Deux étudiants africains[[<1>Moctar Dembélé (Burkina Faso) et Gérard Niyondiko (Burundi)]] ont été primés pour avoir mis au point un savon permettant de repousser le parasite à l’origine du paludisme. Peu coûteux et simple à l’utilisation, voilà qui pourrait révolutionner le continent! Rencontre avec Gérard Niyondiko, co-créateur du Faso Soap.
<doc7856|left>Comment est venue l’idée de lutter contre le paludisme ?
Le paludisme est la première cause de mortalité, la première cause des consultations et des hospitalisations en Afrique sub-saharienne dont fait partie aussi le Burundi. Dans nos pays où la majorité de la population vit en dessous du seuil de pauvreté, les moyens de prévention tels que les moustiquaires, les sprays et crème anti-moustiques sont pour la plupart inaccessibles. C’est de là qu’est née l’idée de trouver une solution efficace et accessible à la population pour se protéger contre les piqures de moustiques vecteurs de la maladie. Ainsi nous avons pensé à un savon anti-moustique car on sait que même les populations les plus pauvres utilisent le savon et d’un seul coup ils vont satisfaire leurs besoins hygiéniques et la prévention contre le paludisme.
En fait, le Faso Soap, c’est quoi ?
Faso Soap est une entreprise de production de savon anti-moustique et antibactérien à partir de ressources naturelles locales, efficaces et accessibles à la majorité de la population.
Vous étudiez à Ouagadougou, pourquoi? N’est-il pas possible de suivre ces études-là au Burundi?
Je suis à Ouagadougou pour faire une formation de Master en Environnement à l’Institut International d’Ingénierie de l’Eau et de l’Environnement 2iE. Non seulement est-ce une des grandes écoles de l’Afrique mais les diplômes sont également reconnus en Europe ! Au Burundi, nous n’avons pas encore de formation de troisième cycle surtout dans les domaines des sciences et d’ingénierie.
Quel est votre parcours ?
Je suis né à Buyengero en province Bururi, j’ai fait l’école primaire à Rumonge et le Cycle Inférieure au Lycée Rumonge. Ensuite, pour le cycle supérieur, je suis allé au Lycée Ngagara en scientifique B. Après, je suis entré à l’université du Burundi dans l’Institut de Pédagogie Appliquée (IPA) dans le département de Chimie d’où je suis sorti en 2005. J’ai alors été directement engagé comme professeur de Chimie au Lycée Clarté Notre Dame de Vugizo jusqu’en 2012. Parallèlement, j’ai mené d’autres activités notamment à la société Punch Tropical Beverage de 2007 à 2008 et la société Burundi Quality Services de 2008 à 2010 à temps partiel en tant que responsable technique. Et puis de 2010 à 2011, j’étais professeur vacataire à l’Ecole Belge Burundi.
Vous êtes les premiers non-américains à recevoir ce prix, qu’est-ce
que cela vous fait ?
C’est un sentiment de joie et de fierté pour moi et pour l’Afrique en général. Cela montre aussi qu’en Afrique nous ne sommes pas à la traîne. En outre, cela montre que dans le monde scientifique, on valorise les meilleures idées sans considérer les origines des gens.
A quoi va servir l’argent remporté[[<2>… une récompense de 25 000$]] ?
L’argent reçu est un coup de pouce dans la réalisation de ce projet porteur d’espoirs pour l’avenir de notre continent.
Avant de voir le Faso Soap commercialisé, quelles sont les étapes à
franchir?
Nous devons tout d’abord parfaire notre formation tout en continuant à travailler sur notre projet afin que dès la fin du master, nous puissions démarrer l’entreprise.
Que peut-on vous souhaiter pour l’avenir désormais ?
Voir le projet se réaliser afin que la population africaine puisse avoir un moyen de prévention contre le paludisme plus accessible.