plutôt utilisé les élections pour parvenir à leurs fins. S’ils avaient pris les armes, ils auraient probablement échoué à changer les régimes en place, et ils n’auraient jamais été les héros nationaux qu’ils sont aujourd’hui, ni réussi à transporter leur peuple dans une nouvelle ère, respectivement, de décolonisation et de démocratisation.

CPI

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