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Remaniement ministériel : vers une nouvelle culture de la gouvernance ?

05/05/2013 Commentaires fermés sur Remaniement ministériel : vers une nouvelle culture de la gouvernance ?

Au-delà de l’effet de surprise créé (et certainement voulu) par le remaniement ministériel, il est permis de rêver (encore une fois) que nous serions entrés dans l’ère de la « redevabilité »…

Ce fut donc une annonce qui a surpris bon nombres d’observateurs de la politique burundaise, ce remaniement étant prédit aux alentours du Congrès du Cndd-Fdd en début 2012. Et du fait même de sa soudaineté, on ne se privera pas de souligner qu’il survient à un moment de fortes tensions à l’interne du parti présidentiel, principalement entre deux courants : celui du président du parti, Jérémie Ngendakumana aux prises avec Gélase Ndabirabe, Secrétaire Général du Cndd-Fdd.

Ce remaniement serait donc une redistribution de cartes qui renforce, c’est du moins ce que l’on puisse penser, Pierre Nkurunziza. Selon plusieurs sources, le départ le plus symbolique du gouvernement, celui du Commissaire de Police Alain Guillaume Bunyoni, l’un des piliers du système, auréolé de la légitimité du maquis (un symbole extrêmement fort) serait dans ce sens. En lui retirant le second Ministère le plus important de l’État, le Président Nkurunziza (et le Conseil des Sages) projetteraient de le placer sur le siège de M. Ngendakumana (lui-même colonel au maquis) lors du Congrès ordinaire de février. Ce qui aurait pour effet de rassurer le tout-puissant courant militaire du parti (les fameux « généraux »), tout en cassant la bipolarisation Jérémie/Gélase au profit d’un troisième homme qui lui serait fidèle.

De causes à effets

Au-delà de ces calculs internes (qu’il conviendrait de continuer à creuser pour en mesurer la portée), intéressons-nous aux premiers signaux de ce remaniement auprès de l’opinion, en revenant sur les deux changements principaux du ministère.

Dans le discours d’annonce du remaniement, le porte-parole du Président soulignait un changement opéré après « évaluation du Cabinet Ministériel »… Seraient-ce donc les effets des « contrats de performance » non honorés (exception faite du changement au ministère de la Solidarité Nationale, des Droits de la Personne Humaine et du Genre motivé par des soucis de santé de Mme Immaculée Nahayo) ?

Car presque tous les ministères touchés par le remaniement présentent des bilans mitigés, pour ne pas dire un fort déficit, à commencer par le … ministère de la Sécurité Publique !

Le Commissaire de police Alain Guillaume Bunyoni avait annoncé, en début d’année, le retour au calme dans six mois… Plus d’histoire de bandits armés et de meurtres à gauche et à droite : la paix attendue n’est malheureusement pas venue, et les criminels continuent de sévir. Pire : des hauts gradés du ministère de la Sécurité Publique se retrouvent [désormais cités dans le carnage de Gatumba->http://www.iwacu-burundi.org/spip.php?article1255], alors que [la « probité » du ministre Bunyoni lui-même est mise à mal avec l’argent donné aux étudiants->http://www.iwacu-burundi.org/spip.php?article1253] lors de la fouille à l’Université du Burundi ( qui aura coûté deux vies humaines à la communauté estudiantine ). Bref, de quoi mettre mal à l’aise les bailleurs de ce ministère largement soutenu par des partenaires européens.
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<doc1914|player|left> Léonidas Hatungimana, porte-parole du Président de la République annonce le remaniement ministériel.
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Juste après vient le ministère des Relations Extérieures, dont le désormais ex-locataire (déposé alors qu’il se trouvait en mission en Irlande) inspirait de plus en plus de l’irritation de la part des partenaires étrangers, notamment occidentaux. Décrit comme « réfractaire au dialogue », M. Augustin Nsanze laisse la place à M. Laurent Kavakure, une figure beaucoup plus consensuelle et certainement plus diplomatique (dans le sens premier et second du terme), fort d’un remarquable succès à Bruxelles.

A l’époque où le Burundi vit d’intenses tractations diplomatiques avec la création de la Commission Vérité et Réconciliation, ainsi que d’âpres négociations pour le financement de la deuxième phase du Cadre Stratégique de Lutte contre la Pauvreté, l’ellipse s’impose, et non un discours dur.
Notamment, M. Kavakure aura fort à faire pour rectifier [la portée de cette déclaration, faite à Téhéran par Augustin Nsanze->http://www.presstv.ir/detail/208809.html] alors qu’il était reçu par le Président Ahmadinejad : «Le monde change et la puissance de l’Europe et des États-Unis décline ». Quelques jours auparavant, le 1er vice-président était en Israël…

En invoquant les contrats de performance dans les raisons qui ont poussé à ce remaniement, le Président de la République aura certainement voulu faire passer un message : ne compte plus seulement le militantisme pour avoir de poste. Il faut, désormais, prouver l’efficacité de son action sur terrain. Ce qui constituerait un changement majeur en matière de gouvernance au Burundi.

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