Dimanche 01 septembre 2024

Économie

Rentrée scolaire 2024 : l’inflation pèse lourdement sur les budgets familiaux

Rentrée scolaire 2024 : l’inflation pèse lourdement sur les budgets familiaux
À la galerie Le Parisien, les vendeurs confirment la hausse des prix des matériels scolaires

La hausse des prix des fournitures scolaires vient s’ajouter aux nombreuses difficultés économiques que rencontrent les Burundais. Les familles sont accablées et l’avenir de l’éducation est menacé. Face à l’inflation et aux initiatives communautaires, des solutions doivent être trouvées pour alléger ce fardeau.

Ces derniers jours, il s’observe une augmentation des prix du matériel scolaire. Que ce soit les cahiers, les boîtes mathématicales, les stylos, les crayons de couleurs, … aucun de ces articles n’a conservé son prix de 2023. D’autres produits comme les uniformes scolaires ont également connu des augmentations similaires.

Face à cette hausse des prix, certains parents se lamentent. Une mère de famille rencontrée à Gatumba lance un véritable SOS, elle appelle le gouvernement à aider les familles vulnérables car selon elle, avec les inondations qui ont frappé cette zone, la pauvreté s’est installée dans les familles.

« Moi, j’ai cinq enfants et je dois leur acheter des fournitures scolaires. Depuis plusieurs mois, nous vivons dans une tente suite aux inondations. Je me sacrifie déjà pour les nourrir, je ne vois pas comment ils vont retourner à l’école cette année, à moins que des personnes charitables ne m’aident », dit-elle.

Ange, une jeune fille de 13 ans, se demande si elle pourra retourner à l’école sans fournitures scolaires. « Mes parents n’ont pas de moyens. Je suis allée demander les prix pour voir si je pouvais m’acheter quelque chose avec le peu d’argent que j’ai économisé pendant les vacances, mais les prix ont augmenté. Je demande aux bienfaiteurs de nous venir en aide, pour notre zone de Gatumba, mais aussi pour les autres enfants vulnérables ».

Espérance Niyonkuru, une enseignante, souligne que la flambée des prix affecte non seulement les parents, mais aussi les élèves pour la prochaine rentrée scolaire. « C’est un problème pour les parents, car les prix montent, mais nos salaires restent les mêmes depuis des années. Nous nous retrouvons dans l’incapacité de bien nourrir nos enfants et d’assurer leurs déplacements. Cela affecte psychologiquement les enfants. Avec le temps, la vie devient plus difficile, et les prix augmentent », mentionne-t-elle.

Approché, le directeur de l’école fondamentale « La Grâce » affirme que le nombre d’élèves inscrits a diminué cette année et que cette hausse des prix pourrait perturber le bon déroulement des cours.

Les prix des fournitures scolaires

« Les élèves vulnérables se présenteront avec des fournitures scolaires incomplètes à cause de cette hausse des prix. Je crois que cela va perturber les cours, car un élève sera obligé de noter plusieurs matières dans un seul cahier. Que ceux qui ont bon cœur offrent des fournitures scolaires aux enfants vulnérables, cela les aiderait à mieux suivre les cours ».

Selon Joël Niyonzima, un vendeur de matériel scolaire, raconte que cette flambée des prix est compréhensible. « Nos clients se plaignent de la montée des prix des cahiers, mais il faut comprendre que nous aussi, nous les achetons à un prix plus élevé par rapport à l’année dernière. Donc, pour faire un peu de bénéfice, nous devons également augmenter les prix », explique-t-il.

Un grossiste installé à la galerie « Le Parisien » donne l’exemple d’un carton de cahiers fabriqué localement, qui se vend aujourd’hui à plus de 400.000 BIF alors qu’il coûtait 300.000 BIF l’année dernière.

« Il y a eu une hausse des prix pour le dédouanement du matériel scolaire importé. En plus, à l’industrie Pacobu (Paper Converter Burundi), le prix des cahiers a aussi augmenté, même s’il s’agit de fabrications locales. Si les prix augmentent, c’est qu’il y a une raison ».

Face à cette inflation galopante, les parents sont de plus en plus préoccupés, désemparés. Interrogés sur les mesures prises pour atténuer cette hausse, le ministère du Commerce ainsi que l’entreprise PACOBU ont déclaré ne pas être informés d’initiatives concrètes mises en place pour contrer cette tendance cette année.

La société civile inquiète

Pierre Nduwayo, président de l’Association burundaise des consommateurs (ABUCO), tire la sonnette d’alarme. « Cette hausse vertigineuse, qui dépasse les 100 % pour certains articles comme les cahiers, met en difficulté les familles déjà fragilisées par l’érosion du pouvoir d’achat. Il est urgent d’agir au vu des dépenses que la majorité des familles, souvent sans ressources suffisantes, vont devoir affronter ».

Jean Samandari : « Avec cette hausse des fournitures scolaires, les risques d’abandon scolaires sont grands »

Jean Samandari, représentant de la Coalition Éducation pour Tous « Bafashe bige », affirme que les conséquences de la hausse des prix sont terribles. « On a vu que les prix des fournitures scolaires ont doublé. Cela aura bien évidemment des conséquences sur l’éducation en général et particulièrement sur les élèves ».

D’après lui, « les parents auront des difficultés à acheter les fournitures scolaires avec cette pauvreté. On sait qu’il y avait déjà des difficultés les années précédentes, certains élèves abandonnaient même l’école faute de fournitures scolaires, mais avec cette double hausse des prix, la situation va s’empirer ».

Le représentant de la Coalition Éducation pour Tous « Bafashe bige » ajoute que si cette situation de hausse des prix du matériel scolaire persiste, le taux d’abandon scolaire risque d’augmenter.

Il propose plusieurs solutions pour aider les parents à mieux gérer cette situation. Sa première suggestion est d’encourager les familles à acheter les fournitures scolaires de manière progressive tout au long de l’année, au lieu d’attendre les derniers jours avant la rentrée scolaire.

Cela permettrait de répartir les coûts et d’éviter une surcharge financière en une période relativement courte. Il souligne qu’en achetant progressivement, les parents pourraient mieux contrôler leurs dépenses et s’assurer que leurs enfants auront tout le matériel nécessaire à temps.

De plus, il rappelle que chaque année, le gouvernement burundais, en collaboration avec des partenaires tels que l’UNICEF, distribue des kits scolaires aux élèves les plus démunis.

Pierre Nduwayo : « Que le gouvernement intervienne pour réglementer les prix plafonds du matériel scolaire »

Cette initiative permet de distribuer des cahiers et d’autres fournitures essentielles à ceux qui en ont le plus besoin. Pour améliorer cette aide, il suggère que la distribution de ces kits soit anticipée d’une semaine avant la rentrée scolaire, afin que les parents sachent exactement ce qui manque encore et puissent compléter l’achat de matériel pour leurs enfants.

Il met l’accent sur l’importance de la solidarité locale. Il invite la communauté, y compris la diaspora et les organisations de la Société civile, à se mobiliser pour soutenir les enfants les plus vulnérables.

Quant à Pierre Nduwayo de l’ABUCO, il appelle le gouvernement à intervenir pour réglementer les prix plafonds du matériel scolaire et à encourager les entrepreneurs locaux. Il exhorte également les commerçants à faire preuve de patriotisme en s’abstenant de toute spéculation.

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