Ce lundi 10 septembre marque la rentrée scolaire pour l’année 2018-2019 dans l’enseignement fondamental et post-fondamental. Le retour à l’école est difficile pour les élèves des 31 écoles dont le 4ème cycle vient d’être fermé par le ministère de l’Education.
Les élèves ou leurs parents, ils sont nombreux ceux qui se dirigent vers les directions des 31 écoles sanctionnées ce lundi 10 septembre. Ils viennent soit se rassurer si la mesure du ministère reste valable ou si elle a été levée, soit retirer les documents scolaires afin de chercher une inscription dans d’autres établissements.
L.N, élève de l’Institut secondaire polyvalent(ISP), l’un des établissements touchés par la mesure du ministère, se dit consternée. Admise en 9ème année, elle cherche son bulletin pour une autre inscription. Elle fustige que la mesure ait été prise à la veille de la rentrée scolaire. «Une inscription dans une autre école est très difficile d’autant plus que nous jusque-là inscrits dans des écoles privées ne pouvons pas nous inscrire dans les écoles publiques».
Pour R. K, sa mère, chercher un autre établissement suppose des frais d’inscription et l’achat de nouveaux uniformes. «Une exigence de pas mal de moyens alors que le temps nous fait défaut». Elle demande à la ministre de revoir sa décision : «Sans quoi, nos enfants seront délaissés et ils deviendront des voyous. Cette mesure pourra entraîner des grossesses précoces».
Pour les élèves non concernés, la mesure de la ministre de l’Education est démotivante. «C’est comme si les enseignements dispensés dans nos écoles sont sans valeur», indiquent deux élèves rencontrés au Lycée technique de Carama dans la commune Ntahangwa en mairie de Bujumbura.
«Cette ordonnance contredit celle de 2016 sans l’avoir abrogée»
Certains des élèves, qui ne sont pas au courant de la mesure, se sont présentés à l’école comme si de rien n’était. «Nous avons dû renvoyer autour d’une dizaine», fera savoir Jean Pierre Ndagijimana, directeur de l’ISP.
Cet éducateur se dit optimiste quant à la possibilité pour ces élèves, de retourner aux mêmes établissements. Car la présente ordonnance est contradictoire à celle de 2016 qui n’a jamais été abrogée. «Selon cette dernière, la fermeture d’un établissement est conditionnée par un taux de réussite inférieur à 30% sur trois ans consécutifs aux évaluations nationales».
Ainsi, les différents représentants se sont activés pour décrier «une mesure unilatérale et injuste» en faisant des recours. «Nous avons écrit au ministère pour lui expliquer ce caractère contradictoire des deux ordonnances», martèle M. Ndagijimana, avant d’ajouter : «Telle que prévue dans l’ordonnance de 2016, nous sommes en droit de continuer à dispenser les cours. Car nous avions toujours obtenu au moins 50%, ces deux dernières années».
Gilbert Bécaud Njangwa, représentant légal de Sunshine college et du Lycée Africain de Nyakabiga, deux établissements sanctionnés, abonde dans le même sens. D’après lui, en 2016 et 2017, le Lycée Africain avait respectivement obtenu 59% et 51% au concours national. «Si le taux de réussite s’est aujourd’hui réduit à 18%, c’est notamment suite au contexte socio-politique qu’a traversé le Burundi en 2015». Il explique que ses élèves qui ont passé le concours national en 2018 avaient les esprits tendus suite à la crise de 2015. «Ils étaient encore des mineurs en 2015, incapables de supporter les évènements».
Gilbert Bécaud Njangwa confie être en train de rédiger une correspondance visant à demander au ministère de revoir la mesure. Particulièrement pour les établissements situés dans les zones qui ont été les plus touchées par la crise. «Le ministère devrait nous accorder au moins trois ans afin que les esprits de nos élèves redeviennent tranquilles».